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2 décembre 2008

L'effacement de soi? vouloir exister

L’effacement de soi, la disparition, l’identité

1 Portrait sur l’identité, et l’être

Tosani

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Évacuant tout aspect documentaire ou illusionniste, Patrick Tosani fabrique des images, tout en laissant transparaître le processus employé, qu’il adapte en fonction de la nature des choses. L’image obtenue n’est que le moyen de questionner, d’analyser et de comprendre l’essence et la complexité du monde qui nous entoure. Le portrait braille n°1 appartient à une série de portraits photographiques flous, projetés sur des pages d’écriture Braille. Associant deux sens, le toucher (l’écriture des non-voyants) et la vue (à travers la représentation photographique), il joue sur leur annulation : la page de Braille n’est qu’une image et perd son caractère haptique ; la représentation – le portrait censé être reconnaissable – est floue, perdant sa fonction première d’identification. L’aveugle ne peut décrypter le Braille sans relief et le spectateur voyant reste dans l’incapacité de lire ce code, aveugle à son tour devant cette image. Le paradoxe que soulève l’artiste à travers cette photographie vient remettre en cause la capacité de la technique à saisir et à dire le réel, révélant ses limites. Si l’homme invente toujours plus d’outils pour mieux communiquer, échanger, il grossit aussi proportionnellement les filtres à travers lesquels il se représente le monde, à défaut de le percevoir tel qu’il est. En photographiant ainsi ce qui ne peut-être vu, en donnant à toucher ce qui ne peut l’être, l’artiste restitue l’image dans son expression la plus simple mais aussi la plus suggestive.

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«Ce que je recherche c'est la justesse dans la lisibilité. Et quand je parle de nécessité photographique, c'est de cela qu'il s'agit : montrer ce que peut la photographie par son réalisme, sa manière frontale de présenter les choses. La question qui se pose après c'est comment s'en écarter. Depuis le début de mes travaux je questionne l'idée du transfert du réel : comment passer d'une donnée si riche en n dimensions (qui inclut celle du temps) à un espace en 2 dimensions, plat, frustrant. Mais cet appauvrissement du réel, cette frustration, sont passionnants car ils obligent à une manipulation mentale, à une conceptualisation.... Mes photos ne disent quasiment rien de l'objet réel. Ce n'est pas mon travail qui est un outil pour l'analyse de l'objet, c'est l'objet qui est un outil pour l'analyse de mon travail.»

Dorothée Smith

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Une posture incertaine, des reliefs de visages asexués disparaissant sous une pâleur brumeuse et un regard impénétrable sont les seuls indices laissés au spectateur pour appréhender ces portraits de sujets nés au coeur des années 80. Enigmatique, cette série participe d’une illustration des questionnements qu’évoque aujourd’hui l’âge de 20 ans.

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L’artiste dans d’autres series contraste portraits et paysages où la question d’etre en rapport au monde est posé. On entre dans une sorte de pensée infinie et inconsciente.

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Emmanuelle Bousquet

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La photographe Emmanuelle Bousquet fait des autoportraits aussi troublants que troublés. Un magnifique travail d’introspection et d’expérience technique de sa représentation. L’histoire de l’image d’une jeune femme ni tout à fait la même  ni tout à fait une autre, mais qui cherche, dans une belle chromie et une mise en scène à la fois violente et intimiste, à imprimer la pellicule des particules d’un être qui sans cesse lui échappe. Abandon, tiraillement, obsession, fuite, catharcie, beauté de la pose ou refus de pose…, malgré le mouvement qui accompagne ce corps imagé et la force évidente qui se dégage de ces photographies, la vraie problématique de ces images reste la question de l’être pris entre les turbulences, les fulgurances et les pauses obligées du temps.

Nicola Vinci

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Cet italien fait des series de photographies qui marchent en duo. Parfois un portrait est assimilé à un objet plus ou moins petit. Cela reflete l’etat d’etre, un vide, une solitude, une crainte, une pensée, un rêve. Le protagoniste est souvent endormi, ou se cache comme dans la serie cache cache.

Bertrand Gadenne

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Les installations que réalise Bertrand Gadenne depuis une dizaine d'années paraissent d'une trèsgrande simplicité : une image projetée sur les murs ou au sol, ou parfois encore dans l'espace où elle semblent flotter.

Ce travail constitue pourtant une proposition radicale et passionnante. Car loin d'être convoqués à un simple spectacle, nous sommes au contraire invités à entrer dans une relation de découverte et d'expectative, parfois, ce sera le corps ou la main du spectateur qui feront littéralement apparaître l'image en coupant le faisceau lumineux à la bonne distance. Parfois, l'image est bien déjà là, mais elle nous invite, par sa nature paradoxale, à méditer sur la matière, sa gravité ou sa légèreté, son apparition ou sa disparition, le rapport entre ombre et lumière, entre l'objet et sa représentation.

A l'école maternelle Paul Meurisse, quartier Banc Vert: chaque soit, un enfant apparaît à la vitre et fait apparaître et disparaître une énorme bulle de savon qui n'éclate jamais

Feuille est un autoportrait caché, masqué, parteillement visible. Le sujet est dénudé et son visage est camouflé par une grande feuille qui semble tenir par miracle en suspension devant sa tête. Pas de trucage numérique, juste assez de concentration pour imaginer que le regard tenace de l'artiste fixant intensément l'élément végétal puisse le maintenir localement, en situation de lévitation.

Sam Taylor-Wood

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Taylor-Wood de travail examine la répartition entre l'être et l'apparence, la plaçant souvent à des sujets humains - soit seuls ou en groupes - dans des situations où la frontière entre intérieur et extérieur sentiment de soi est en conflit.  Sa langueur et de film muet portrait de David Beckham, par exemple, qui a été tourné en une prise, vous offre une alternative à la sérénité la plus intensive photographié célébrité. In Prelude in Air (2006) Taylor-Wood filmed a musician playing a piece of cello music by Bach, but the cello itself has been erased. En prélude à l'air (2006) Taylor-Wood a filmé un musicien de jouer un morceau de musique pour violoncelle de Bach, le violoncelle, mais elle-même a été effacée. Likewise, in Breach (Girl and Eunuch) (2001), a girl is portrayed sitting on the floor in the throes of grief, but the sound of her tears has been removed. De même, dans Breach (et Eunuch Girl) (2001), une jeune fille est représenté assis sur le sol dans les affres de la douleur, mais le bruit de ses larmes a été supprimée. In the celebrated film Still Life (2001), an impossibly beautiful bowl of fruit decays at an accelerated pace, creating a visceral momento mori. Taylor-Wood a également exploré les notions de poids et de la gravité dans l'élégiaque, prêt de photographies et de films tels que le jeudi de l'Ascension (2003) et une série d'auto-portraits (Self Portrait Suspended I - VIII) qui représentent l'artiste flottant à la mi air sans l'aide visible de tout soutien.

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Sam Taylor-Wood fait de photographies et de films qui examinent, à travers des scénarios très chargé, nos conditions sociales et psyschologique

Doug aitken

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. The moment, 2005, dégorge une alternance d’espaces déserts et de portraits déréalisés : personnages évoluant dans un univers familier, allongés dans leur lit, en train de se lever : succession d’images qui se répètent, succession de corps - corps qui se répètent, succession de mouvements - mouvements qui se répètent - qui ôtent tout forme d’humanité. Doug Aitken ne nous raconte pas d’histoires. Il nous montre juste « la perte de l’individualité en créant une série d’identités uniques à partir de l’image de plusieurs personnes » [1] .L’humain n’est pas dans l’image, il regarde l’image. C’est lui qui compte. L’artiste explique [2] que les images renvoient à un « non sujet » : ?

Derrière chaque écran de The moment, un miroir introduisait le spectateur à la salle intermédiaire aux deux espaces précédemment décrits. L’installation No history, 2005, confronte cette fois le spectateur à lui-même. Evoluant à travers un labyrinthe [7] de miroirs, Doug Aitken propose la liberté d’un retour sur soi. La particularité de ce labyrinthe réside dans des rideaux de miroirs hexagonaux mobiles, qui déforment par conséquent les corps de manière subreptice ; sorte de « kaléidoscope mouvant » [8]. On retrouve ici la même idée de « montage » personnel précédemment évoquée.

Sam Samore

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Les protagonistes de Sam Samore envisagés seuls ou en groupe sont représentés d'un point de vue cinématographique: tantôt photographiés en plans rapprochés ou visés par un zoom qui ab-strait des fragments de corps, alors trans-figurés, tantôt saisis en pleine action, essentielle à la narration.

Samore travaille beaucoup le plan rapproché ou le gros plan montrant des mains, des lèvres, des oreilles, des yeux, jouant sur l'indétermination comme celle du genre masculin ou féminin. Quand il choisit de photographier des visages, c'est, selon lui, «pour leur singularité, parce que c'est ce qui permet de les rendre universels». L'universalité en question est d'ordre temporel, elle va dans le sens d'une contemporanéité que Samore différencie de l'actualité. Des photographies nous sont contemporaines parce qu'elles suscitent des discours qui convoquent les théories de l'art, mettent en question la pensée de l'art, interrogent les valeurs esthétiques, éthiques de l'art et l'historicité de ces valeurs.

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«The Suicidist» est, à bien des égards, une étrange série de photographies qui s'éloigne sensiblement des œuvres auxquelles Sam Samore nous avait habitué. La première approche de ces clichés nous plonge dans l'histoire du fait divers, des photographies de Weegee jusqu'aux images marquantes du suicide de Kurt Cobain au début des années 1990.

Ici, la mort volontaire est doublement mise en scène: une première fois par la simulation lorsqu'on se rend compte que ces scènes sont jouées; et une seconde fois lorsqu'on prête attention au décor. L'ironie de ses images réside dans le fait qu'on oublie rapidement le suicidé pour s'arrêter sur l'environnement qui encadre l'action.

La mort et le malaitre d’etre vouloir disparaitre ?

Antoine d’agata

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Stigma

Purgatoire sordide et artificiel, ronde de la chair meurtrie et affamée, promiscuité désespérée de ces nuits vides, constellation d’intimités dévoyées et violentées. Ils ont l’âme et le corps meurtris, habitent les sous-sols claustrophobes de centres commerciaux abandonnés. Par l’aberration et l’excès, ils ont un accès privilégié à la conscience d’être, dans quelque territoire obscur où se décomposent la chair, le verbe et la pensée. Cris aphones, expressions inconscientes du sentiment insupportable de trop exister. Crudité de la condition d’être, fixée dans la matière photographique. Descendez un escalier, puis laisser vous aller à la déambulation, au vagabondage, à travers deux vastes piéces blanches. Antoine d’Agata, vagabond justement, grand voyageur amoureux de la nuit a construit des murs d’images.

Le photographe est parfois présent à l’image, sinon ce sont ses amis ou celles et ceux qu’il rencontre, souvent, les corps sont nus, tendus, parfois on ne devine que des formes aux contours flous, femmes et hommes dans des lits, visages dans l’ombre ou la lumière. Apparitions fantomatiques.

La nuit selon d’Agata semble un temps suspendu ;assemblées en une compilation gigantesque, les photos deviennent provoquent un vertige, elles flottent dans l’espace.La réalité est violente, le sexe n’est pas édulcoré, l’aiguille planté dans le bras est nette, mais ce n’est pas du reportage.

Izima Kaoru

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Photographe de mode de renommée Izima Kaoru collabore avec de célèbres actrices japonaises pour mettre en scène la rappelantcomment les différentes cultures du monde traitent les sujets de la beauté et la mort. Kaoru présente une héroïne qui est parfait dans sa disparition. Pourquoi un cadavre ne serait-il pas beau dit-il ?

José Man Lius
José Man Lius a collaboré à la publication de Bathroom Manners, une histoire photographique et artistique de la salle de bain illustrée par de grands photographes et des jeunes artistes. Ce huis-clos est la chambre d’écho formidable au travail sur l’enfermement.

Le psychodrame est le moteur de ma démarche. Par exemple pour "3.12 AM Paris XVI" et "3.12 AM Paris XI" j’ai présenté la même scène dans deux lieux différents à la même heure. Le décor est le troisième personnage de ces histoires, une “inquiétante étrangeté” imprime cette atmosphère mortifère. La salle de bain est le moteur de ces deux accidents domestiques : une femme s’étrangle avec son collier dans le siphon de la baignoire, un homme meurt dans le rideau de douche qui devient son linceul. On suit ces deux faits divers au fil de l’eau qui s’écoule.

Pol Pierart

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Le mot s'impose petit à petit dans la peinture et les photographies de Pol Pierart. Pour lui, le fait d'écrire ces slogans les rendent deux fois plus forts.
La possibilité d'établir un lien avec le regardeur est aussi une des raisons qui pousse l'artiste à montrer son travail en petit format: il fait référence à la photo de famille, la photo que l'on garde dans son portefeuille, quelque chose d'intime, pas d'imposant. "Mes images sont petites et de ce fait, il faut aller vers elles"..., dit-il. Le noir et blanc, qu'il utilise systématiquement, joue sur le rapport au passé; le cadre noir fait penser aux actes de décès. Tous ces éléments renvoient le spectateur à son propre passé.
Pierart utilise pour ses photographies des objets de la vie quotidienne. Son ours en peluche, son alter-ego, qui nous renvoie à l'enfance, un planisphère, des squelettes et autres têtes de mort. Ses oeuvres sont d'une grande sobriété et vont à l'essentiel, ce qui les rend accessibles; ses peintures sont restreintes à des fonds peints monochromes, où apparaissent uniquement des lettres en majuscules qui viennent former des significations.

2 L’enfermement, l’ettoufement

Jenny saville

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Jenny Saville est une artiste peintre contemporaine anglaise.. Sur ces visages, il nous arrive de lire l’ennui, la tristesse, la provocation, la fierté

Ces modèles ne sont jamais ceux que la société nous prescrit ; ils sont imparfait, parfois hors norme, ils nous ressemblent, nous indiffèrent, nous dégoûtent peut être, nous émeuvent, nous blessent… Il reflète une créature humaine très contemporaine, isolée et en mal d’affection, tourmenté par les obligations corporelles de la société actuelle.. Jenny Saville s’aventure dans l’intime ; sans vraiment devenir exhibitionniste, elle arrive à suggérer les pensées personnelles de ces modèles aux lecteurs/spectateurs qui ressentent les oeuvres plus qu’ils ne les contemplent. Bien sûr, la taille de ses peintures jouent un rôle important : elle nous impressionne

La chair est, opulente et monstrueuse, elle se répand à la manière d’une peinture épaisse que l’on déverserait sur la toile et qui s’étalerait lentement.. La peintre, avec un accent quelque peu féministe, nous montre les contradictions d’une société masculine et iconophile qui adore les formes féminines (les seins, les hanches et les fesses) essentiellement données au corps par l’accumulation graisse, et qui, en même temps, déteste le surplus de matière graisseuse

Bien qu’elle se considère surtout comme peintre, Jenny Saville a réalisé une série photographique, en collaboration avec Glen Luchford, intitulée « Closed Contact ». Totalement nue, l’artiste se fait photographier, le corps écrasé sur un verre comme par un rouleau compresseur. De la même manière que dans ses peintures, le corps est perçu dans toute l’épaisseur de sa chair, ses plis, ses bourrelets, sa lourdeur. Les parties charnues du ventre et des seins s’étalent contre le verre en tranches de chair amorphes, s’exhibant directement à la surface de l’œuvre.

Entre l’esthétique de photographie médico-légale et la performance, cette image de nu féminin, plus morbide qu’érotique livre en pâture le corps de manière si puissante et tactile qu’elle donne une sensation d’étouffement. La présentation de la photographie, montée sur un caisson de plexiglas donne l’impression que le corps est contenu dans une boîte, aspect rappelant les propositions plastiques de Damien Hirst

Samuel Lemonier

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. "Noyade" est une peinture autoportrait. 

Samuel la décrit comme étant un sacrifice de la figure en maltraitant sa physionomie par un procédé de recouvrement qui est à la fois dévoilement d'un geste mais aussi l'expression d'une seconde naissance. "La figure devient le socle, le support d'une seconde peinture, d'une seconde peau." L'actualité de cet artiste fécampois est riche en cette fin de saison. 

Jean christian boucart

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L’absence

Quand je suis rentré à New York fin septembre 2001, les murs de la ville étaient couverts d'affichettes collées par les familles des gens disparus le 11 septembre.

Bientôt les intempéries de l'automne altérèrent les affichettes, maltraitant, effaçant les images; trop parfaite représentation des corps manquants, pulvérisés.

Les portraits

c'est vrai, je suis un vampire visuel, buvant compulsivement l'image des autres, transformant et déformant leur apparence pour les faire vivre dans mes représentations. Mais voler des photos avec un appareil caché ou au contraire, braquer un puissant téléobjectif sur un inconnu, c'est pour moi explorer les rapports photographiques différents qui se jouent entre auteur et sujet.. Le photographe veut créer une certaine image de son modèle tandis que ce dernier essaie de ressembler à une idée qu'il a de lui-même.

À l'heure des Reality Shows on ne peut plus avoir l'innocence des photographes humanistes. On peut avoir de l'ignorance, peut-être, mais il n'y a plus d'innocence à faire ou à regarder des images. Essayez de faire des photographies dans une rame de métro ou dans une aire de jeu avec des enfants. Tout le monde va être mal à l'aise. On va vous trouver suspect, étrange. Mes stratégies sont faites pour retrouver une certaine vérité de la scène enregistrée. Soit cette dernière n’est pas troublée par l’appareil caché soit, au contraire, elle est exacerbée par lui.

Les projections dans lespace

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Les projections sont d’autant plus fortes et insoutenables qu’elles sont faites dans des intérieurs quotidiens, sur des réfrigérateurs, par exemple. Le corps et le geste sont alors mis en relation directe avec l’horreur de l’image projetée.

On pourrait voir un rapport entre la projection et le frigo avec la «boucherie » au sens littéral du terme, et par ailleurs, une évocation du rapport à la consommation des Américains. Il y a quelque chose de l’ordre de la hantise, aussi. J’aime que les différentes couches d’images renvoient à autant de possibilités d’interprétation. Si montrer c’est ordonner, l’ambiguïté de ce qui est montré devrait pointer vers une ouverture du sens.

3 Objets invisible, transparence, être ou pas ?

Francoise petrovitch

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« Ne bouge pas poupée ». A la fois étonnantes et inquiétantes les poupées flottantes soulignent avec pudeur la fragilité de l’enfance et par leur effet miroir, les sentiments enfouis, parfois oubliés, que son évocation provoque en chacun de nous. Une œuvre sensible, à la lisière des possibles du matériau, à la limite du réel, simplement magique.

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Françoise Pétrovitch cherche, sur de grands formats et avec la fluidité du lavis, à saisir la relation du corps au poids du monde. Ce furent d’abord les adolescents avec ses séries Les supporters et Périphéries qui surgirent des formes floues et fondues puis des couples dans une autre série Greffes. Si nous ne voyons jamais leurs visages c’est pour mieux les reconnaître, car ce sont, peut-être, nos proches, nos amis, nos voisins. Les mots, les objets, les animaux, les formes étranges ou inquiétantes qui les accompagnent de façon incongrue bousculent nos habitudes et troublent nos certitudes. Dans les grands lavis de sa dernière série Tenir debout, des pieds qui s’échappent, fuient ou jouent avec des chaussures de femme désignent un sol qui se dérobe, laissant entrevoir des espaces définitivement secrets, forcément dérangeants et fascinants.

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Françoise Pétrovitch peint tout en couleurs des adolescents à l'apparence banalisée, figés comme s'ils posaient devant un appareil photo. Le tee-shirt frappé d'un motif passe-partout, ils composent une galerie stéréotypée, mondialiste, pourrait-on dire, tant ils sont culturellement indifférenciés.

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Françoise Pétrovitch et Hervé Plumet Photographies, 65x65 cm et 65x80 cm éditées à 3 exemplaires, 2005-2006. Entre deux camions, sur la pelouse d'un stade de foot, sur une route départementale, au bord d'une piscine municipale, juste derrière nous, parfois devant, partout, ils sont là, qui nous observent, qui tentent d'exister, mais personne ne semble les voir. Jamais personne ne semble noter leurs présences. A croire qu'ils ne font pas parti du même monde. Pourtant il ne s'agit pas de montage, ces sculptures ont bien étaient photographiées dans leurs espaces, mais au fond, jamais ces deux mondes parallèles ne se sont réunis, sauf dans l'illusion photographique, de la pellicule argentique. Ainsi le décor lui même devient suspect, et si c'était lui, la pièce rapportée, et si c'était nous les observés. Ce sens du déséquilibre, du basculement, souvent présent dans tous les aspects du travail de Françoise Pétrovitch, prend une nouvelle expression dans ces oeuvres photographiques, menées en collaboration avec Hervé Plumet.

Mark Jenkins

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Construit des sculptures de scotch transparents qu’il met en scène dans la rue déstabilisant le spectateur. Transparents ces personnages passent souvent inaperçue. Ils sont confrontés directement à l’espace qui les entoure et sont dans des situations souvent étranges. Par ailleurs, il met en scène aussi des sculptures aussi habillé, aux visages cachés dans des situations d’isolement ou non être qui interpellent celui qui passe.

Lilian Bourgeat

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Depuis plus de dix ans, Lilian Bourgeat réalise des installations composées d’éléments surdimensionnés issus de notre quotidien. Leur étonnant changement d’échelle les prive de leur fonctionnalité originelle et les fait basculer dans un autre univers, celui de l’extra ordinaire. Ces objets manufacturés, usuels et quelconques, en perdant l’insignifiance inhérente à leur statut acquièrent dès lors une autonomie. Le spectateur se retrouve face à des fragments de son univers familier dépossédés de leur caractère rassérénant. Lilian Bourgeat, de manière indirecte ou à l’inverse très directe, en sollicitant l’intervention du public, confronte ce dernier à des expériences singulières, déstabilisantes. L’œuvre de Lilian Bourgeat ne manque évidemment pas d’humour, même s’il peut revêtir parfois un caractère grinçant.

Son œuvre On/Off. Le plasticien a imaginé de suspendre une gigantesque ampoule de 1m50 de diamètre au-dessus de la tête des visiteurs. Elle ne s’allume ou ne s’éteint que grâce à l’action conjuguée des visiteurs sur un énorme interrupteur posé sur le sol. Illustration ludique de l’effet multiplicateur de l’action collective.

Pablo reinoso

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L'artiste réalise, avec le temps, des installations qui se présentent comme des dispositifs plus absolus (Le Cabinet du Dr. Lacan, 1998). Elles questionnent notamment le regard sur soi-même par l'introduction de nouveaux matériaux comme le miroir dans L’Autre c’est moi (1998) ou L'Observé (octobre 2002, Galeries Lafayette, Paris

Habitué des détournements, contournements et autres digressions, l'artiste nous montre que la fonction et la forme ne sont pas choses évidentes.

Ses œuvres dégagent de forts affects humains comme autant d'empreintes d'êtres rendues visibles. Depuis 2002 ses installations révèlent plus que jamais la sensibilité de son travail poussant parfois l'imaginaire insidieusement à la limite du chaos.

Patrick Neu

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Deux armures de cristal grandeur nature gisant au sol et dont les éléments semblent ajointés par des plumes blanches manifestent avec éclat leur qualité d'objets imaginaires puisque leur matériau affirme une contradiction radicale avec la fonction protectrice de cet ancien équipement militaire. Leur transparence au regard s'ajoute au caractère insolite d'une telle métamorphose pour éveiller chez le spectateur une impulsion à vérifier par le toucher la réalité de sa vision. Mais le danger pour l'œuvre d'un tel contact - d'ailleurs traditionnellement interdit dans l'espace artistique – s'impose à l'esprit : il devra alors s'en remettre à la présence délicate, quasi-impalpable de ces plumes blanches qui, en assurant la cohésion entre eux de ces membres, lui confirmeront aussi, par cette étrangeté redoublée, la consistance réelle de cet objet improbable.

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