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Mes références

30 mars 2009

Mes influences cinématographiques en lien avec l'adolescence

LARRY CLARCK   Un de mes réalisateurs préférés

        Après avoir étudié à la Layton School of Art de Milwaukee (Wisconsin), Larry Clark revient en 1963 dans sa ville natale où il se photographie lui et ses amis pendant huit ans. Alors âgé d’une vingtaine d’années, Clark fait état, sans aucune concession, de la dérive d’une certaine jeunesse américaine perdue entre drogue, sexe et violence. Recueillies en un ouvrage intitulé Tulsa, ces photographies sont à la fois un journal intime et un document rare sur l’ennui et la misère de l’Amérique profonde.

Voici des exemples de tulsa ce dessous:


larry clark : tulsa
envoyé par clara-lou

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Mais à ses débuts, Clark photographiait pour ‘s’amuser, s’entrainer’, ne pensant pas ‘faire carrière’. Jusqu’au jour où il prend conscience de la valeur politique de son travail. Largement influencé par les autres ‘tombeurs de tabous’ de l’époque, il décide à son tour de briser le silence, dans une Amérique qui refuse toujours de reconnaître l’existence de la drogue, de l’alcoolisme, de l’inceste et de la violence familiale.

Sur les traces de Bob Dylan, mais aussi sur celle des réalisateurs Lenny Bruce et Gus Van Sant, il dénonce alors l’hypocrisie de l’Amérique profonde des années 70, avec des photos comme celle de ces trois jeunes qui se piquent dans le salon familial, morts de rire, sous un portrait de Jésus.

Par cette valeur informative, ‘Tulsa’ perd donc presque son caractère artistique, pour devenir ce que l’auteur appelle lui-même ‘un document journalistique, une archéologie de l’histoire de l’Amérique’ :  ‘Au nom de quoi on ne pourrait pas tout montrer ?

        " Kids, mon premier film, parlait du monde secret des enfants, ce monde interdit aux parents. "

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Plus d'infos sur ce film sur CineMovies.fr

New-York, un jour de canicule. Telly, un adolescent qui traîne les rues, a pour occupation favorite de dépuceler de très jeunes filles. Il se croit ainsi à l'abri de toute maladie.

Mais Jennie, l'une de ses récentes conquêtes, apprend qu'elle est séropositive. N'ayant jamais connu d'autre garçon que lui, elle se lance à sa recherche.

<<Quand t'es jeune, rien n'importe . Quand tu trouves une chose que t'aimes, c'est tout ce que t'as . Quand tu te couches, tu penses à la chatte . Quand tu te lèves, même chose . C'est toujours là, tu peux pas y échapper . Des fois, quand t'es jeune, le meilleur endroit est à l'intérieur . C'est tout . Baiser, c'est ce que j'adore faire . Si on me retire ça, j'ai plus rien. >>

Bande annonce de Another day in paradise

Le Midwest, aux Etats-Unis, au début des années 70. Bobbie, un adolescent à la dérive, vit de petits larcins. C'est alors qu'il rencontre Mel, truand et dealer charismatique qui le persuade de voir plus grand. Avec Sid, son amie, Rosie, la copine de Bobbie, Mel met au point un gros coup. Ils touchent le gros lot. Mais revendre le butin s'avère plus dangereux que de l'acquérir...

KEN PARCK

Plus d'infos sur ce film ken_park

L'histoire d'un groupe d'adolescents, leur vie et leurs relations avec ou sans leurs parents, à Visalia, un petit village de Californie. Le film s'attarde plus particulièrement sur les aventures de trois d'entre eux, deux garçons et une fille, qui trompent leur ennui dans le sexe, la violence, la haine, l'amour et les dérapages émotionnels qui confinent à la folie.


« Dans Ken Park, nous pénétrons dans l'intimité de quatre familles et cette fois-ci, nous rencontrons les parents. L'histoire se déroule à Visalia, une petite ville de Californie isolée dans les terres entre Los Angeles et Fresno. Le film met en scène la vie de trois jeunes garçons et d'une adolescente, tous amis d'enfance, et de leurs parents. Leurs vies sont présentées sans fard, pour mettre en évidence la montée de la violence, le sexe, la haine, l'amour et les dérapages émotionnels qui confinent à la folie ».

" C'était des histoires que je voulais raconter, toutes basées sur des vraies personnes. Des personnes que j'ai connues, des personnes avec qui j'ai grandi. Des amis à moi. Des choses que j'avais lues et d'autres que j'avais vues. "

" Pourquoi pouvait-on voir certaines choses alors que d'autres devaient être cachées ? Je pense que quand j'ai commencé à faire des images, c'était en grande partie pour combler un vide, parce que si j'avais pu voir ces images ailleurs, je n'aurais pas eu à les faire. '"   Larry Clark

BULLY !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

(celui que je préfère, le premier que j'ai vu de Larry. C)

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Bobby Kent et Marty Puccio, deux ados désoeuvrés d'une petite ville américaine, se connaissent depuis toujours. Bobby est un sadique, un tyran brutal et efficace. Marty est son meilleur ami, son jouet, son punching-ball. Il en a toujours été ainsi entre eux. Ils entraînent à la plage Ali et son amie Lisa. Lorsque Marty prend Lisa sur le siège arrière de la voiture de Bobby, elle lui offre son corps et son coeur.

L'expérience d'Ali est différente. Sur le siège avant, Bobby la ridiculise en la forçant à mettre sa tête dans son entrejambe. Plus tard, Lisa dit à sa mère qu'elle a un nouveau petit copain. Elle est amoureuse. Lorsque Lisa et Marty font l'amour dans la chambre de Bobby, ce dernier entre en trombe et roue de coups de ceinture le corps de Lisa. Marty est habitué à ce genre de traitement. Il encaisse les sévices de Bobby depuis des années. Mais cette fois, c'en est trop. Plus il passe du temps avec Lisa, plus la fidélité de Marty s'émousse. Bobby n'est pas très content. Il sent son pouvoir sur Marty s'effriter...

Bobby se sent menacé. Lisa tombe enceinte. Elle va chez Marty lui annoncer la nouvelle, mais Bobby est là. Marty la tabasse avant de la jeter dehors. En pleurs, elle s'en va, les oreilles pleines des insultes de Bobby. Lisa essaye de pousser Ali dans les bras de Bobby en lui racontant qu'il fait des trucs bizarres qui vont l'exciter un maximum. S'ils se plaisent, peut-être que Bobby laissera Marty et Lisa tranquilles. Mais Ali avait raison dès le début, Bobby n'est pas un mec bien. Leur relation est encore plus violente que la première fois et se termine par un viol brutal. Lisa se tourne vers Marty. Bobby est méchant. Bobby est un violeur. Bobby traite Marty comme un chien. Bobby doit mourir.

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WASSUP ROCKERS

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Pour sortir du quotidien de leur ghetto du centre sud de Los Angeles, un groupe de jeunes mexicanos, fans de culture punk, opte pour aller skater à Beverly Hills.
Là bas, ils se lient à des jeunes filles de familles riches et leur présence détonne très vite dans le paysage local.

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GUS VAN SANT

Je n'ai pas vu tout ces films, je vais présenter les derniers qu'ils a fait et qui évoque l'adolescence.

ELEPHANT

En ce jour d'automne, les lycéens, comme à leur habitude, partagent leur temps entre cours, football, photographie, potins, etc. Pour chacun des élèves, le lycée représente une expérience différente, enrichissante ou amicale pour les uns, traumatisante, solitaire ou difficile pour les autres. Cette journée semble ordinaire, et pourtant le drame couve...

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LAST DAY

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Last days est dédié à la mémoire de Kurt Cobain, et certains éléments font directement référence à l'icône du mouvement grunge : on peut ainsi lire à la fin du film, sur l'écran de télévision, un extrait de la lettre écrite par Cobain avant de se suicider. Cependant, les personnages restent fictifs (le héros s'appelle Blake) et on n'entend pas une seule note de Nirvana dans le film

Blake, artiste replié sur lui-même, fléchit sous le poids de la célébrité, du succès et d'un sentiment d'isolement croissant. Réfugié dans une maison au milieu des bois, il tente d'échapper à sa vie, à son entourage et à ses obligations. Il regarde, écoute, et attend la délivrance.

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PARANOID PARK

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Alex, jeune skateur, tue accidentellement un agent de sécurité tout près du skatepark le plus malfamé de Portland, le Paranoïd Park. Il décide de ne rien dire.

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MILK (que je n'ai pas encore vu)

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Le film retrace les huit dernières années de la vie d'Harvey Milk. Dans les années 70, il fut le premier homme politique américain ouvertement gay à être élu à des fonctions officielles, à San Francisco en Californie. Son combat pour la tolérance et l'intégration des communautés homosexuelles lui coûta la vie. Son action a changé les mentalités, et son engagement a changé l'histoire.

GREGG ARAKI

The doom generation

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Jordan et Amy, un couple d'adolescents, croise la route de Xavier, un homme mi-ange, mi-démon, qui les entraîne dans un cauchemar psychédelique, surréaliste et comique.

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Mysterious skin!!!!

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A huit ans, Brian Lackey se réveille dans la cave de sa maison, le nez en sang, sans aucune idée de ce qui a pu lui arriver. Sa vie change complètement après cet incident : peur du noir, cauchemars, évanouissements...
Dix ans plus tard, il est certain d'avoir été enlevé par des extraterrestres et pense que seul Neil Mc Cormick pourrait avoir la clé de l'énigme. Ce dernier est un outsider à la beauté du diable, une petite frappe dont tout le monde tombe amoureux mais qui ne s'attache à personne.
Il regrette encore la relation qu'il avait établie avec son coach de baseball quand il avait huit ans. Brian tente de retrouver Neil pour dénouer le mystère qui les empêche de vivre.

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SMILEY FACE

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Jane, jeune actrice paresseuse et sans succès, commence sa journée comme tant d'autres : vautrée dans le canapé, devant la télé, un joint à la main. Affamée, elle ne peut s'empêcher d'engloutir les gâteaux que son colocataire psychopathe a laissé traîner, ignorant qu'ils contiennent du cannabis. Comprenant qu'elle a intérêt à les remplacer au plus vite, là voila partie pour un périple complètement surréaliste et enfumé. Parviendra t-elle à passer son casting, rembourser son dealer et remplacer les fameuses patisseries !?

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QUENTIN TARANTINO

(ne fait pas particulièrement des films sur les ados mais heureusement je n'aime pasque ça...)

PULP FICTION

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L'odyssée sanglante et burlesque de petits malfrats dans la jungle de Hollywood à travers trois histoires qui s'entremêlent.

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RESERVOIR DOG

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Après un hold-up manqué, des cambrioleurs de haut vol font leurs comptes dans une confrontation violente, pour découvrir lequel d'entre eux les a trahis.

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LES KILL BILL

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Au cours d'une cérémonie de mariage en plein désert, un commando fait irruption dans la chapelle et tire sur les convives. Laissée pour morte, la Mariée enceinte retrouve ses esprits après un coma de quatre ans.
Celle qui a auparavant exercé les fonctions de tueuse à gages au sein du Détachement International des Vipères Assassines n'a alors plus qu'une seule idée en tête : venger la mort de ses proches en éliminant tous les membres de l'organisation criminelle, dont leur chef Bill qu'elle se réserve pour la fin.

SIN CITY

en collaboration avec ROBERT RODRIGUEZ, l'image noir et blanc couleur ajoute une qualité esthetique au film

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Sin City est une ville infestée de criminels, de flics ripoux et de femmes fatales.
Hartigan s'est juré de protéger Nancy, une strip-teaseuse qui l'a fait craquer.
Marv, un marginal brutal mais philosophe, part en mission pour venger la mort de son unique véritable amour, Goldie.
Dwight est l'amant secret de Shellie. Il passe ses nuits à protéger Gail et les filles des bas quartiers de Jackie Boy, un flic pourri, violent et incontrôlable.
Certains ont soif de vengeance, d'autres recherchent leur salut. Bienvenue à Sin City, la ville du vice et du péché.

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BOULEVARD DE LA MORT !!!!!(mon préféré avec pulp fiction)

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Un hommage vibrant au cinéma bis...

Afin de rendre hommage aux films de séries B qui les ont bercés, les réalisateurs Quentin Tarantino et Robert Rodriguez ont décidé, à l'origine, de tourner Grindhouse, un double-programme identique à ceux diffusés dans le cadre des systèmes d'exploitation Grindhouse (ces salles de cinéma qui projetaient des doubles programmes déjantés, mêlant violence et érotisme, entrecoupés de bandes annonces).

... avec une double exploitation

Le concept du double-programme avec fausses bandes annonces en guise d'entracte, parfaitement en phase avec le système d'exploitation Grindhouse, fut jugé inhabituel pour les pays européens par la production du film et ne passa pas les frontières américaines. Les frêres Weinstein, producteurs du projet, décidèrent ainsi que le film serait coupé en deux pour tous les pays non-anglophones.

synopsis

    C'est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d'Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce TRIO INFERNAL, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l'attention dont ces trois jeunes femmes sont l'objet n'est pas forcément innocente.
C'est ainsi que Mike, cascadeur au visage balafré et inquiétant, est sur leurs traces, tapi dans sa voiture indestructible. Tandis que Julia et ses copines sirotent leurs bières, Mike fait vrombir le moteur de son bolide menacant...

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PLANETE TERREUR (R.RODRIGUEZ)

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Dans une petite ville, William et Dakota Block, un couple de médecins, constatent que leurs patients sont soudain frappés par la gangrène et affectés par un regard vide et inquiétant...
De son côté, Cherry, go-go danseuse, s'est fait arracher la jambe lors d'une attaque. Wray, son ex-petit copain, veille sur elle. Mais Cherry a beau être au plus mal, elle n'a pas dit son dernier mot.
Tandis que les malades se multiplient et deviennent des agresseurs enragés, Cherry et Wray prennent la tête d'une armée destinée à empêcher l'épidémie de se propager. Si des millions d'individus sont contaminés et beaucoup succombent, une poignée d'entre eux se battront
jusqu'au bout pour se réfugier dans un lieu sûr...

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ASIA ARGENTO

LE LIVRE DE JEREMIE

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Le Livre de Jérémie, second long-métrage d'Asia Argento en tant que réalisatrice, est l'adaptation du roman autobiographique de J.T. Leroy.

Si pour l'entourage de J.T. Leroy, l'accent italien d'Asia Argento -qui interprète le rôle de Sarah- risquait de poser problème, l'auteur ne jugea pas pour sa part que cet aspect était déterminant: "Ils ne comprennent pas que la famille était allemande et qu'ils parlaient allemand ou anglais avec un très fort accent allemand. Alors, qu'est-ce que ça change si c'est un accent italien ?

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L'histoire d'une enfance déchirée, vue par les yeux d'un petit garçon, Jérémie, et de sa mère, Sarah, jeune femme impulsive, insatiable et profondément perdue qui se prostitue pour des routiers sur des aires d'autoroute dans le sud des Etats-Unis.

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INNOCENCE de LUCILE HADZIHALILOVIC

Quelque part, dans une forêt, une école. Là, isolées du monde, de très jeunes filles apprennent la danse et les sciences naturelles...

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Innocence est adapté d'une nouvelle du dramaturge allemand Frank Wedekind intitulée Mine-Haha, ou l'éducation corporelle des jeunes filles. Ecrite en 1888, l'intrigue a été transposée dans les années soixante.
La réalisatrice se souvient : "Ce qui m'a plu avant tout dans la nouvelle, c'est le dispositif : un lieu clos dans lequel vivent en autarcie des fillettes, les plus grandes prenant en charge les plus petites, l'importance de la danse et des exercices physiques ainsi que la relation primordiale à la nature."

Cécile Shiamma

Naissance des pieuvres

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L'été quand on a 15 ans. Rien à faire si ce n'est regarder le plafond. Elles sont trois : Marie, Anne, Floriane. Dans le secret des vestiaires leurs destins se croisent et le désir surgit. Si les premières fois sont inoubliables c'est parce qu'elles n'ont pas de lois.

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2 décembre 2008

L'effacement de soi? vouloir exister

L’effacement de soi, la disparition, l’identité

1 Portrait sur l’identité, et l’être

Tosani

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Évacuant tout aspect documentaire ou illusionniste, Patrick Tosani fabrique des images, tout en laissant transparaître le processus employé, qu’il adapte en fonction de la nature des choses. L’image obtenue n’est que le moyen de questionner, d’analyser et de comprendre l’essence et la complexité du monde qui nous entoure. Le portrait braille n°1 appartient à une série de portraits photographiques flous, projetés sur des pages d’écriture Braille. Associant deux sens, le toucher (l’écriture des non-voyants) et la vue (à travers la représentation photographique), il joue sur leur annulation : la page de Braille n’est qu’une image et perd son caractère haptique ; la représentation – le portrait censé être reconnaissable – est floue, perdant sa fonction première d’identification. L’aveugle ne peut décrypter le Braille sans relief et le spectateur voyant reste dans l’incapacité de lire ce code, aveugle à son tour devant cette image. Le paradoxe que soulève l’artiste à travers cette photographie vient remettre en cause la capacité de la technique à saisir et à dire le réel, révélant ses limites. Si l’homme invente toujours plus d’outils pour mieux communiquer, échanger, il grossit aussi proportionnellement les filtres à travers lesquels il se représente le monde, à défaut de le percevoir tel qu’il est. En photographiant ainsi ce qui ne peut-être vu, en donnant à toucher ce qui ne peut l’être, l’artiste restitue l’image dans son expression la plus simple mais aussi la plus suggestive.

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«Ce que je recherche c'est la justesse dans la lisibilité. Et quand je parle de nécessité photographique, c'est de cela qu'il s'agit : montrer ce que peut la photographie par son réalisme, sa manière frontale de présenter les choses. La question qui se pose après c'est comment s'en écarter. Depuis le début de mes travaux je questionne l'idée du transfert du réel : comment passer d'une donnée si riche en n dimensions (qui inclut celle du temps) à un espace en 2 dimensions, plat, frustrant. Mais cet appauvrissement du réel, cette frustration, sont passionnants car ils obligent à une manipulation mentale, à une conceptualisation.... Mes photos ne disent quasiment rien de l'objet réel. Ce n'est pas mon travail qui est un outil pour l'analyse de l'objet, c'est l'objet qui est un outil pour l'analyse de mon travail.»

Dorothée Smith

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Une posture incertaine, des reliefs de visages asexués disparaissant sous une pâleur brumeuse et un regard impénétrable sont les seuls indices laissés au spectateur pour appréhender ces portraits de sujets nés au coeur des années 80. Enigmatique, cette série participe d’une illustration des questionnements qu’évoque aujourd’hui l’âge de 20 ans.

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L’artiste dans d’autres series contraste portraits et paysages où la question d’etre en rapport au monde est posé. On entre dans une sorte de pensée infinie et inconsciente.

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Emmanuelle Bousquet

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La photographe Emmanuelle Bousquet fait des autoportraits aussi troublants que troublés. Un magnifique travail d’introspection et d’expérience technique de sa représentation. L’histoire de l’image d’une jeune femme ni tout à fait la même  ni tout à fait une autre, mais qui cherche, dans une belle chromie et une mise en scène à la fois violente et intimiste, à imprimer la pellicule des particules d’un être qui sans cesse lui échappe. Abandon, tiraillement, obsession, fuite, catharcie, beauté de la pose ou refus de pose…, malgré le mouvement qui accompagne ce corps imagé et la force évidente qui se dégage de ces photographies, la vraie problématique de ces images reste la question de l’être pris entre les turbulences, les fulgurances et les pauses obligées du temps.

Nicola Vinci

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Cet italien fait des series de photographies qui marchent en duo. Parfois un portrait est assimilé à un objet plus ou moins petit. Cela reflete l’etat d’etre, un vide, une solitude, une crainte, une pensée, un rêve. Le protagoniste est souvent endormi, ou se cache comme dans la serie cache cache.

Bertrand Gadenne

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Les installations que réalise Bertrand Gadenne depuis une dizaine d'années paraissent d'une trèsgrande simplicité : une image projetée sur les murs ou au sol, ou parfois encore dans l'espace où elle semblent flotter.

Ce travail constitue pourtant une proposition radicale et passionnante. Car loin d'être convoqués à un simple spectacle, nous sommes au contraire invités à entrer dans une relation de découverte et d'expectative, parfois, ce sera le corps ou la main du spectateur qui feront littéralement apparaître l'image en coupant le faisceau lumineux à la bonne distance. Parfois, l'image est bien déjà là, mais elle nous invite, par sa nature paradoxale, à méditer sur la matière, sa gravité ou sa légèreté, son apparition ou sa disparition, le rapport entre ombre et lumière, entre l'objet et sa représentation.

A l'école maternelle Paul Meurisse, quartier Banc Vert: chaque soit, un enfant apparaît à la vitre et fait apparaître et disparaître une énorme bulle de savon qui n'éclate jamais

Feuille est un autoportrait caché, masqué, parteillement visible. Le sujet est dénudé et son visage est camouflé par une grande feuille qui semble tenir par miracle en suspension devant sa tête. Pas de trucage numérique, juste assez de concentration pour imaginer que le regard tenace de l'artiste fixant intensément l'élément végétal puisse le maintenir localement, en situation de lévitation.

Sam Taylor-Wood

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Taylor-Wood de travail examine la répartition entre l'être et l'apparence, la plaçant souvent à des sujets humains - soit seuls ou en groupes - dans des situations où la frontière entre intérieur et extérieur sentiment de soi est en conflit.  Sa langueur et de film muet portrait de David Beckham, par exemple, qui a été tourné en une prise, vous offre une alternative à la sérénité la plus intensive photographié célébrité. In Prelude in Air (2006) Taylor-Wood filmed a musician playing a piece of cello music by Bach, but the cello itself has been erased. En prélude à l'air (2006) Taylor-Wood a filmé un musicien de jouer un morceau de musique pour violoncelle de Bach, le violoncelle, mais elle-même a été effacée. Likewise, in Breach (Girl and Eunuch) (2001), a girl is portrayed sitting on the floor in the throes of grief, but the sound of her tears has been removed. De même, dans Breach (et Eunuch Girl) (2001), une jeune fille est représenté assis sur le sol dans les affres de la douleur, mais le bruit de ses larmes a été supprimée. In the celebrated film Still Life (2001), an impossibly beautiful bowl of fruit decays at an accelerated pace, creating a visceral momento mori. Taylor-Wood a également exploré les notions de poids et de la gravité dans l'élégiaque, prêt de photographies et de films tels que le jeudi de l'Ascension (2003) et une série d'auto-portraits (Self Portrait Suspended I - VIII) qui représentent l'artiste flottant à la mi air sans l'aide visible de tout soutien.

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Sam Taylor-Wood fait de photographies et de films qui examinent, à travers des scénarios très chargé, nos conditions sociales et psyschologique

Doug aitken

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. The moment, 2005, dégorge une alternance d’espaces déserts et de portraits déréalisés : personnages évoluant dans un univers familier, allongés dans leur lit, en train de se lever : succession d’images qui se répètent, succession de corps - corps qui se répètent, succession de mouvements - mouvements qui se répètent - qui ôtent tout forme d’humanité. Doug Aitken ne nous raconte pas d’histoires. Il nous montre juste « la perte de l’individualité en créant une série d’identités uniques à partir de l’image de plusieurs personnes » [1] .L’humain n’est pas dans l’image, il regarde l’image. C’est lui qui compte. L’artiste explique [2] que les images renvoient à un « non sujet » : ?

Derrière chaque écran de The moment, un miroir introduisait le spectateur à la salle intermédiaire aux deux espaces précédemment décrits. L’installation No history, 2005, confronte cette fois le spectateur à lui-même. Evoluant à travers un labyrinthe [7] de miroirs, Doug Aitken propose la liberté d’un retour sur soi. La particularité de ce labyrinthe réside dans des rideaux de miroirs hexagonaux mobiles, qui déforment par conséquent les corps de manière subreptice ; sorte de « kaléidoscope mouvant » [8]. On retrouve ici la même idée de « montage » personnel précédemment évoquée.

Sam Samore

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Les protagonistes de Sam Samore envisagés seuls ou en groupe sont représentés d'un point de vue cinématographique: tantôt photographiés en plans rapprochés ou visés par un zoom qui ab-strait des fragments de corps, alors trans-figurés, tantôt saisis en pleine action, essentielle à la narration.

Samore travaille beaucoup le plan rapproché ou le gros plan montrant des mains, des lèvres, des oreilles, des yeux, jouant sur l'indétermination comme celle du genre masculin ou féminin. Quand il choisit de photographier des visages, c'est, selon lui, «pour leur singularité, parce que c'est ce qui permet de les rendre universels». L'universalité en question est d'ordre temporel, elle va dans le sens d'une contemporanéité que Samore différencie de l'actualité. Des photographies nous sont contemporaines parce qu'elles suscitent des discours qui convoquent les théories de l'art, mettent en question la pensée de l'art, interrogent les valeurs esthétiques, éthiques de l'art et l'historicité de ces valeurs.

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«The Suicidist» est, à bien des égards, une étrange série de photographies qui s'éloigne sensiblement des œuvres auxquelles Sam Samore nous avait habitué. La première approche de ces clichés nous plonge dans l'histoire du fait divers, des photographies de Weegee jusqu'aux images marquantes du suicide de Kurt Cobain au début des années 1990.

Ici, la mort volontaire est doublement mise en scène: une première fois par la simulation lorsqu'on se rend compte que ces scènes sont jouées; et une seconde fois lorsqu'on prête attention au décor. L'ironie de ses images réside dans le fait qu'on oublie rapidement le suicidé pour s'arrêter sur l'environnement qui encadre l'action.

La mort et le malaitre d’etre vouloir disparaitre ?

Antoine d’agata

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Stigma

Purgatoire sordide et artificiel, ronde de la chair meurtrie et affamée, promiscuité désespérée de ces nuits vides, constellation d’intimités dévoyées et violentées. Ils ont l’âme et le corps meurtris, habitent les sous-sols claustrophobes de centres commerciaux abandonnés. Par l’aberration et l’excès, ils ont un accès privilégié à la conscience d’être, dans quelque territoire obscur où se décomposent la chair, le verbe et la pensée. Cris aphones, expressions inconscientes du sentiment insupportable de trop exister. Crudité de la condition d’être, fixée dans la matière photographique. Descendez un escalier, puis laisser vous aller à la déambulation, au vagabondage, à travers deux vastes piéces blanches. Antoine d’Agata, vagabond justement, grand voyageur amoureux de la nuit a construit des murs d’images.

Le photographe est parfois présent à l’image, sinon ce sont ses amis ou celles et ceux qu’il rencontre, souvent, les corps sont nus, tendus, parfois on ne devine que des formes aux contours flous, femmes et hommes dans des lits, visages dans l’ombre ou la lumière. Apparitions fantomatiques.

La nuit selon d’Agata semble un temps suspendu ;assemblées en une compilation gigantesque, les photos deviennent provoquent un vertige, elles flottent dans l’espace.La réalité est violente, le sexe n’est pas édulcoré, l’aiguille planté dans le bras est nette, mais ce n’est pas du reportage.

Izima Kaoru

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Photographe de mode de renommée Izima Kaoru collabore avec de célèbres actrices japonaises pour mettre en scène la rappelantcomment les différentes cultures du monde traitent les sujets de la beauté et la mort. Kaoru présente une héroïne qui est parfait dans sa disparition. Pourquoi un cadavre ne serait-il pas beau dit-il ?

José Man Lius
José Man Lius a collaboré à la publication de Bathroom Manners, une histoire photographique et artistique de la salle de bain illustrée par de grands photographes et des jeunes artistes. Ce huis-clos est la chambre d’écho formidable au travail sur l’enfermement.

Le psychodrame est le moteur de ma démarche. Par exemple pour "3.12 AM Paris XVI" et "3.12 AM Paris XI" j’ai présenté la même scène dans deux lieux différents à la même heure. Le décor est le troisième personnage de ces histoires, une “inquiétante étrangeté” imprime cette atmosphère mortifère. La salle de bain est le moteur de ces deux accidents domestiques : une femme s’étrangle avec son collier dans le siphon de la baignoire, un homme meurt dans le rideau de douche qui devient son linceul. On suit ces deux faits divers au fil de l’eau qui s’écoule.

Pol Pierart

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Le mot s'impose petit à petit dans la peinture et les photographies de Pol Pierart. Pour lui, le fait d'écrire ces slogans les rendent deux fois plus forts.
La possibilité d'établir un lien avec le regardeur est aussi une des raisons qui pousse l'artiste à montrer son travail en petit format: il fait référence à la photo de famille, la photo que l'on garde dans son portefeuille, quelque chose d'intime, pas d'imposant. "Mes images sont petites et de ce fait, il faut aller vers elles"..., dit-il. Le noir et blanc, qu'il utilise systématiquement, joue sur le rapport au passé; le cadre noir fait penser aux actes de décès. Tous ces éléments renvoient le spectateur à son propre passé.
Pierart utilise pour ses photographies des objets de la vie quotidienne. Son ours en peluche, son alter-ego, qui nous renvoie à l'enfance, un planisphère, des squelettes et autres têtes de mort. Ses oeuvres sont d'une grande sobriété et vont à l'essentiel, ce qui les rend accessibles; ses peintures sont restreintes à des fonds peints monochromes, où apparaissent uniquement des lettres en majuscules qui viennent former des significations.

2 L’enfermement, l’ettoufement

Jenny saville

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Jenny Saville est une artiste peintre contemporaine anglaise.. Sur ces visages, il nous arrive de lire l’ennui, la tristesse, la provocation, la fierté

Ces modèles ne sont jamais ceux que la société nous prescrit ; ils sont imparfait, parfois hors norme, ils nous ressemblent, nous indiffèrent, nous dégoûtent peut être, nous émeuvent, nous blessent… Il reflète une créature humaine très contemporaine, isolée et en mal d’affection, tourmenté par les obligations corporelles de la société actuelle.. Jenny Saville s’aventure dans l’intime ; sans vraiment devenir exhibitionniste, elle arrive à suggérer les pensées personnelles de ces modèles aux lecteurs/spectateurs qui ressentent les oeuvres plus qu’ils ne les contemplent. Bien sûr, la taille de ses peintures jouent un rôle important : elle nous impressionne

La chair est, opulente et monstrueuse, elle se répand à la manière d’une peinture épaisse que l’on déverserait sur la toile et qui s’étalerait lentement.. La peintre, avec un accent quelque peu féministe, nous montre les contradictions d’une société masculine et iconophile qui adore les formes féminines (les seins, les hanches et les fesses) essentiellement données au corps par l’accumulation graisse, et qui, en même temps, déteste le surplus de matière graisseuse

Bien qu’elle se considère surtout comme peintre, Jenny Saville a réalisé une série photographique, en collaboration avec Glen Luchford, intitulée « Closed Contact ». Totalement nue, l’artiste se fait photographier, le corps écrasé sur un verre comme par un rouleau compresseur. De la même manière que dans ses peintures, le corps est perçu dans toute l’épaisseur de sa chair, ses plis, ses bourrelets, sa lourdeur. Les parties charnues du ventre et des seins s’étalent contre le verre en tranches de chair amorphes, s’exhibant directement à la surface de l’œuvre.

Entre l’esthétique de photographie médico-légale et la performance, cette image de nu féminin, plus morbide qu’érotique livre en pâture le corps de manière si puissante et tactile qu’elle donne une sensation d’étouffement. La présentation de la photographie, montée sur un caisson de plexiglas donne l’impression que le corps est contenu dans une boîte, aspect rappelant les propositions plastiques de Damien Hirst

Samuel Lemonier

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. "Noyade" est une peinture autoportrait. 

Samuel la décrit comme étant un sacrifice de la figure en maltraitant sa physionomie par un procédé de recouvrement qui est à la fois dévoilement d'un geste mais aussi l'expression d'une seconde naissance. "La figure devient le socle, le support d'une seconde peinture, d'une seconde peau." L'actualité de cet artiste fécampois est riche en cette fin de saison. 

Jean christian boucart

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L’absence

Quand je suis rentré à New York fin septembre 2001, les murs de la ville étaient couverts d'affichettes collées par les familles des gens disparus le 11 septembre.

Bientôt les intempéries de l'automne altérèrent les affichettes, maltraitant, effaçant les images; trop parfaite représentation des corps manquants, pulvérisés.

Les portraits

c'est vrai, je suis un vampire visuel, buvant compulsivement l'image des autres, transformant et déformant leur apparence pour les faire vivre dans mes représentations. Mais voler des photos avec un appareil caché ou au contraire, braquer un puissant téléobjectif sur un inconnu, c'est pour moi explorer les rapports photographiques différents qui se jouent entre auteur et sujet.. Le photographe veut créer une certaine image de son modèle tandis que ce dernier essaie de ressembler à une idée qu'il a de lui-même.

À l'heure des Reality Shows on ne peut plus avoir l'innocence des photographes humanistes. On peut avoir de l'ignorance, peut-être, mais il n'y a plus d'innocence à faire ou à regarder des images. Essayez de faire des photographies dans une rame de métro ou dans une aire de jeu avec des enfants. Tout le monde va être mal à l'aise. On va vous trouver suspect, étrange. Mes stratégies sont faites pour retrouver une certaine vérité de la scène enregistrée. Soit cette dernière n’est pas troublée par l’appareil caché soit, au contraire, elle est exacerbée par lui.

Les projections dans lespace

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Les projections sont d’autant plus fortes et insoutenables qu’elles sont faites dans des intérieurs quotidiens, sur des réfrigérateurs, par exemple. Le corps et le geste sont alors mis en relation directe avec l’horreur de l’image projetée.

On pourrait voir un rapport entre la projection et le frigo avec la «boucherie » au sens littéral du terme, et par ailleurs, une évocation du rapport à la consommation des Américains. Il y a quelque chose de l’ordre de la hantise, aussi. J’aime que les différentes couches d’images renvoient à autant de possibilités d’interprétation. Si montrer c’est ordonner, l’ambiguïté de ce qui est montré devrait pointer vers une ouverture du sens.

3 Objets invisible, transparence, être ou pas ?

Francoise petrovitch

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« Ne bouge pas poupée ». A la fois étonnantes et inquiétantes les poupées flottantes soulignent avec pudeur la fragilité de l’enfance et par leur effet miroir, les sentiments enfouis, parfois oubliés, que son évocation provoque en chacun de nous. Une œuvre sensible, à la lisière des possibles du matériau, à la limite du réel, simplement magique.

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Françoise Pétrovitch cherche, sur de grands formats et avec la fluidité du lavis, à saisir la relation du corps au poids du monde. Ce furent d’abord les adolescents avec ses séries Les supporters et Périphéries qui surgirent des formes floues et fondues puis des couples dans une autre série Greffes. Si nous ne voyons jamais leurs visages c’est pour mieux les reconnaître, car ce sont, peut-être, nos proches, nos amis, nos voisins. Les mots, les objets, les animaux, les formes étranges ou inquiétantes qui les accompagnent de façon incongrue bousculent nos habitudes et troublent nos certitudes. Dans les grands lavis de sa dernière série Tenir debout, des pieds qui s’échappent, fuient ou jouent avec des chaussures de femme désignent un sol qui se dérobe, laissant entrevoir des espaces définitivement secrets, forcément dérangeants et fascinants.

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Françoise Pétrovitch peint tout en couleurs des adolescents à l'apparence banalisée, figés comme s'ils posaient devant un appareil photo. Le tee-shirt frappé d'un motif passe-partout, ils composent une galerie stéréotypée, mondialiste, pourrait-on dire, tant ils sont culturellement indifférenciés.

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Françoise Pétrovitch et Hervé Plumet Photographies, 65x65 cm et 65x80 cm éditées à 3 exemplaires, 2005-2006. Entre deux camions, sur la pelouse d'un stade de foot, sur une route départementale, au bord d'une piscine municipale, juste derrière nous, parfois devant, partout, ils sont là, qui nous observent, qui tentent d'exister, mais personne ne semble les voir. Jamais personne ne semble noter leurs présences. A croire qu'ils ne font pas parti du même monde. Pourtant il ne s'agit pas de montage, ces sculptures ont bien étaient photographiées dans leurs espaces, mais au fond, jamais ces deux mondes parallèles ne se sont réunis, sauf dans l'illusion photographique, de la pellicule argentique. Ainsi le décor lui même devient suspect, et si c'était lui, la pièce rapportée, et si c'était nous les observés. Ce sens du déséquilibre, du basculement, souvent présent dans tous les aspects du travail de Françoise Pétrovitch, prend une nouvelle expression dans ces oeuvres photographiques, menées en collaboration avec Hervé Plumet.

Mark Jenkins

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Construit des sculptures de scotch transparents qu’il met en scène dans la rue déstabilisant le spectateur. Transparents ces personnages passent souvent inaperçue. Ils sont confrontés directement à l’espace qui les entoure et sont dans des situations souvent étranges. Par ailleurs, il met en scène aussi des sculptures aussi habillé, aux visages cachés dans des situations d’isolement ou non être qui interpellent celui qui passe.

Lilian Bourgeat

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Depuis plus de dix ans, Lilian Bourgeat réalise des installations composées d’éléments surdimensionnés issus de notre quotidien. Leur étonnant changement d’échelle les prive de leur fonctionnalité originelle et les fait basculer dans un autre univers, celui de l’extra ordinaire. Ces objets manufacturés, usuels et quelconques, en perdant l’insignifiance inhérente à leur statut acquièrent dès lors une autonomie. Le spectateur se retrouve face à des fragments de son univers familier dépossédés de leur caractère rassérénant. Lilian Bourgeat, de manière indirecte ou à l’inverse très directe, en sollicitant l’intervention du public, confronte ce dernier à des expériences singulières, déstabilisantes. L’œuvre de Lilian Bourgeat ne manque évidemment pas d’humour, même s’il peut revêtir parfois un caractère grinçant.

Son œuvre On/Off. Le plasticien a imaginé de suspendre une gigantesque ampoule de 1m50 de diamètre au-dessus de la tête des visiteurs. Elle ne s’allume ou ne s’éteint que grâce à l’action conjuguée des visiteurs sur un énorme interrupteur posé sur le sol. Illustration ludique de l’effet multiplicateur de l’action collective.

Pablo reinoso

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L'artiste réalise, avec le temps, des installations qui se présentent comme des dispositifs plus absolus (Le Cabinet du Dr. Lacan, 1998). Elles questionnent notamment le regard sur soi-même par l'introduction de nouveaux matériaux comme le miroir dans L’Autre c’est moi (1998) ou L'Observé (octobre 2002, Galeries Lafayette, Paris

Habitué des détournements, contournements et autres digressions, l'artiste nous montre que la fonction et la forme ne sont pas choses évidentes.

Ses œuvres dégagent de forts affects humains comme autant d'empreintes d'êtres rendues visibles. Depuis 2002 ses installations révèlent plus que jamais la sensibilité de son travail poussant parfois l'imaginaire insidieusement à la limite du chaos.

Patrick Neu

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Deux armures de cristal grandeur nature gisant au sol et dont les éléments semblent ajointés par des plumes blanches manifestent avec éclat leur qualité d'objets imaginaires puisque leur matériau affirme une contradiction radicale avec la fonction protectrice de cet ancien équipement militaire. Leur transparence au regard s'ajoute au caractère insolite d'une telle métamorphose pour éveiller chez le spectateur une impulsion à vérifier par le toucher la réalité de sa vision. Mais le danger pour l'œuvre d'un tel contact - d'ailleurs traditionnellement interdit dans l'espace artistique – s'impose à l'esprit : il devra alors s'en remettre à la présence délicate, quasi-impalpable de ces plumes blanches qui, en assurant la cohésion entre eux de ces membres, lui confirmeront aussi, par cette étrangeté redoublée, la consistance réelle de cet objet improbable.

2 mai 2008

La photographie contemporaine

« Sur la photographie contemporaine » Marc Tamiser

Introduction :

   Le philosophe Marc Tamisier apporte une thèse « sur la photographie contemporaine ». En effet, quels sont les problèmes posés par l’arrivé du numérique et comment ils recréaient une forme de réalisme. IL évite toutefois l’opposition directe de l’argentique-numérique. Il montre le cheminement de la disparition du photographique, a l’effacement des frontières du visible. Il part de l’exemple de Keith Cottingham, ajoutant Orlan, Nicole Tran Ba Vang, évoquant clairement la mutation du corps et de l’identité pour ensuite passer au travail de Patrick Tosani et Thomas Struth qui font la différence entre le corps photographié et l’objet photo qui va devenir insignifiant et plus que le dépassement des limites du visibles et une vision devenu normalisé en concluant avec des artistes comme sophie Ristelhueber

I La mutation du photographique

Le philosophe commence sa thèse en évoquant l’arrivée du numérique reposant les questions sur  la temporalité et la réalité. On aurait tendance à penser que le nouveau va remplacer l’ancien cependant ce qui pose problème c’est la vision nouvelle que ce médium apporte. Avec l’argentique il y a un trait temporel qui donnent aux photographies leur graphie spécifique. Tous les ponts de l’image, ses grains, la définissent selon leurs proximités et leurs écarts, et ne peuvent être considérés les uns des autres séparément aux contraires des pixels modifiables. Une photographie est un peu comme un phénomène spatio-temporel dont la durée se représente par sa propre graphie. Cependant, la matrice numérique est virtuelle et n’existe que pour être actualisée. N’est-elle plus qu’une habitude visuelle qui fait croire à la réalité ? La plastique photographie est maintenue au présent comme l’actualisation de l’idée photographique.

    Le fait que le numérique soit une mutation technique va provoquer également grâce aux logiciels la transformation de l’image et du corps-objet. Le corps contemporain à la recherche instable de son identité  se définissait par une originalité, une marque éthique qui maintenant entre dans un devenir objet qui remet en question cette éthique du visage. La réalité ici, n’est plus que le simple rapport à l’image, l’identification banale que l’on peut se faire à l’humain comme principe de reconnaissance de soi et d’autrui.  L’auteur utilise l’exemple de l’artiste Keith Conttingham pour commencer son propos. Ce dernier réalise des portraits fictifs. Ainsi l’identité est questionnée puisque l’artiste s’empreint d’une certaine réalité tout de même, peut-on dire qu’il créait des non-être, il donne l’illusion de la réalité. Ces jeux numériques est un détournement de notre vision. La logique de l’œuvre n’est plus alors son apparition mais son actualisation. Les images de Cottingham remettent en cause toutes les frontières entre les arts puisqu’elles ne sont plus que des sculptures ou des photos dont le processus consiste à la dématérialisation. L’artiste cherche par ces portraits à ne faire qu’un entre l’âme et le corps. L’identité du moi et le corps sont donc comme une interface entre deux réalités sociales, l’une intérieure, l’autre extérieure. Entre eux se joue cette fluidité qui place l’autre en moi, l’adulte dans l’adolescent par exemple. L’artiste dit : « Les Portraits fictifs » utilisent le mythe du réalisme pour défier les notions modernistes de l’identité. Les séries démontrent, que le moi ne naît pas du seul dialogue intérieur. Au contraire, le cœur véritable de la personne dépend du corps »

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Ces images exposent ainsi une réalité toujours en crise, toujours en mouvement comme le statut de ces photographies qui n’en sont pas car l’identité corporelle est seulement virtuelle, un concept flou qui s’évanouirait à la moindre tentative de prise photographique. On peut dire que ce sont des effets photographiques plutôt que des photographies. L’artiste n’as plus commis une image mais a imagé. Ce nouveau réalisme est donc d’ordre social, l’image n’a  plus sa propre spécificité.

    Toutefois, le philosophe évoque ce genre d’image en rapport avec l’identification en les confrontant avec les travaux de Claude Cahun et Cindy Sherman qui par des mises en scènes et déguisements se photographient dans des contextes divers. Les autoportraits de Cahun travestie regardent avec un air assuré et fiers l’objectif de l’appareil tandis que Sherman avec la série « untitled » met en œuvre un monde plus solide que toute les réalités. Chaque scène n’est plus qu’un moment un instant sauvé où le personnage se tient dans bribes de personnages fictifs, emplies de hors-champ qui suturent sa chair mise à vif. La photographie devient ici la manifestation d’un lieu inventé attaché entre décomposition et composition visuelle, à la dislocation du corps et des objets  où le regard de la personne cherche à nous monter sa vision du monde. La photographie est donc un instant éphémère et à la fois la référence unique pour l’identité dans le chaos. Elle devient autonome. Chez Cahun on participe à la construction de la personne et du monde, à la revendication d’identité plus riche que l’identité conventionnelle en abolissant les frontières entre réalité et surréalité. Elles ont le poids de l’être malgré qu’il n’y ait pas de réalisme. Il en va ici une démarche contradictoire, le secours de la photographie devient l’affirmation de sa ruine car dans sa construction elle est minée par sa propre déconstruction.

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   Par ailleurs, pour affirmer le corps-objet nu sans travestissement comme on vient de le voir et ce qu’il remet en question avec la photographie, le philosophe cite alors l’exemple d’Orlan. En effet, l’artiste commence très jeune des séries de nus affirmant son corps de femme objet et hybride. Masquée, l’identification devient universelle. Cependant ce sont ces performances lors des opérations chirurgicales et les traces qu’elle y laisse par le biais de ces vidéos et photographies que le corps modifiés tend vers l’être hybride. Orlan ne se commet plus en photographies, elle produit des images photographiques. Le but de ces images n’est pas d’informer  sur ce qu’à fait l’artiste mais sont des matières de l’œuvre refondé par son monde. Le corps n’est ni donnée par les usages sociaux et culturels, ni par l’identification.  Il est recréé par l’acte de l’artiste et ses traces.  Doit-on dire que la performance de l’artiste féministe est l’œuvre et que les photos ne sont que le simple supplément de communication ? Ou à l’inverse une virtualité occasionnelle de l’imagerie photographique ? L’artiste cherche à rendre autonome de la chair ses photos afin d’affirmer son corps comme pur objet. Ainsi la photographie avec la performance  vacille entre une œuvre sans corps, déployée selon la seule spatio-temporalité des images et un corps sans œuvre, trahi dès l’exposition photographique. Elles ne sont pas tout à fait des documents, pas tout à fait des œuvres. Vers la fin de sa vie, Orlan va rejoindre le travail de Cottingham en hybridant son corps par le numérique soit l’effet photographique. Elle reprend des codes culturels africain ou spécifiques faisant que l’hybride ne vient plus du croisement des espèces mais plus que seulement des manipulations artistiques où il n’y à plus de limites dans la technologie. Malgré que le réalisme soit désillusionné il devient une vision banale et conventionnelle. L’artiste qui questionne sur la beauté reprend donc des images culturelles pour les renvoyaient à leur imaginaire fictif. Autrement dit, l’effet photographique et son réalisme  ne peut pas être une référence si celui-ci n’as pas été vu comme réel. Le mythe de la photographie réaliste doit fonctionner pour que la vision réaliste puisse être hybridée. Orlan et Cottingham affirme et critique à la fois le réalisme photographique. Ce dernier est comparé à la beauté comme principe d’identification et de bases conventionnels mettant en avant l’hybridation.

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    Pour poursuivre, sur l’idée de beauté, des normes que le monde a conditionner à notre vision Marc Tamisier évoque la photographie comme moyen de mise en abime du soi, le corps est un spectacle pour s’affirmer au travers des objets du monde. La photographie de Nicole Tran Ba Vang nous force à assumer le fétichisme de son corps-image, le spectateur ne peut regarder l’autre, ni lui même comme un spectacle. Notre vision est entièrement une convention personnelle, avec des mythes et des modèles. L’artiste utilise l’effet numérique pour critiquer le monde de la mode. Le vêtement et le corps nu n’est plus qu’un. Elle créait un vêtement peau empêchant toute fuite vers une mythologie  des conventions de la mode en une croyance en leur réalité. Cependant, l’effet photographique est trop normalisé, du coup la vision de l’être et du paraître est en un sens protégé et mieux accepté par le regardeur.

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II L’identification sans l’effet photographique : mise en avant de l’objet photographique

   Auparavant, l’objet photographique était pris en compte dans une certaine réalité. En se référant au travail de Patrick Tosani l’auteur remarque que l’objet photographique n’a plus rien avoir avec l’objet photographié.  Au contraire, l’objet nait de sa réalisation de ces procédures photographiques. De sa réalité il ne reste qu’une vague notion d’objet en général, dont les particularités ne sont définies que par les images qui les représentent. En effet, l’artiste met en scène des objets du quotidien en rapport souvent au corps, laissant une trace d’identification et de mystère.  «  Le temps distendu de l’architecture jouent ensemble devant le photographe autant que le regardeur. » La recherche spatiale est devenue une affirmation temporelle. L’espace et l’échelle des dimensions constituent une condition de l’acte photographique lui-même. L’artiste  a un travail varié, il prend en photo des fausses pluies, des glaçons où sont incrusté des personnages, des masses de vêtements, de objets errant, des séries de masques, de chaussures avec du lait dedans, des situations d’objets comme une expérimentation photographique qui va à l’encontre de la réalité créant un ailleurs mis en forme par les choses banales et du quotidien . Il n’y a aucune nostalgie d’une réalité perdue dans ces images.  Pour l’artiste : « l’image photographique produit une telle réduction des sensations, un tel rejet de l’appréhension tactile, notamment, que le travail ne peut pas se situer dans le registre de la satisfaction sensorielle. Il faut chercher ailleurs, sans vouloir compenser la frustration initiale par des effets de séduction de type picturale. » En fait, la présence même de l’image comble le réel absent malgré la suppression des strates temporelles. L’image laisse à la réalité son réel, mais en même temps elle pose celle-ci comme une surface dont les objets n’ont pas de profondeurs. La photographie a deux faces, c’est l’image d’un objet, puis un objet photographique. D’autre part, c’est en démesurant la taille de ces objets du quotidien qu’il met en avant l’impact sensoriel de la photographie chez le regardeur. Le choix du grand format n’est pas un hasard mais la volonté de mettre en avant des objets banals par leur présence. Les objets s’imposent et prennent sens. En abolissant les frontières l’artiste fait de la photographie une chose mentale, onirique venant de la réalité s’éprouvant physiquement, le corps affronte l’image comme un travail de l’espace optique.

   Cet affrontement,  et expérimentation de la photographie est accentué par l’installation des photographie et de leur expositions. L’ouverture de la photographie dans un lieu précis affirme la photographie comme pure objet ou matière.

   L’œuvre photographique est alors au delà de son propre objet l’expérience de nouvelles sensations par la couleur ce qui en effet  a été avec le noir et blanc une nouvelle étape dans la photographie contemporaine. Les vues muséales de Thomas Struth  ne remplissent pas des surfaces mais structurent entièrement des surfaces chromatiques. Les objets ne sont plus que des lieux de luminosité mis en relief. La photographie contemporaine est fortement marquée par cette balance de lumière qui amplifie les conflits entre les saturations des teintes et maintient ainsi les couleurs dans une tension vives mais équilibrés. Toutes les couleurs de toutes les photographies ne sont pas équivalentes mais sont soumises à un  même écart de saturation, à un même équilibre de lumière de telle sorte que leur chromatisme constitue une dynamique de surface qui met en doute sur le sens de l’image comme pour les grands formats.

   Puis, la technologie va dépasser les limites de la photographie par le biais de l’image en mouvement. L’image fixe devient avec la vidéographie mouvante une ouverture dans un jeu de temporalité encore plus fort. L’auteur donne l’exemple de nuages qui bougent avec le vent. Si la camera est fixe la vision est photographique mais l’objet se déplace dans l’espace temps. Il faut donc  accepter l’ambiguïté impassable du mouvement et l’écran comme surface réalisant le mouvement. L’image fixe et l’image normale ne sont plus que deux images fixes d’une même vision, d’un écran en mouvement fixe.

III La vision contemporaine de la réalité

On vient de voir que l’objet photographique s’opposait en quelque sorte à la représentation où l’organisation de l’image doit obéir à son objet. On peut dire qu’aujourd’hui le spectateur se confronte à la photographie en tant qu’objet réel et concret remplaçant le réalisme de l’époque.

En reprenant, l’idée de réalité, on échappe pas au photoreportage et aux médias. Les informations et images qui conditionnent notre regard sur le monde et sur les événements paraissent ainsi comme pures objets de communication.  Sophie Ristelhueber prend le risque de créer des images de guerres exploitées par les médias. Cela questionne alors la réalité des événements. En quoi une image de guerre est-elle réel ? Cependant elle fige une blessure de l’histoire à jamais comme un objet présent. La photographie devient transparente par le poids de cette cicatrice passé, elle n’est plus qu’une trace de prise de vue mais la réalisation de son concept qui suit les traces du temps. Ses photographies évitent alors le témoignage le plus que possible même si notre regard est souvent à la recherche d’une nostalgie  ou d’une passion d’informations que de photographies elles-mêmes. Le savoir sur l’événement devient vite un problème superficiel car il ne peut épuiser les images de l’artiste. Il se trouve confronté à une surface sans foyer, à une composition et de points dispersés qui recouvre l’objectivité des témoignages. Autrement dit, la frontalité de ces images est un moment du temps de l’œuvre à la fois traces. Ce qui rend vraiment extraordinaire les photos de l’artiste c’est la naissance sans protocole défini, ni reproductible, ni normalisé des objets photographiques. Il n’y a pas clairement l’illustration d’un message sur le sens du monde malgré les interprétations symboliques. Elle prend des moments de guerre sans affirmer la volonté d’une réflexion sur ce qu’elle implique humainement.

Ainsi la photographie semble affliger un temps contemporain utilisant la photographie réaliste non comme des faits mais comme des empruntes de faits s’ouvrant à une narration photographique.

Conclusion :

La photographie contemporaine se base d’un réalisme photographique pour ensuite le détruire par le biais de l’effet photographique. La mutation du corps hybride en a été un exemple pour l’auteur. L’effet photographique devient une norme visuelle qui supprime toute perturbation cherché dans l’identification du corps-objet ou corps-spectacle. D’autre part elle remet en question l’objet photographique en partant de la réalité vers un ailleurs détournés s’éloignant du simple fait de représentation. Les moyens de détournements sont divers, différences d’échelles, couleurs, grands formats, mise en espace perturbant la vision banale et quotidienne. Cependant, la photographie devient contemporaine par sa soumission au temps présent, elle n’est plus une représentation mais le choix d’une vision, un point de vue.

2 avril 2008

LE corps Objet

Intro

Dans 3 grandes parties, j’ai voulu par divers exemples montrer par quels moyens on peut dénoncer ou utiliser le corps objet.  Dans la première partie  je préfère évoquer des artistes qui utilisent la poupée ou le jouet (pour  poursuivre mon ancien exposé sur l’enfance) pour dénoncer ou exprimer le corps objet souvent morbides. En second lieu, des artistes souvent photographes qui utilisent des objets et font des mises en scène. Et en dernier lieu, j’ai voulu traité du corps hybride, un peu mutant, quelque chose loin de l’humain mais qui rejoint toute fois le corps pas forcément en rapport avec l’objet.

I  La poupée, le jouet, l’objet détourné

Hans Bellmer

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LA poupée

C'est une sculpture représentant en taille quasi-réelle (1,40 m) une jeune fille multiforme, aux cheveux foncés, coupés en frange sur le front, ornés sur le haut de la tête par un grand nœud raide, seulement vêtue de chaussettes blanches et d'escarpins de vernis noir, une grande poupée composée de nombreux membres pouvant être articulés les uns aux autres par des boules, une grosse boule, le ventre, sur laquelle peuvent s'articuler encore deux bas-ventres, quatre hanches articulées aux quatre cuisses, celles-ci articulées aux quatre jambes, et un buste à plusieurs seins, la tête et le cou amovibles. Hans Bellmer joue avec sa Poupée et multiplie les variations avec les différents éléments de son corps; tantôt, par exemple, amputée aux genoux, la tête, décapitée, posée en arrière des deux boules des hanches figurant jeune arbre; ou, autre exemple, devenu monstre à quatre jambes, deux en haut, deux en bas, articulées à la boule centrale du ventre, mobile et suggérant la danse et la provocation du désir d'autrui, photographiée ici dans les bois, là sur un parquet, dans un grenier, vautrée tordue sur un matelas, deux jambes habillées d'un pantalon noir d'homme; ou à moitié démantelée, amputée d'une jambe, jetée dans un duvet, froissé par sa chute et son poids. Les photos étaient polychromes, Bellmer les coloriait de teintes changeantes sur la même photo, tantôt pastel, chair, rose pâle, rose plus soutenu, mauve, bleu clair, mais aussi de couleurs vives, rouge, jaune, bleu canard. La Poupée est érotique, c'est une « créature artificielle aux multiples potentialités anatomiques », par laquelle Bellmer entend découvrir la « mécanique du désir » et démasquer « l'inconscient physique » qui nous gouverne; elle est enfantine, mais également victime de perversions sadiques; ainsi démembrée, violentée, violée, elle correspond au désir de l'artiste de voir la femme accéder « au niveau de sa vocation expérimentale ».

L’environnement de la Poupée est toutefois déterminant. Le paysage forestier ou l’intérieur de la chambre, l’escalier ou la remise, sont des lieux qui sont choisis par Hans Bellmer pour contextualiser la Poupée. Il y aura toujours un endroit que nous qualifions d’intime chez Bellmer, car c’est dans l’intimité que le sentiment d’étrangeté apparaît. Rien de plus banal en effet que le lit défait, la table non débarrassée12, le buffet encombré13, que l’on voit ostensiblement dans les images .Bellmer construit un territoire pour sa poupée. Ce territoire est familier et comprend systématiquement un passage : L’escalier ou la porte

DESSINS

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Les œuvres de Bellmer peuvent être considérées comme des fenêtres ouvertes sur un intérieur physiologique. Un paysage intérieur qui admet une multitude de chemins à travers les structures architecturées, organiques, minérales. Hans Bellmer fait figure ici de constructeur d’un espace où le corps est un lieu habitable par la pensée. Il dépeint dans le même temps l’usine psychique où se produisent les images oniriques qui se condensent et se superposent.

Cindy sherman

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Je n'ai qu'une très lacunaire éducation en matière d'art contemporain. Et, très honnêtement, je ne sais qu'aimer ou haïr lorsqu'il s'agit d'art. Je crois bien que tous mes discours ne sont que fausseté car ils n'existent que pour justifier un penchant, une inclinaison viscérale, qui n'ont que l'instinct pour raison.
Je pourrais reprendre ce fragment kantien de La faculté de juger, "L'Analytique du beau", mais je crains de ne pas trouver un meilleur point d'appui pour exprimer ce qui relève davantage d'une brutalité de l'émotion que d'un raisonnement ordonné.
Par conséquent, je ne possède guère d'aptitudes pour parler de cette artiste que je considère pourtant comme tout à fait exceptionnelle. Tour à tour modèle, photographe (presque peintre lorsqu'elle reprend à son compte thèmes, lumière et composition des Maîtres anciens), cinéaste, elle a la particularité de ne mettre en scène qu'un objet : elle-même, avec la distance inquiétante d'un moi devenu étranger et protéiforme.
Toujours autre sans cesser de modifier et de magnifier cette altérité, jusqu'au point de rupture : dans la grimace simiesque du clown ou la dislocation d'un double, d'un pantin.

Cindy Sherman n'a pas de visage propre car elle les possède tous, les composant parfois au moyen de prothèses. La plupart de ses oeuvres ne s'affichent pas sous des titres personnels ; mais elles sont regroupées en séries et ma préférée est celle qui a pour thème les contes de fées. Cindy Sherman propose alors sa série la plus effrayante, morbide et fascinante. Putréfaction. Cadavres. Etrangetés. Perdition. Le cauchemar sous la verdeur du conte. Cindy Sherman est une sorcière. L'univers des frères Grimm lui donne l'air qu'il lui faut. Et ce n'est pas pour rien...

Les frères Chapman

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Dinos et Jake Chapman mettent en scène des personnages, réalisés à partir de résine et de fibre de verre. Des enfants adultes siamois, bicéphales ou multipliés aux corps ou visage mutilés et sur lesquels sont greffés parties génitales ou anus, sont le résultat de combinaisons biogénétiques peu ordinaires. Les artistes nous proposent ainsi une "esthétique scatologique pour la apresse du regard".

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Jake et Dinos Chapman ont consacré des heures à " rejouer " des scènes d'horreurs historiques qui ont eu lieu sur le continent. La série The disasters of war transpose en trois dimensions les gravures bien connues de Goya inspirées par la brutalité de la lutte pour l'indépendance espagnole au début du 19ème siècle.

A mi-chemin entre le mannequin de vitrine et le Cabinet des horreurs de Madame Tussaud, Les figures sanguinolentes rendent compte d'une amoralité sans relief, typique du travail des Chapman. Un travail méticuleux auréolé d'une touche d'humour noir.

   Mac Carthy

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dans une première phase de son travail montre par le biais de brèves performances une immertion générale de son corps dans un magma d'objets divers : jouets usagers, tubes de plomberie, objets modulables en kit, substances semi-liquides, etc... Sa source d'extraction culturelle est le truquage, la sculpture fonctionnelle du latex, matière permettant de modeler des formes particulièrement adaptées aux effets spéciaux des films d'horreur. Maccarthy est resté au jusqu'à aujourd'hui le principal sculpteur de la société de consommation.Il choisit des matériaux ordinaires qui ne font pas écho aux matériaux issus du monde de l'art.

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L’usage de la marchandise chez Mccarthy est celle d’un enfant. Avec lui, la figure du consommateur adulte régresse dans un rapport ludique au jouet, dont l’usage n’a qu’un sens : sa propre destruction. Mccarthy comme l’enfant souille, dépouille, démonte, casse ce qu’il consomme, au lieu de le conserver, comme on garde soigneusement un bien acquis, acheté laborieusement. Malgré tout il conserve l'objet dans une autre forme. Mais c'est ici que réside principalement son acte de création le plus intense, où Mccathy a su prendre en compte un support de signification à l'usage relativement ordinaire. Usage quelconque de l'objet dans sa vie réelle et sa destinée qui réside à subir l'épreuve de son usure par l'usage qu'on fait de lui. D'un usage fonctionnel ou défonctionnalisé de l'objet?

jeff kooks

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Il s'approprie des objets et essaie de comprendre « pourquoi et comment des produits de consommation peuvent être glorifiés ». Tout au long de sa carrière, il a utilisé toutes sortes d'articles populaires, d'abord des aspirateurs et des ustensiles électroménagers enfermés dans des caisses de plexiglas et éclairés de néons, puis des ballons de basket en suspension dans des aquariums (grâce à l'aide du Dr. Richard Feynman, Prix Nobel de Physique[réf. nécessaire]), puis des bibelots rococo, des souvenirs de bazar (lapins gonflables, bergères ou petits cochons en sucre, Michael Jackson en porcelaine.), enfin et surtout des jouets et des objets intimement liés à l'enfance.

Son Inflatable Rabbit, lapin gonflable réalisé en inox en 1986, et ses Balloon Dogs sont aujourd'hui reconnus comme des œuvres emblématiques de la fin du XXe siècle. L'art de Jeff Koons peut être considéré comme le point de rencontre entre plusieurs concepts : les ready-mades de Marcel Duchamp, les objets du quotidien démesurés de Claes Oldenburg et l'aura médiatique d'Andy Warhol ; l'artisanat d'art et l'imagerie populaire. L'iconographie qu'il utilise est un catalogue de la culture populaire, non seulement américaine mais aussi mondiale.

Cyrille andré

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Son bestiaire monumental d'animaux indéfinis montés en kit comme des Playmobiles se redresse aujourd'hui pour prendre forme humaine : femmes provocantes au ventre de résine, bottées de plomb, hommes et bourreaux, raides et compacts au caleçon plombé, suppliciés à l'abandon, pendus désarticulés...

La meute de chien est à limage des chiens de rues, compagnons de misère d'êtres humains repoussés aux frontières de notre société. Ils sont en groupe et pourtant seuls. Leurs corps à l'abandon, las, ils attendent. Plus encore que leurs maîtres, leurs regards remplis de désillusion expriment l'ennui, la détresse...Les femmes répriment la féminité, la sensualité, la fécondité. A la fois provocantes et campées sur une seule jambe, elles sont fragiles, cassées.

Patricia Waller

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Les installations de  Patricia waller sont des œuvres ironiques qui jouent sur le contenant et le contenu. Elle met en scène des peluches dans des situations plus ou moins macabres qui font absolument rire. En détournant l’objet peluche pour enfant elle donne un second rôle à l’objet ainsi qu’une histoire en contradiction aux contes pour enfants qui se terminent toujours bien.

II Corps Objet

Melanie Bonajo

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L’artiste réutilise des objets, souvent des peluches ou des habits pour cacher le corps mais surtout le visage. L’objet est détourné pour affirmer un corps inhabité, un corps-objet. Pourquoi cacher le visage ? Qu’est ce qui demande à être caché ? L'identité, ou l'apparence d'identité, évidemment. Pourtant, il y a plus. Ici nous avons un masque qui est un non-visage. C'est l'effacement de n'importe quel cap de visage c’est une fuite de l'identité, ou plutôt, de l'identification.

Jamie Campbell

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Les photographies de Jamie Campbell se rapprochent  à celle de M Bonajo par leur mise en scène et leur anti-identification. En effet, les modèles portent des masquent objet nounours de nouveau mis en situation qui tourne au ridicule et au grotesque. Le statut humain paraît déshumaniser et mépriser. Dans d’autres situations les modèles se fondent au décor et deviennent  comme des éléments errants ou perdus.

Elene Udsin

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Mes photographies sont le théâtre de mes rêves et de mes fantasmes. Elles sont la dernière étape d’un long processus de réflexion et de fabrication. Je dessine d’abord mes images qui sont souvent proches de rêves éveillés. Puis je crée les costumes, et décors nécessaires à ces mises en scène.
Le cliché est là pour synthétiser l’ensemble.
De la rêverie d’une fillette se projetant dans un conte de fées aux Déesses des tragédies grecques, j’ai travaillé ces portraits en artiste visionnaire imaginant ma muse en un personnage fantasmé. Parfois le modèle se dérobe au regard du spectateur en cachant son visage derrière un masque s’abandonnant pourtant aux jeux et désirs du photographe.
J’aime retrouver le plaisir enfantin de se transformer en quelqu’un d’autre, juste à l’aide d’une couronne ou d’une cape. Comme on joue avec les mots en poésie, parfois je détourne un objet de sa fonction initiale, ou je réorganise l’espace autour de moi afin d’inventer une histoire. Fabriquer un costume, un accessoire est mon questionnement sur le paraître, sur la manière de se dévoiler ou se cacher. Réfléchir aux matières, à la lumière et aux couleurs d’un vêtement est pour moi un écho à la mode et mon positionnement par rapport à la photo de mode

Brian Walker

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Des photographies toutes droit sorties d’un univers plastico-kitsch dément où les femmes sont des barbies mi pin-up, mi plastiques et mises dans des situations provocantes. Ces barbies sont à la fois robots ou mutant questionnant leur image et leur statut.

Brian se dit influencé par David Lachapelle évidemment mais également par les travaux de Dali ou encore Magritte. L’univers de la mode est bien entendu concerné notamment avec la photographie Synthetic Tragedy. 

Casey

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Luxereau

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Christophe Luxereau travaille ses images sur ordinateur dès 1995 pour développer le thème de la relation à la machine électronique. Cette relation établit de nouveaux codes, d’autres comportements et de nouvelles icônes. Familier du monde de la Mode, Christophe Luxereau intègre des d’hybridations diverses à l'esthétique glamour. Son travail porte ainsi une réflexion sur l'idée de la beauté artificielle véhiculée par les publicités. Pour BEAUTY BY, deux femmes se font écho et révèlent leurs différences : une femme-enfant traîne sa poupée. Naturelle et sombre à la fois, elle agit sur la seconde sophistiquée et passive, pour la transformer à son image...fantasmée.

III Le corps Mutant

Julien Carbone

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L’ensemble de ses réalisations recourt à l’hybridation plastique, elle est consacrée à une exploration de l’apparence humaine transfigurée par la technologie qui modifie la relation que nous entretenons avec le réel. Les visages et les corps humains ne sont plus que des volumes partiellement moulés recouverts en leur surface par une mosaïque de photographies translucides qui dénie toute existence à la peau. On ne peut s’empêcher de penser devant chacune de ces représentations impressionnantes qu’elle est la concrétisation d’une vision dans laquelle l’image de l’homme se superpose à ses multiples doubles et clones provenus de la médiatisation outrancière de notre société. Ainsi la série de portrait intitulée Emoticons développe des émergences de faciès torturés par la représentation : ce sont des visages d’écorchés d’une nouvelle espèce, non pas dépecés par un supplice, mais rapiécés par des cadrages, des points de vue convenus qui semblent issus de spectacles vidéographiques. Chaque visage illustre une attitude, le rire, l’attention, la tristesse, le désir et participe à un l’élaboration d’un Traité des Passions de l’âme saugrenu et étrangement sérieux.

La sculpture de Julien Carbone ne propose pas l’image d’un corps, mais un corps-image constellé des points de vue nouveaux qui sont constitutifs de notre présence au monde des médias. L’installation L’homme livre use en plus de la vidéo et de la projection de diapositives pour compléter la reconstruction d’un corps adonné à la lecture

Donasci

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Il se consacre à la vidéo et crée les " vidéocratures ", prolongements du corps des intervenants réalisés à partir de moniteurs vidéo portés sur le visage à la manière d’un masque. Avec ses " vidéocréatures ", Otávio Donasci monte des performances multimédia et des spectacles de théâtre. Jouant avec les possibilités qu’offre le support vidéo, l’artiste recrée sur les écrans la palette des expressions du visage des intervenants. Ceci met au même au niveau l’homme et la machine

Huet

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C’est un spécialiste de la photo montage. Dans ses mises en scènes il questionne clairement la société de consommation et parle de différents thèmes en mutilant ou déformant le corps devenu hybrides.

Sterlac

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il a développé un troisième bras robotisé. Avec ce troisième bras, Stelarc réalise des performances. Pendant ces performances, les mouvements du troisième bras interagissent avec les mouvements de l’une de ses jambes, ou avec d’autres facteurs comme plus récemment des informations venant d’Internet. L’être humain devient à l’infini modifiable, manipulable, soumis aux technologies.

Les instruments ont toujours été en dehors du corps humain, mais maintenant la technologie n’explose plus loin du corps, elle implose à l’intérieur du corps.

L’oreille  « Je voulais d’abord me la greffer sur la joue mais l’endroit n’était pas très propice d’après les médecins », dit-il avec son rire chevrotant très contagieux. L’oreille implantée dans son bras est une structure poreuse qui permet aux cellules de la peau de pousser à l’intérieur, l’oreille finissant ainsi par faire biologiquement partie de son bras. Lors de l’intervention chirurgicale, il a également implanté un micro dans l’oreille, connecté par blue tooth. « Ainsi, on aurait pu se connecter à distance à mon oreille via internet et écouter ce que mon oreille entend », explique l’artiste. Malheureusement, suite à une infection qui l’a cloué à l’hôpital pendant une semaine, le micro a été retiré.

Laurence Demaison

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Le travail photographique de Laurence Demaison est exclusivement constitué d’autoportraits. Les techniques utilisées – prise de vue, développement, tirage – sont argentiques et réalisées par l’auteur. Aucune manipulation particulière n’intervient au-delà de la prise de vue (sauf inversion chimique des films pour certaines séries. elle prend son visage et son corps comme sujets, qu'elle choisit de déformer et dissimuler systématiquement, se dévoilant ainsi sans jamais être révélée. Entre excès de pudeur et narcissisme, fascination, répulsion… dégoût d'une enveloppe charnelle qu'elle habite et contemple. 

"Entre l'horreur de ma chair et celle du regard des autres, j'ai choisi le plus gérable. Cette alternative m'a contrainte à m'aventurer dans des recherches dont la seule issue était de disparaître, tout au moins d'être autre chose, mais c'est pareil.
Etre là sans être là ; une ambivalence, un jeu de cache-cache instinctif, que je n'ai pas cherché à comprendre, encore à montrer, juste faire. Laisser se faire", écrit-elle.

Géraldine george

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Graphiste qui mutiplie ou coupe des corps devenue mutilé et mutant

Conclusion :

On constate après ces divers exemples que les artistes utilisent l’objet lui-même comme la poupée ou le jouet pour contraster avec son premier rôle d’objet et affirmer un corps objet mutilé. Ces objets de consomations détournées critique notre société et  affirme un autre statut à l’homme et à son corps ; l’identification est annulé. Les nouvelles technologies sont également détournées, jouant avec l’homme machine et l’homme mutant qui semble prendre le control.

2 février 2008

La maladie la mort

Œuvres : figure with meat de Francis bacon,

21 grammes

de Alejandro Gonzales Inarritu, « le roi se meurt » de Ionesco

Intro :

La maladie et la mort sont des choses pour lesquelles nous sommes « destinées » même si aujourd’hui  la médecine retarde leur arrivée. La mort est notre seule certitude de l’avenir pourtant nous vivons comme si elle n’allait jamais arrivée. D’abord je vais évoquer  l’insouciance de la mort par la pièce de théâtre « le roi se meurt » d’Ionesco, et par des exemples du film

21 grammes

. Puis  par l’œuvre de Francis bacon figure with meat, j’évoquerai la condition humaine et son acceptation, la matérialité du corps.

L’insouciance de la mort

Le roi Bérenger 1er règne sur un territoire indéterminé. Au lever du rideau, le Garde annonce solennellement la Cour. Le roi Bérenger 1er  entre dans la salle du trône et en sort immédiatement. Il  est suivi des deux reines, Marguerite (première épouse du roi)  et Marie (seconde épouse du roi, sa préférée),  de Juliette (femme de ménage et infirmière)  et du Médecin qui occupe diverses fonctions.

Cette salle du trône est sale et inconfortable. Il y fait froid. Le chauffage refuse de fonctionner, le soleil se rebelle et les murs du palais se fissurent.   

La reine Marie se lamente de cette dégradation, ce qui ne plait guère à  la reine Marguerite qui lui reproche sa frivolité et sa désinvolture.

Il est devenu nécessaire d’annoncer au roi que la fin de son règne est proche. La  reine Marie refuse l’évidence et ose croire que le roi pourra échapper à son destin.

La reine Marguerite fait preuve d’une froide lucidité : le sol se dérobe, le royaume ne dispose plus d’une armée digne de ce nom, la démographie est en berne et la population vieillit, le roi est malade...

Le Médecin est formel, il n’est plus possible de l’opérer. Même les astres sont contre le royaume : le drame est inévitable.

Bérenger Ier entre dans la salle du trône les pieds nus. Il se plaint de l’état de l’Univers, du Royaume, et aussi de sa santé. Il consulte son médecin qui ne lui laisse aucun espoir.

Le roi refuse d’admettre l’évidence, même s’il reconnaît que tout ne va plus aussi bien que par le passé. Il croit en son pouvoir : « Je mourrai dit-il quand je voudrai, je suis le roi, c’est moi qui décide »

Toute la cour, à l’exception de la reine Marie, s’emploie à lui décrire son déclin irréversible. On lui rappelle la dégradation de son pouvoir, la détérioration de ses forces physiques, la fragilité de sa couronne et de son sceptre. Il tente en vain de commander la nature, les choses et les êtres qui l’entourent.

La reine Marguerite annonce alors le compte à rebours fatidique : « Tu vas mourir dans une heure vingt-cinq minutes ».

Le garde indique que la funèbre cérémonie va commencer.

Comme le roi nous avons tendance à faire comme si la mort n’existait pas,  tant qu’on est jeune on a le temps d’y penser. D’ailleurs les médias  nous envoient l’image d’une jeunesse éternelle. L’extrait suivant caricature l’idée de ne pas avoir le temps :   

Le roi : « je suis monté sur le trône il y a deux minute et demi »

Marguerite : «  il y a deux cent soixante-dix-sept ans et trois mois

Le roi : « Pas eu le temps de dire ouf ! Je n’ai pas eu le temps de connaître la vie

On remet toujours tout à plus tard pour se faciliter les choses mais quand tout arrive d’un coup il est justement trop tard. Le fait de fuir la mort n’est t’il pas la preuve d’une crainte ?  Quand le roi dit qu’il décide de sa mort, il refuse d’accepter qu’elle est contre sa volonté. Ne pas accepter la condition humaine c’est ne pas s’assumer en tant qu’homme.  Et comment résumer la crainte de la mort ? Par une vie qui n’a servi n’a rien ? Le roi qui se meurt voit son royaume mourir et il se voit disparaître, il a simplement peur de n’être plus, lui qui avait tant de présence, de reconnaissance et de pouvoir sur le monde. En réalisant sa mort il réalise la perte de sa puissance. Pour tester si sa puissance est encore bonne, le roi donne des ordres aux reines et à tout le monde, bizarrement ils ont du mal à obéir. De plus les ordres deviennent de plus en plus stupides

Le roi : « Que la couronne de Marguerite tombe à terre, que sa couronne tombe » C’est la couronne du roi qui tombe de nouveau à terre

Marguerite : «  je vais te la remettre va »

Le roi : «  Merci. Qu’est ce que c’est que cette sorcellerie ? Comment échapper vous à mon pouvoir ? Ne penser pas que cela va continuer. Je trouverai bien la cause de ce désordre. »

La citation suivante de jules Lagneau montre notre impuissance contre le temps et la mort : « L’étendue est la marque de ma puissance, le temps est la marque de mon impuissance » Nous pouvons aménager l’espace, le modifier, le conquérir mais nous ne pouvons rien contre l’irréversibilité et l’imprévisibilité du temps et de la mort.

                          Cependant on ne peut pas nier la mort puisqu’elle est là à chaque instant, des accidents, des maladies graves ou la mort de proche. Le décès du roi remet en question le statut du roi divin. La reine Marie n’arrive pas à faire le deuil de son mari, vivre dans le passé c’est de nouveau fuir la réalité ; à la fin elle passe un moment nostalgique avec le roi. Quel sens donne la mort à la vie ? Nous sommes  si habituez à prévoir tout à l’avance que nous pensons pouvoir tout contrôler. Nous  vivons dans l’habitude. Dans les termes de Nicolas Berdiaef : « La mort est le fait le plus profond et le plus significatif de la vie, qui élève le dernier des mortels au-dessus de la quotidienneté et de la platitude. Elle seule pose la question du sens de la vie. En effet, celle-ci n’a de sens que parce que la mort existe ».  . Dans l’œuvre cinématographique de Alejandro Gonzales Inarritu

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, Christina perd ses deux petites filles et son mari  dans un accident de voitures provoquées par Jack qui a pris la fuite. Loin de l’idée de vengeance, Christina n’arrive pas à faire son deuil. La réalité (sa maison avec les chambres de ses filles et leurs jouets) lui rappelle sans arrêt leur existence. Ces rappelles de la mort nous font souffrir car nous prenons conscience que l’avenir est incertain, que ça sert à rien de faire des projets.

Mais si au contraire de l’insouciance, la mort  nous obsède comme Christina par exemple, elle empêche de vivre. Il y a chez Vauvenargues des aphorismes qui vont dans le sens de l’insouciance, mais avec des justifications très différentes. Ce que rejette Vauvenargues, c’est le fatalisme, le défaitisme d’une rumination constante de la mort : "La pensée de la mort nous trompe, car elle nous fait oublier de vivre". Une constante pensée de la mort ne peut que nous éloigner du courant de la Vie. Un être qui serait obsédé par la pensée de la mort, ne pourrait plus rien faire ici bas. Pour vouloir, il faut donner un sens au futur et si le futur est fermé d'emblée par la mort, on ne peut rien vouloir, rien accomplir. A quoi bon élaborer un quelconque projet, si c'est pour le mettre constamment en balance avec l'idée de la mort? C'est devenir fataliste. Si je dois constamment me représenter ma disparition, ma vie n'est que vanité, pour qu'elle ait un sens, il me faut donc refuser de garder constamment sous les yeux la pensée de la mort. "Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir".

L’acceptation : savoir vivre et mourir

    Dans

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Paul  est gravement malade, et il va mourir si l’on ne trouve pas de greffe appropriée. Son attitude est décevante car il ne s’attache plus vraiment à la vie. Il fume alors qu’il sait que ça avance sa mort. Se laisser aller prouve un acte de lâcheté car avec la médecine d’aujourd’hui il y a un certain combat à subir contre sa maladie tant que physiquement que psychologiquement. Les maladies graves sont bien la preuve que le corps humain peut se décomposer, et donc mourir. Comme Paul, la seule certitude que nous ayons c’est que nous soyons mortels au contraire des animaux qui sentent la mort que lors du danger. Nous sommes des êtres inachevés, mortels et qui se savent mortels, et nous ne vivons qu’au présent (vivre dans le passé c’est comme être mort) Les malades n’ont souvent plus aucuns espoirs et se laisse aller car pour se réaliser, grandir tant que physiquement et moralement nous avons besoin de temps et donc d’avenir. Il faut donc accepter ce qu’il nous arrive et faire avec le temps et capacités qu’il nous reste. Le texte suivant de Sartres évoque l’idée de ne pas de laisser aller, de prendre la responsabilité d’être malade, nous avons toujours des possibilités de guérir, ou de vivre malade mais en se réalisant. Certains malades usent de leur état pour ne plus être responsables de leur acte, pour se faire pouponner et redevenir enfant. Soit ils se sentent inférieurs avec moins de possibilités, soit ils se sentent tout permis car ils sont malades : je dirai qu’ils sont simplement égaux à nous et que c’est à eux de s’assumer. Sartres propose avec son existentialisme de se projeter dans l’avenir. Pour lui, un homme se réalise dans la vie que par ses actions, et dans ses projets ce qui signifie qu’un homme qui n’a plus de projets, qui ne fait plus rien est d’une certaine façon mort. Après à nous de juger à quoi s’en tiens une action, si parler en est une ? Si simplement vivre : manger, boire et dormir en est une ? Se que Sartres veut dire c’est qu’il ne faut pas rester là rêver et attendre que ça nous tombe du ciel, il faut agir il faut donc savoir vivre. Si un malade s’accepte il guérira ou mourra en paix.

     Dans la même optique que Sartres : «  La croyance au progrès est une doctrine de paresseux. C’est l’individu qui compte sur son voisin pour faire sa besogne. Il n’y a de progrès vrai, c'est-à-dire moral, que dans et par l’individu. » Baudelaire  Mon cœur mise à nu

Tour dépend de nous même, il ne faut pas compter sur les autres. Et même si l’on est touché par la maladie ou la mort de proches, il faut accepter, c’est un travail sur soi même.

       D’autre part, même si nous savons que nous allons mourir nous ne savons jamais ce qu’est la mort elle-même. L’idée que nous en faisons n’en est qu’une image. C’est la position que prend Gaston Bachelard : « La mort est d’abord une image, elle reste une image. Elle ne peut-être consciente que si elle s’exprime, et elle ne peut s’exprimer que par des métaphores ». En effet, nous ne pouvons pas être morts tant que nous sommes  encore conscients et vivant. Comme le dit Wittgenstein : « la mort n’est pas un événement de la vie. La mort ne peut-être vécue ».Tout dépend si nous parlons d’une mort biologique ou d’une mort de la conscience. Parfois il est possible d’être encore conscient et d’être malade : le corps commence à mourir et à se décomposer. Ou le contraire, que les docteurs tiennent mon corps en vie mais que mon esprit n’arrive plus à se connecter. C’est pour cela que l’idée de mort est souvent ambiguë : dois t-on éteindre les machines ou pas ?

    Dans l’œuvre ci-jointe de Francis bacon : «  figures with meat » nous avons une représentation d’un pape qui cri et qui fond dans l’espace. Derrière lui, il  y a la chair d’un bœuf coupé en deux.  L’artiste peint sans ébauche ni esquisse. Il suit néanmoins un modèle : le portrait du pape innocent X par Velázquez. Sa représentation expressive, déformée, destructive du pape, s’inspire également d’une photographie qui montre le pape Pie XII dans la sedia gestatoria (chaise à porteur). Elle renforce sa position : celle-ci est encore approfondie ici par la zone noire et l’étroit coffre suggéré par le dessin. La bouche ouverte pour crier rappelle  évidemment le célèbre « Le cri » d’Edvard Munch de 1893 qui montre l’angoisse et la dépression de la vie. Le cri de souffrance évoque un symbole pessimiste de l’homme angoissé, perdu face aux horreurs de notre époque. Mais sans vouloir m’attacher au coté critique de la société, le lien sans transition de la chair des deux bœuf prouve  la volonté de représenter la mort. Tout d’abord en montrant clairement la matérialité du corps qui se décompose et qui n’est qu’au final un squelette. La couleur froide des os et de la chair, la peau blanche du pape envoie une atmosphère morbide et de répulsion. De plus, même si l’œuvre est figurative, le travail sur la matière n’est pas caché puisque Bacon peint au pinceau, à la brosse et aux doigts sur le dos rugueux d’une toile retravaillée à l’apprêt caractérisant un travail marqué par le geste et intégrant le hasard dans la vision pictural. Le symbole de la mort est représenté par l’association de la viande et du portrait du pape, formant ainsi une horrible métaphore de solitude et du nihilisme qui renvoie au « représentant du Dieu mort » tiré du Zarathoustra de Nietzsche. Les deux moitiés du bœuf évoquent des ailes, des ailes de l’ange de la mort.  L’œuvre de Bacon casse donc l’idée d’une vie spirituelle et immortelle, nous sommes de la chair, l’atrocité de la guerre nous la prouvée. L’idée du Dieu mort c’est donc l’idée que le corps et l’esprit sont liés et que quand notre corps meurt, l’esprit aussi : c’est être matérialiste au contraire de spiritualiste. Nous ne sommes pas immortels. Le pape de Bacon illustre un peu le roi qui se meurt sur son trône d’Ionesco.

   En réalisant ce que nous sommes vraiment, nous acceptons d’être nés ainsi. Des philosophes anciens avaient des méthodes pour accepter ce qui nous arrive. C’est le cas des stoïciens qui disent : « accomplir chaque action comme si c’étais la dernière ». Pour eux les hommes ne sont pas libres car des causes extérieurs qui ne dépendent pas de nous, conditionnent notre existence, tout nous échappe. Il est donc nécessaire de distinguer ce qui ne dépend pas de nous : la vie, la mort, la santé, la maladie, le plaisir, la souffrance, la beauté, la laideur, la force, la faiblesse, la richesse, la pauvreté, la noblesse, la base naissance, les carrières politiques. Il s’agit d’accepter ce qui nous arrive, les accidents de la vie car ceci est fait par le destin ou la Nature. C’est un peu l’absurdité de la vie. Mais il s’agit donc de porter un jugement de valeur sur les évènements qui n’accordent aucunes valeurs aux choses, qui nous sont indifférents, qui jugent les objets dans leur réalité. Pour consentir à l’ordre de la nature, il faut représenter à l’avance les difficultés, la mort, penser souvent à la maladie, pour savoir qu’il ne sont pas encore présent et prendre conscience de la valeur infini de chaque instant. Cette morale stoïcienne est expliquée par Marc Aurèle dans le texte suivant.

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2 janvier 2008

FRANCIS BACON étude de logique de la sensation

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Francis Bacon est l'un des peintres que je préfère. Voici une analyse de l'oeuvre de Deleuze parlant de l'art de Francis Bacon:

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L’étude de Gilles Deleuze « logique de la sensation » présente différents aspects des œuvres de Francis Bacon expliquant ses figures et ses techniques comme moyen anti représentatif, anti figuratif. Dans une première partie, nous verrons que Bacon cherche à rendre visible la sensation. Ainsi chaque élément développé par le philosophe pourra dans une seconde partie se comparer à d’autres artistes connus dans l’histoire ou aujourd’hui.

    Au delà de l'étude d'un philosophe sur un peintre. Chaque aspect des tableaux de Bacon est abordé et sont ordonnés en suivant la logique de la sensation. En effet, divers éléments, divers thèmes viennent définir la sensation. Deleuze montre comment les figures de Bacon sont contre la figuration, pourquoi le corps est comme une viande, une tête animale ? Quelle est vraiment la définition de la sensation ? Pourquoi cette peinture est elle hystérique ? Quel est le but de faire des séries, des triptyques ? Quelles forces nous retrouvons et pourquoi ? Qu’est ce le diagramme ? Et enfin ce que nous apportent les couleurs ?

  Tout d’abord, Deleuze explique que l’artiste isole ces figures. Il délimite un rond, un ovale là où souvent le personnage est placé. Le but est de rendre une sorte de confrontation de la Figure dans le lieu, ou sur elle-même. Le rapport de la Figure avec son lieu isolant définit un fait : le fait est, ce qui a lieu. Ce cheminement lui permet donc de devenir juste une image et non une représentation. C’est donc une première explication qui démontre que Bacon est contre une certaine figuration. Pourquoi ? « La peinture n’a ni modèle à représenter, ni histoire à raconter » Ainsi, comme on le sait dans l’histoire  pour échapper au figuratif il ya soit l’abstraction soit comme bacon, l’extraction ou l’isolation. Le but alors est d’éliminer toute narration, tout ensemble de représentation afin de se contenter de ce qui est, de s’en tenir au fait comme une façon de neutraliser. Il traite alors, la figure comme le reste du tableau c'est-à-dire qu’il ni a ni profondeur, ni différence de lumières ou d’ombres. Ce n’est plus un paysage, ni un fond. Ce qui occupe le reste du tableau, ce sont des aplats de couleur vive uniforme et immobile. Ils structurent, spatialisent, ont la même place que la figure. Tout est au même plan. Chaque éléments neutres, isolés est mis en relation, en connexion comme pour y définir quelque chose, une sensation. Sensation qui n’est qu’augmentée par l’utilisation du flou, une façon de « détruire la netteté par la netteté » en déformant les rapports d’intensité entre les plans. Pour rendre contre de ces affirmations, on peut prendre l’exemple d’un autoportrait de 1973 ci-dessous. Il n’y a effectivement pas de perspective. Le sol plutôt lumineux a l’air de déséquilibrer tout l’espace du tableau, il est placé de façon à être presque verticale, il forme comme une courbe. Les aplats au fonds et la forme de la figure sont verticales, placés comme des éléments à part entière, présents un peu superposés, connectés mais surtout isolés. Le personnage ne fait absolument pas partie d’un espace. Il est présent sous une forme, flou, non reconnaissant, loin de la représentation alors que c’est pourtant un autoportrait. On remarque comment Bacon ici délimite ces éléments, comment ils les enferment. Tout d’abord par les aplats, il ne laisse pas de profondeur seulement de la matière mais aussi par des contours. Sous la chaussure de la figure il y a comme une ombre seulement elle apparaît ici comme quelque chose de tout aussi important, tout aussi présente que la chaussure elle-même, comme une matière aussi importante que la figure. L’ombre n’acquiert cette présence que parce qu’elle s’échappe du corps, elle est le corps qui s’est échappé par tel ou tel point localisé dans le contour. D’autre part si l’on observe la chaise que l’on reconnaît sous sa forme, on remarque qu’elle est à côté du personnage et non en dessous de façon à nouveau d’éliminer la profondeur. De plus, la chaise est ici placée comme élément de contour, de séparation. Pour finir sur « l’autoportrait » soit l’homme à la tête de porc, on remarque une déformation, comme si le corps faisait un effort sur lui-même, un effort statique, qui viendrait de l’intérieur voir de l’esprit mais retranscrit par le corps par un mouvement intense. Un mouvement statique, difformant alors la représentation pour constituer la figure. Et c’est alors sur l’idée de corps, de déformation ou d’animalité que Deleuze va continuer son développement.

    Alors, comme on l’a vu le personnage reste flou, du moins sa tête. Deleuze va donc développer cet aspect de la figure, l’idée du corps, de la chair, de la viande ainsi que la tête-viande. Il y a bien une figure qui se résous plutôt à être un matériau, une matière. « Le corps est Figure, non structure » En effet la figure n’est pas en aplat, pas tout à fait, elle n’a pas de visage, pas d’aspect humain. « Le visage humain n’a pas encore trouvé sa face » Le philosophe explique qu’elle n’a qu’une tête comme une partie intégrante du corps. Et se réduit parfois qu’à la tête puisque Bacon est portraitiste d’où ses nombreuses études de portraits (celui de George Dyer ou de Lucian Freud ou Isabel Rawsthorne) On pourrait se dire qu’il manque justement l’idée d’esprit, Deleuze évoque lui un esprit animal comme une façon de défaire le visage et de faire surgir la tête sous le visage. Il remarque qu’il y a l’utilisation de traits animaux grâce aux déformations. Quelles déformations ? En fait la tête est nettoyée, ce qui en reste ce ne sont que les traits d’animalité qui permettent alors de donner un sens à la figure, de donner une individualité et cela sans la figuration. L’homme est remplacé par l’animal, l’animal comme trait. Dans certains tableau la réalité d’un animal apparaît, par exemple un chien traité comme l’ombre de son maître ou que l’ombre de l’homme est l’apparence d’un animale individuel. Par exemple dans « Triptych » de 1976 un trait frémissant d’oiseau qui se vrille sur une chair nettoyé se confronte aux simulacres de portraits-visages qui apparaissent comme « témoin » et non humain. On retrouve aussi le chien dans les études de chiens ou les portraits de « George Dyer with a dog » C’est un peu une métaphore, notre animalité ressort du corps humain. On ne distingue plus l’homme et l’animale et ce n’est même pas une question de mutation, plutôt de déformation de corps par l’esprit. Et au delà de la tête on comprend vite que Bacon s’intéresse à la viande comme état du corps où la chair et les os se confrontent localement. Pourquoi de la viande ? Parce que pour l’artiste ce n’est pas une chair morte mais l’esprit de toutes les souffrances comme l’objet de la pitié. « L’homme qui souffre est de la viande, la bête qui souffre est un homme », ce n’est donc pas de la pitié pour les bêtes. La viande est donc le rapprochement entre l’homme et la bête car tout deux sont de la viande. Dans « painting » de 1946 le rapprochement entre l’homme et la viande est clair. Il identifie ces objets comme horreur ou comme compassion. Cependant il ne cherche pas à évoquer un sentiment. Il est bien question de boucherie, d’abattoirs et l’artiste y voit clairement un lien fort avec la crucifixion. On ne peut pas ignorer l’aspect religieux dans ces tableaux d’où la présence de la figure du pape dans certaine œuvre ou la crucifixion dans « painting ». Pour en revenir, à la tête elle-même, pour Bacon malgré que la tête soit la partie la plus proche des os, c’est le visage qui appartient à l’os pas à la tête c’est donc pourquoi la tête est ainsi désossé mais pourtant pas si molle, tout de même ferme. En fait c’est de la chair, de la viande. Pour résumé, l’artiste fait de la tête un bloc de chair sans orbites. Deleuze appelle cela la tête-viande par laquelle tout le corps tend à s’échapper. On le comprend clairement avec l’œuvre « Velasquez portrait of pope innocent X » de 1953. La structure tend à rejoindre la forme matérielle. Cela ce remarque par l’effort que la figure fait sur elle-même, en fait ce n’est que l’instant d’un effort qui jamais finalement s’échappe, qui jamais disparaît comme une douleur infinie. Car le cri du pape, où tout le corps s’échappe par la bouche n’exprime qu’alors l’idée d’une sensation, et si alors Bacon parles de douleur elle n’est qu’une sensation, non un sentiment, non une représentation.

   Ainsi, Deleuze tente de définir l’idée de sensation. Il  compare l’œuvre de Bacon  à l’abstraction et à la peinture figurative qui n’est que cérébrale c'est-à-dire que le spectateur ne ressent pas l’œuvre, ne la vit pas. Ces dernières arrivent à transformer la forme non à déformer le corps. Le philosophe explique qu’il ya alors un caractère irréductiblement synthétique de la sensation, différents ordre de sensations à partir d’une seule et même sensation. Qu’est ce qui fait la sensation chez Bacon ? L’auteur rejette l’idée qu’elle vient de la figure puisqu’en effet celle-ci se bat contre toute représentation et qu’elle reste absolument neutre. S’il y a quelque chose de sensationnel dans ces figures c’est justement parce que rien de visible n’arrive. L’horreur exprimée ne dépend plus de ce qui est représentée. D’autre part, il rejette aussi l’idée que l’on donne finalement une histoire à la Figure où une âme, l’idée que l’artiste veut exprimer les sensations de la Figures par ce qui est représenté autour. Cependant cela serait de l’ordre du sentiment ce qui ne peut être chez Bacon puisque ce qu’il  exprime est bel et bien « des sensations » et des « instincts ». C’est la recherche de ce qui remplit la chair au moment de sa descente, de sa contraction ou de sa dilatation. La sensation détermine l’instinct ce qui nous fait directement penser à l’instinct animal de nouveau. L’hypothèse du philosophe c’est que la sensation soit des arrêts  ou des instantanés de mouvement même si le mouvement n’explique pas la sensation. En fait c’est un mouvement sur place,  un spasme, l’action sur le corps de forces invisibles qui expliqueraient mieux la provenance des déformations de la Figure.

  Par ailleurs, Deleuze montre qu’il ya une certaine hystérie dans les œuvre de Bacon. Quel est alors sa définition de l’hystérie et pourquoi Bacon l’exprime t’elle ? On a parlé d’une sensation venant du corps, de forces invisibles, d’une sensation vécu mais le corps est encore peu de chose par rapport à une Puissance plus profonde, presque invivable. Le corps de Bacon est sans organes, chair, viande mais loin de l’organisme. La sensation est ici vibration. Ce fameux mouvement inexplicable, ces forces invisibles viendrait de là, de ces spasmes du corps entièrement vivant mais sans organes, corps complètement vibrant attaché mais incontrôlable. La sensation est alors portée sur l’onde nerveuse ou l’émotion vitale .L’hystérie permet d’expliquer la sensation comme réalité. Quand elle est ainsi rapportée sur le corps elle cesse d’être représentative. Ainsi, ces force incontrôlables du corps poussent à l’hystérie c'est-à-dire à celui qui impose sa présence, à l’excès de présence. La présence agit directement comme sensation et rend impossible la représentation. Et si l’on reprend le tableau « d’Innocent X », on remarque que Bacon a hystérisé le pape. En effet, ce n’est pas le cri qui représente l’hystérie, il y a un sourire hystérique et un cri à la fois. Ici ce qui exprime l’hystérie c’est cette chose invisible qui se dresse devant le pape comme exorcisé, toute la sensation amenant le corps à  s’échapper par la bouche. Pour continuer avec l’idée de forces invisibles l’auteur pense que l’art dans tous ces domaines, a pour but de reproduire ou d’inventer des forces c'est-à-dire de les rendre visible. La force a un rapport étroit avec la sensation puisqu’elle s’exerce sur un corps. Mais ce qui est important de comprendre c’est que si la force est la condition de la sensation, elle n’est pourtant pas ce qui est ressentie par la sensation.  Deleuze accumule plusieurs  forces déjà vues au para avant : les forces de l’isolation, la déformation, de dissipation soit la rencontre entre l’aplat et la figure, la force des triptyques qu’ils développent après. En quelque sorte Bacon cherche à rendre visible la vie et le temps, la force du temps.

Pourquoi Bacon fait il des triptyques ? Comme on vient de le voir, déjà le triptyque permet de donner beaucoup plus de forces, et donc beaucoup plus de sensation. Il permet également de donner un rythme, de faire passer la sensation à différents niveaux, de confronter deux sensations, d’accoupler deux figures. Il n’est plus question de vibration mais de résonnance. Il y a un rapport entre les parties séparés mais il n’est ni logique ni narratif. Il n’implique aucune progression. C’est trois instants autonomes qui font n’être en nous l’impression du Temps. Les trois tableaux restent séparés, mais ils ne sont pas isolés ; Le cadre renvoie à l’unité distributive des trois.

Puis, Deleuze poursuit sur l’acte de peindre. Bacon va appeler diagramme les marques, taches de couleurs, touches qui vont venir recouvrir ou effacer les figures. La fonction du diagramme c’est de suggérer, rompre avec la figuration. Cependant elles ne se suffisent pas elle-même, ne constituent pas un fait pictural. Le diagramme ici n’a pas de sens, le peintre se confronte à la matière. Il est un chaos qui a pour but de confronter la matière à la présence.

Pour finir, le philosophe fait une note sur la couleur. Elle aussi est une force. Il y comme on l’a vu des traits rectilignes soit des aplats qui marquent clairement un contour, une sorte de moule tactile. La couleur permet de moduler l’ensemble des éléments, leurs répartitions, et la manière dont chacun agit dans les autres. L’espace des tableaux de Bacon est traversée par de large coulée de couleurs. Cet espace a une masse homogène et fluide dans sa monochromie souvent rompue par des brisants. La situation picturale la plus pure n’apparaît que lorsque l’aplat n’est ni sélectionné, ni limité, ni interrompu. Ainsi c’est dans ces conditions que le tableau atteint un maximum de lumière « comme à l’éternité d’un ton monochrome » L’aplat est une perception temporelle successive. La Figure, elle, est constituée souvent de ton rompus de couleurs de la chair ou de la viande. En fait, ce ton rompu s’oppose presque à l’aplat, il est polychrome : ton éventuellement le même, mais vif, pur ou entier. Souvent les objets, chaise, tapis, lavabo sont une excuse à la couleur et un contour à l’isolation, à la limite que Deleuze appelle pour terminer couleur-contour.

   Pour poursuivre, tous les aspects qui viennent d’être évoquer, le contour, l’isolation, l’anti figuration, le triptyque, la sensation, le cri, la tête-viande …vont être maintenant comparés ou illustrés par d’autres exemples dans l’histoire de l’art, par d’autre artistes, autres œuvres.

Pour commencer, cette couleur-contour, ces aplats qui cherche à isoler peuvent se comparer à la technique du cloisonnisme crée par les impressionnismes. C’est surtout Gauguin qui utilisait cette technique qui se caractérise par des blocs de couleur cernés d’un trait plus foncé. Ce cerne permet de délimiter les aplats de couleur les uns par rapport aux autres. Il permet aussi de mettre en valeur les éléments peints. Il s’oppose au flou impressionniste et tend à une rupture par le fait que l’objet extérieure n’est plus qu’un prétexte. L’espace est déréalisé.

Si l’on prend l’exemple du christ jaune de 1889, on ne peut pas louper ces fameux aplats de couleur jaune. Le christ crucifié est de la même couleur que le champ comme s’il s’y échapper. Et comme pour Bacon la Figure se dissous avec le fond, la matière. Les aplats enlèvent la profondeur, et malgré la représentation de l’espace et du paysage, l’espace parait perdu. Le christ représenté a l’air d’être qu’un prétexte à la crucifixion car le paysage ne fait absolument pas penser à la vraie crucifixion du christ. Gauguin ne supprime pas la figuration mais est le début d’une volonté de rendre à égalité chaque forme, chaque structure, de mettre tout au même plan.  Au niveau des couleurs Gauguin est très lumineux, utilise des couleurs purs, et uniquement purs beaucoup plus que le fait Bacon qui avec ces figures cherche à évoquer les couleurs de la chair avec des tons rompus.

   Ensuite, pour poursuivre avec la comparaison des impressionnistes, on ne peut que assimiler l’œuvre de Bacon à celle de Cézanne puisque en effet lui aussi détruit la perspective et y laisse un espace à deux dimensions. Il rend la réalité par un système de signes, de formes, de couleurs. Il est constructiviste. Comme on l’a vu dans l’autoportrait de 1973 de Bacon, les aplats, les objets prétextes à l’isolation sont des structures verticales tout comme la figure. Si l’on prend « les joueurs de cartes » de Cézanne, on ne peut pas nier que chaque formes, chaque espaces est construit. Il ya deux figures tout aussi verticales qu’une bouteille pour la première fois au centre qui sépare les deux joueurs. Les figures sont l’objet d’une nature morte, l’objet d’une forme et plus réellement d’une représentation. Cézanne peind ce qu’il voit, il ne se souci plus de ce qu’il ya autour. Et comme Bacon il va utiliser la déformation mais seulement pour but de construire son tableau. Mais la déformation chez Bacon agit plus comme une force venant du corps tandis que chez Cézanne elle vient de l’extérieur, des formes. Par exemple, la bouteille, on dirait qu’elle aspire les deux figures, qu’elle les démesure. On remarque très bien que les figures sont totalement étirées allongées pour rejoindre la table. Il les étire comme pour réaliser des formes structurantes, des cônes, des sphères, des cylindres mais jamais des cubes qui rendent la profondeur. Et ses cônes ne se rapprochent t-il pas des aplats de Bacon qui permettent l’isolation ? Pas tout à fait, car le réel but de Cézanne était de trouver des volumes dans ce qu’il y voyait. Mais c’était déjà le début de lutter contre le cliché de toutes données figuratives car cette géométrie que l’artiste tente de parcourir cherche à éliminer les codes de la peinture. En effet, il y a la destruction des coordonnées figuratives. Le corps et sa masse débordent l’organisme et destituent le rapport forme-fond. Les corps sont en déséquilibre, en état de chute perpétuelle ; les plans tombent les uns sur les autres et ne délimitent  plus l’objet. Alors pour arriver à un minimum de ressemblance Cézanne a besoin d’une déformation de ces figures, de les étirer. Il ya tout de même de la profondeur chez Cézanne mais elle est superficielle. C’est ce type de profondeur que Bacon obtient par la jonction de plans verticaux et horizontaux.

   Par ailleurs, l’idée de la figure contre la figuration se confronte à la photographie qui aujourd’hui a pris une place importante dans l’art. En effet quoi de plus de figuratif qu’une photo ? C’est pourtant à partir de photographie que Bacon peind. Cependant l’artiste rejette tous clichés. Ce qui l’intéresse ce sont les photos ratées, les radiographies, la chronophotographie. Tout ce qui peut toucher aux déformations du corps et de l’espace. Pour l’artiste la photo tend à écraser la sensation à un seul niveau. Et si le mouvement du corps chez Muybridge l’intéresse autant c’est parce qu’il amène la sensation a plusieurs niveaux. En effet, la décomposition du mouvement, l’instant de chaque seconde amène à une sensation et à une série de sensations accumulées. Dans les autoportraits  de George Dyer qu’à fait Bacon on ne peut pas nier ce mouvement violent que crée l’artiste avec une tête à 180°. De plus, les aplats, les couleurs, la déformation viennent totalement se confronter à la photographie qui capte tous les détails, toutes les perspectives. La photo que l’on ne peut plus oublier, qui est partout, dans les journaux, où en ville. C’est une certaine imagerie de cliché qui conditionne l’œil, nous confronte à des clichés qu’on ne pas romprent puisque cette accumulation d’images est comme imposer à nos yeux, il est ainsi difficile d’être neutre et d’avoir comme Bacon une vision de tous éléments neutre. Enfin, pour revenir à l’idée de mouvement, même s’il n’est plus de photographie, Comme on l’a vu pour Deleuze la sensation chez Bacon seraient comme des arrêts ou des instantanés de mouvement. Si l’on prend le « nu » de Duchamp, c’est un peu de ça dont il s’agit. Au-delà des formes géométriques, la figures décomposées, déstructurées descend un escalier. Chaque forme géométrique apporte comme une force de l’instant, une force qui exprime la sensation, la sensation du temps et de l’instant. Pour rester, dans l’idée de départ soit l’anti représentation on ne peut pas nier que l’abstraction est un mouvement qui la rejoint. Par un effort spirituel et manuel intense, elle s’élève au dessus des  données figuratives. Et les formes abstraites n’ont plus besoin de se structurées dans un espace précis. Si l’on prend l’expressionisme abstrait, la ligne ne fait pas de contour, ne délimite rien, ni intérieur ni extérieur. Finalement ce n’est plus le tableaux qui donne l’infini qui compte mais l’action de peindre comme puissance manuelle. Plus besoin de représentation, c’est la présence de la peinture elle-même, de la peinture elle-même, la présence du corps de l’artiste, de son geste, de l’instant de peindre. Et si l’on reprend l’idée du diagramme, cette matière chez Bacon ne suffit pas à rendre visible la sensation, pour lui cette matière est juste un moyen de rompre avec la figuration et d’atteindre la sensation. On pourrait dire que l’abstraction est la représentation la plus concrète de la sensation de l’acte de peindre.

Puis, si l’on revient à l’aspect de chair et de viande que Bacon exprime dans ces œuvres, on peut comparer cela à Rembrandt et à Chaïm Soutine. Tout deux, ont peind des crucifixions de chair et de viande : « le bœuf écorché » de Rembrandt et « le lapin écorché » de Soutine. Ainsi, il est clair que la crucifixion apporte une sorte d’émotion vitale, une sorte conscience du corps qui n’est que chair et convoqué à mourir. Chez Rembrandt, la représentation est plutôt mise en avant, on y ressent tout de même une profondeur. Cependant, l’œuvre est ici comme une confrontation. Le regardeur a un statut de témoin de conscience de la mort et du corps viande.  Mais la couleur chair, la structure comme corps sans organes, est la même que chez Bacon. Chez Rembrandt, on ressent peut être plus un sentiment qu’une sensation, soit un certains dégout ou refus de ce que l’on voit. Puis, chez Soutine c’est différent, car la viande le corps a le même statut que le fond, il est comme lier comme s’il n’était plus qu’une forme. La couleur chair, l’aspect de viande est pourtant bien là, mais c’est moins dérangeant comme s’il avait voulu diluer, estomper le corps à l’espace. Cependant ce qui éloigne ces deux œuvres à Bacon c’est que l’on n’y retrouve pas autant cet excès de présence, cette hystérie qui augmente la sensation du corps. De plus, on ne retrouve plus que l’animalité et la mort, tandis que chez Bacon il y a une ambigüité entre l’homme et l’animale, une ambigüité entre le vivant et le mort, entre le mouvement et le statique.

   Mais, pour comparer réellement la logique de la sensation de Bacon, qui se ressent par l’extraction d’une force intérieure invisible poussant le corps à se fondre, à vibrer, éjecter comme un cri, il y a également le cri de d’Éduard Munch. En effet, lui aussi utilise le cri comme moyen d’exprimer un malaise intérieure, une force intérieure poussant le corps dans tout l’espace. La tête apparaît comme une tête de mort ce qui n’est pas le cas chez Bacon puisqu’elle est désossée. Et la déformation du corps emporte tout l’espace, comme si la bouche ouverte dégagée une forme, un espace, une force. Chez Munch il est bien question d’émotion, de peur, de crainte mais aussi de sensation puisque cette peur, cette crainte apporte une douleur, une sensation. Mais, c’est vraiment le sentiment qui domine, il n’est pas question de spasmes, il y a bien une réalité, une conscience. Et le cri, chez Munch comme chez Bacon tant à être entendu. Nous avons la représentation d’un cri, c’est comme rendre visible le son de ce cri, il n’y pas de son pourtant. Mais l’espace donnée à cette force nous tend à cette sensation qu’est ouïe.

  Pour terminer et pour conclure il ya aujourd’hui dans l’art contemporain des moyens plus concret et plus expérimentale de créer la sensation, de la vivre. Effectivement c’est le cas de la performance et des installations. La performance permet à l’artiste d’utiliser son propre corps, de le confronter, de le limiter. Il est donc toujours question du corps en action. La présence d’un corps peut-il rendre visible une sensation ? Quand Gina Pane s’entaille les avants bras n’est il pas question de douleur ? De sensation ? Le spectateur n’est il pas là comme témoin et avec empathie ? Puis les installations, purs lieux d’expérimentations sont alors également des œuvres qui permettent la sensation aux spectateurs. Que ce soit des installations lumineuses, spatiales, elles permettent de vivre l’instant, non figé cependant. Mais, elles tendent aux divers sens du corps dans un espace donné et direct. Ainsi, Francis Bacon reste lui dans l’espace de sa toile, mais la sensation reste elle, éternellement figée.

26 décembre 2007

L'enfance et l'adolescence

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          Les exemples d'artistes cités ici pratiquent essentiellement la photographie et la video, pratique essentiel également dans mon travail. On va trouver un travail sur le portrait jusqu'à un travail plus onirique et de l'ordre de la sensation. Les images peuvent dénoncer, évoquer, montrer le point de vue de l'enfant ou de l'adolescent, la pression du monde sur lui et l'image que l'adulte cherche à avoir de lui. De la naivité qu'il procure, l'enfant cache un jeu démoniaque derrière lui.

Cette confrontation au monde que l'enfant rencontre ELLEN KOOI la concoit complétement.

L’imagerie très particulière d’Ellen Kooi a plusieurs origines. Tout d’abord, sa prédilection pour la mise en scène est sans doute issue du théâtre, milieu dans lequel elle a débuté son travail de photographe. Elle s’en inspire à l’évidence dans ses compositions et préfigure d’ailleurs celles-ci par des croquis, et, tel un metteur en scène, utilise ses modèles comme des acteurs. Le spectateur est souvent confronté à des personnages dans des positions/actions incongrues qu’elle implante dans un milieu urbain ou dans des paysages verdoyants, telles six femmes pêchant en arc de cercle sur un quai du bout du monde ou bien une femme appelant un interlocuteur improbable devant une bouche d’égout.

Par ces mises en situations quelques peu extravagantes, on peut également rattacher son travail à l’univers surréaliste. Ce penchant pour l’absurde et l’humour fait écho aux travaux de nombreux artistes hollandais tels ceux, par exemple, de Teun Hocks, qui par ses propres mises en scène, se situe en droite ligne de ce courant. On relève parallèlement, dans son œuvre, d’autres caractéristiques de la photographie néerlandaise contemporaine.

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Ainsi, ses images, mélange de réalité et de symbolisme, dont l’unicité des compositions est achevée en explorant les possibilités du numérique, sont certainement liées au goût pour une photographie manipulée que l’on retrouve chez de nombreux plasticiens hollandais. Ces artistes, amoureux de l’étrange, tels que Inez van Lamsweerde, se font remarquer depuis quelques années par des manipulations oserions-nous dire plus « génétiques » que simplement numériques de l’image. Ellen Kooi quant à elle met à profit cette technique pour accentuer la « dé-réalisation » des mises en scènes et renforce ce procédé par l’usage d’éléments cinématographiques. D’une part, les prises de vues à la Hitchcock, souvent basses ou en contre plongée, imposent au spectateur une perception de la scène au niveau du sol comme s’il débouchait sur un monde dont il serait l’intrus tel Alice aux pays des merveilles. D’autre part, l’irréalité des scènes irisées de couleurs très particulières -qu’elles soient fluos, saturées voire criardes- contribuent à nourrir l’aspect cinématographique du décor. Enfin, les photographies, souvent prises en format panoramique confortent cette vision en cinémascope.

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Ainsi, les photographies d’Ellen Kooi étonnent, intriguent, voire émerveillent. On se demande ce que l’on regarde, une image chimérique, parfois inquiétante ou bien une « vraie » image dont la mise en scène serait savamment orchestrée. Ellen Kooi joue constamment de ce principe et nous invite à rentrer dans son monde qui vacille entre rêve et réalité.

                       ENTRE REVE ET REALITE MIRIELLE LOUP va dans le même sens que Ellen kooi

Esquives est la représentation de l’univers mentale d’une enfant nommée Emilie. Dans des espaces naturels à première vue vierge de toute traces humaines, on retrouve la petite Emilie, cherchant un refuge à une réalité plus que pénible.
Je redécouvrais Emilie, je la relisais. Un enfant dort toujours la
nuit, même lorsqu’il a été humilié, même lorsqu’il a pris des coups. Un enfant dort toujours la nuit. Au matin, dès qu’il ouvre les yeux, l’enfant se lève. Il est joyeux. Même s’il sait déjà que la misère s’abattra sur lui tout à l’heure. L’enfant se lève et sourit. Il sourit d’être encore bien vivant, malgré tout. Il espère jusqu’au dernier moment des changements radicaux. Il est naïf. Il a la foi. Je regardais Emile.

Esquives est l’univers mental d’une enfant, Emilie, mis en scène dans des décors naturels majestueux. Dans cette série photographique, le paysage exerce une prédominance symbolique. Il entoure, enferme, soumet la fragile « figurine ». Mireille Loup est partie de l’idée suivante : chaque décor est une projection mentale d’Emilie qui lui permet d’échapper à une réalité pénible dont on ne sait rien a priori dans les images. La fillette semble subir le paysage plutôt que d’y prendre place. Les refuges qu’elle s’invente l’emprisonnent entre un imaginaire où elle ne parvient pas à s’épanouir et un monde réel hostile qui la rattrape. On pense alors à Lewis Carroll et de même qu’Alice rapetisse ou grandit dans le décor, Emilie n’est pas non plus en rapport d’échelle avec le paysage. Un décalage qui vient là encore renforcer l’illusion onirique.

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Emilie paraît tour à tour abandonnée dans les proportions irréelles d’un marais salant, immergée les yeux fermés dans un lac aux tonalités sanguines, absorbée dans un jeu sur les pierres plates d’une rivière obscure, piégée par les fumées d’une rizière enflammée, plantée comme un arbuste dans un champ d’obione, ou encerclée par la montagne qui semble se dresser autour d’elle.

                Nocturnes ou les garçons perdus est un travail photographique qui s’inscrit dans le prolongement de la dernière série de l’artiste, Esquives.
Il propose des échappées nocturnes dans l’univers fantasmagorique de l’enfance. Deux « garçons perdus » vêtus de pyjamas voyagent la nuit dans un « Pays de Nulle Part ». Les ambiances nocturnes ressemblent davantage à des décors qu’à des paysages naturels : lumière et couleurs irréelles viennent participer à l’imaginaire, simulant pour certaines images un décor en carton-pâte de mises en scènes théâtrales.
Pour réaliser ces photomontages, Mireille Loup s’est inspirée de l’œuvre de James Matthew Barrie, Peter Pan. Dans ce conte qui fut d’abord une pièce de théâtre, les garçons perdus sont des enfants tombés de leur berceau. Si au bout de sept jours ils ne sont pas réclamés par leurs mères, ils atterrissent au « Pays de Nulle Part ». Pas de Capitaine Crochet cependant, ni de crocodile dans cette série photographique. Plutôt que de faire une illustration du conte, Mireille Loup a préféré reprendre les sources d’inspiration premières de l’écrivain : le décès accidentel et traumatisant d’un frère âgé de treize ans alors que James était petit garçon et qui a rendu sa mère inconsolable. Pour plaire à celle-ci, pour se faire aimer d’elle, James portait les vêtements de son frère aîné. Et dans sa douleur, sa mère croyait reconnaître le défunt plutôt que James. Celui-ci enviait à regret cet aîné qui n’aura jamais grandit et qui obtint plus de reconnaissance de sa mère par son absence que James par sa présence. Ainsi est né Peter Pan, un mélange entre James lui-même et ce frère perdu, un enfant qui refuse de grandir et qui fut d’abord un garçon oublié par sa mère, « elle referma la fenêtre sur lui ».

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On ne s’étonnera pas alors que l’œuvre de James Matthew Barrie ait fait écho au travail de Mireille Loup, puisque l’absence et l’isolement sont des thèmes chers à la photographe. Dans Une femme de trente ans (1999-2001), l’héroïne cherche à retrouver le lien avec la mère, et les hommes qui y figurent sont flous ou pixellisés, absents donc de l’image. Dans son roman photographique Esquives (2002-2005), Emilie a perdu sa sœur aînée lorsque celle-ci est âgée de treize ans, et les images montrent une enfant esseulée dans des paysages majestueux.
Au travers de l’oeuvre de Peter Pan, jamais James Matthew Barrie ne fait étalage de cette souffrance. Elle est évoquée pour se transcender en une fantasmagorie.
Mireille Loup fait état de cette même pudeur dans la série Nocturnes ou les garçons perdus. On y voit deux garçons, l’un petit, l’autre pré-adolescent. L’aîné accompagne le plus jeune : il l’attend, le protège, mais il n’est pas le protagoniste principal. Souvent il est en retrait, dans l’ombre, de dos ou capuche sur la tête. Parfois, il est absent de l’image, laissant seul le plus jeune. L’artiste montre les choses sans les nommer. Elle laisse de côté les abandons visibles, les souffrances évidentes, et nous invite à une promenade dans l’univers de contes. Elle nous parle des rêves d’enfants, de leur poésie et nous rapporte un peu de notre enfance oubliée.

                   Pour continuer dans l'espace onirique et sensoriel je vais parler de Catherine Larre.

Des silhouettes, des visages dans la pénombre, des regards voilés, les images de Catherine Larré sont chacune une exploration délicate, subtile, de paysages mental, où les êtres sont comme des apparitions, fragiles, égarées dans un songe.

Parfois une chevelure au premier plan évoque cet état de conscience particulier, à la frontière de l’éveil et du sommeil, où, immobile on assiste impuissant au film mystérieux de nos rêves.

Sans doute dans ces photos le mystère tient-il aussi à cette lumière si singulière qui ne dévoile pas les choses, mais au contraire les trouble.

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Diurne, elle fait irruption sur ces modèles pour irradier les corps, éblouir les visages, voiler l’image.

Nocturne, la lumière est si sourde que les regards peinent à émerger de l’ombre dont ils semblent être prisonniers.

Il y a quelque chose de l’ordre du surnaturel dans cet univers, pourtant ici rien de menaçant. On se sent plongé dans une lenteur particulière, mélancolique qui nous rappelle aussi nos rêveries d’enfance où l’inquiétude se mêle à une certaine douceur.

Catherine larré parvient à nous replonger dans ces sensations-là, elle nous entraîne à prendre le temps de sentir la chaleur d’un rayon de soleil, de s’émerveiller de la rosée qui perle sur une toile d’araignée, on se laisse bercer par cette eau caressante, en humant les yeux mi-clos un bouquet d’Iris. Le temps se dilate, des instants suspendus, en silence avec un petit parfum d’éternité.

(Olivier Panchot)

http://www.catherinelarre.com/index.html

Yveline Loiseur va s'intérresser également à la lumière mais surtout à la famille où l'enfant entre ses parents ne paraît pas être vu. Pensif et pur son esprit est une reflexion sur ce qu'il voit et découvre.En soustrayant une partie du corps au regard, celui-ci est peut-être davantage représenté paradoxalement. Une forme d’absence peut advenir avec le cadrage.

"Je recueille des postures, des qualités de lumières, des relations entre les personnages au niveau des matières de leurs vêtements, des attitudes des corps dans un carnet ou sous la forme de petits journaux. Je dessine l’image, et je prévois une séance de prise de vue."

"Ce qui me semble important ce sont toujours les résonances que l’intérieur peut avoir avec l’extérieur et que chaque événement provoque une rencontre avec la mémoire sensible du spectateur."

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"Ce qui assez frappant dans l’exploration du réel que font les enfants, c’est le rapport qu’ils créent avec lui : un peu magique dans le contact avec les matières, dans l’enveloppement des corps avec les tissus. On retrouve l’utilisation des objets servant à créer un espace dans la danse contemporaine. Le geste crée l’événement. Les enfants explorent le territoire en prolongeant leur corps avec des prothèses comme les chaussettes qui deviennent le prolongement des bras. Cela transforme les bras et de ce fait la perception du réel. J’avais repéré ce geste et j’ai demandé à l’enfant de le reproduire pour faire une photographie."

"Dans cet univers, il y a cette idée de mêler une image singulière et une expérience ainsi que l’imaginaire collectif. Parfois cet imaginaire appartient à l’univers de la photographie, mais cela peut être l’univers de la danse ou de l’art contemporain. Pour cette image, j’ai pensé aux autoportraits au miroir ou à cette image de mains sur le miroir de Bruce Nauman"

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"Cela fonctionne comme un souvenir, une précision vague : les gestes sont précis, mais on ne sait rien des sentiments ou des intentions des personnages, on est entre l’exactitude et l’indéfini. Cela crée une distance, c’est aussi l’avantage des personnages plutôt que des personnes. On retrouve cela chez Robert Bresson qui considérait ses acteurs comme des modèles et non comme des personnes agissantes. Il faut se défaire de l’expressif, de l’intention, du drame, du spectaculaire, du pittoresque, aller vers l’allusif, ce qui fait que l’on n’entre pas dans l’intimité du personnage. R. Bresson disait d’ailleurs que : « Le cinématographe, c’est l’art de ne rien montrer. C’est l’affaire d’ombre et de lumière. Il faut beaucoup d’ombre »."

Il s’agit plus d’un travail sur le groupe et le rapport de l’individu au groupe que d’un travail fondé sur la filiation.

"Le thème de l’enfance est délicat car il est souvent traité et servi sur le terreau de la sensibilité. En prenant de la distance par rapport au thème de l’enfance, on découvre l’envers du miroir et le côté névrotique de l’enfance. Les modèles sont littéraires, est-ce une tentative de jouer avec le genre de l’album de famille, de le pervertir ?

Oui, la question des genres en photographie m’intéresse : la photo de famille, de classe ou l’inventaire photographique… mais il s’agit toujours de pervertir, transformer, jouer avec les genres, car on n’est pas directement dans le portrait, ni dans l’autobiographie ou l’autofiction ni même l’album de famille. J’essaie toujours de jouer avec les places attribuées."

Texte venant d'une interview voici le lien: http://yveline.loiseur.free.fr/photographie.php?page=yveline-loiseur-textes-detail&id_artiObjet

                   Cible privilégiée de la publicité, l'enfant est fréquemment représenté par l'art contemporain et notamment en photographie et vidéo. Si les œuvres rassemblées renvoient à la période de l'enfance, à son ambiguïté, à son ambivalence, aux joies et aux angoisses liées aux pulsions, les mises en scène affirmées, les manipulations numériques évidentes, ou exagérées, apparaissent comme des formes de résistances à une vision idyllique de l'enfance, aux projections des désirs des adultes et aux rôles qu'ils voudraient leur faire jouer.

L'étrangeté traverse aussi les travaux de Loretta Lux qui utilise les codes du portrait classique (pose, décor, apprêt), le logiciel de retouche se substituant à la palette, pour construire une image idéale de l'enfant. Celui-ci n'est pas représenté en tant qu'individu, mais comme sujet déshumanisé, aussi idéalisé qu'une poupée, dont les disproportions en font un monstre fascinant.

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La  petite fille  dont le regard s’oublie dans une sorte de mélancolie pose soigneusement au centre d’une photographie et d’un paysage étrangement symétrique. Le ton laiteux du visage vaguement bouffi est un écho au moutonnement du ciel. On peut difficilement ne pas remarquer que la petite fille de The Rose Garden est vêtue très exactement des couleurs roses et vertes du jardin qui l’entoure. Ce vêtement est très soigné, lui aussi ;  les plis tombent parfaitement, la boucle de la ceinture brille, les broderies accusent la symétrie. Mais la tête est ébouriffée.

  Loretta Lux est une artiste née en 1969 à Dresde et qui a grandi dans cette ville de l'ex-République Démocratique Allemande. Elle y a étudié la peinture et s'est tournée tardivement vers la photographie.

  Le choix de cette artiste va obligatoirement en incommoder certain(e)s, mais également en plonger d’autres dans le ravissement, l’émerveillement, le trouble. Car en effet, il se passe indéniablement quelque chose d’un peu inhabituel lorsque l’on commence à regarder ces images. Le dispositif est sobre : une figure, parfois deux, toujours des enfants (à quelques rares exceptions près), disposés sur un fond, également d’une assez grande sobriété. Il s’agira d’un paysage souvent discret, résumé quelquefois à une simple ligne basse et répétitive, ou d’un intérieur rigoureux et dépouillé.  Les sujets posent apparemment très simplement. Quelques accessoires apparaissent parfois. Alors comment expliquer ce trouble ?

   L’inquiétante étrangeté domine. Nous avons sans cesse l’impression de faire face à des individus proches et lointains, réels et fabriqués, à la fois. Les enfants photographiés sont de vrais modèles qu’elle sollicite dans son entourage. Elle les contraint à adopter des poses figées, académiques en refusant le naturel. Les visages évitent systématiquement le sourire ou la moindre expression qui traduirait une proximité de pensée ou tout simplement un échange affectif. Les regards sont absents ou ailleurs. 
  Loretta Lux va habiller ses modèles comme on habille des poupées.  Ces vêtements un peu empesés, d’une autre époque, d’un charme un peu fané, semblent être là pour que les enfants les habitent. Puis loretta Lux va installer ces "poupées" ,  qu’elle aura préalablement très légèrement déformées numériquement,  sur des fonds importés qui seront des paysages épousant la couleur de ses sujets ou des  intérieurs factices travaillés de la même façon. L’élargissement léger de la taille de la tête ou des yeux, le rétrécissement discret du corps ou de l’envergure des épaules vont conférer à ces modèles une allure étrange. 
  Loretta Lux se situe à la marge. Le monde dans lequel elle a vécu (son paysage mental), sa connaissance des maîtres anciens, mais aussi de l'esthétique du réalisme socialiste qu'elle a fréquenté, doivent contribuer vraisemblablement  à l'émergence de formes proches d'une sorte d'enchantement désenchanté.

Et ce corps poupées, idéalisé, parfait sans le moindre défauts cherche à dénoncer l'image hypocrite que l'on utilise chez l'enfant. Derrière cette image pur ce cache la monstruosité humaine et adulte.Alain Delorme va jouer de cette image, denoncant dans la série "little dolls" le jeu hypocrite de la publicité.

Inspirée de l'esthétique publicitaire, la série Little Dolls porte un regard à la fois ironique et inquiétant sur l'identification des jeunes filles aux stéréotypes féminins occidentaux, dont la poupée Barbie, depuis plus de soixante ans, est devenue l'icône commerciale. Véritable incarnation des fantasmes de la société de consommation contemporaine, jouet médiatique et planétaire, Barbie est aujourd'hui la poupée la plus vendue au monde et, par conséquent, un des principaux objets de projection identitaire des petites filles.

Aux Etats-Unis, les "Miss beauty Children", concours de beauté pour enfants et adolescents, sont à l'image de ce phénomène. Lors de grandes cérémonies médiatiques, soutenues ou contraintes par leurs mères, des jeunes ou très jeunes filles défilent, maquillées, coiffées comme des poupées, devant en adopter les tenues, les robes, les mimiques, les traits. Le "modèle Barbie" devient alors l'avatar d'une société qui, en faisant d'une poupée de plastique le symbole d'une féminité, distingue de moins en moins le faux-semblant de la réalité...

Dans les images d'Alain Delorme, le mélange entre jeunesse innocente et objet commercial, dénonce la standardisation et l'assujettissement des corps, des sourires, des regards. Peaux lisses, sourires et attitudes forcées sont contraints par une main toujours présente. À la fois fillettes, femmes et poupées, les Little Dolls ouvrent la voie à un futur possible et inquiétant où l'enfant, au prix de transformations plastiques, risque de devenir un véritable objet, maniable et transformable à souhait. »

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Pas d'exigences esthétiques
Alain Delorme a donc "casté" autant de petites filles entre 3 et 6 ans qu'il pouvait trouver, en faisant appel à ses relations, à ses collègues de travail de l'AFP, où il officie régulièrement comme retoucheur d'images. "Je n'avais pas d'exigences esthétique et la plupart du temps, je ne connaissais pas les enfants, je les découvrais au moment de la prise de vue", précise-t-il.

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Une prise de vue aux rituels extrêmement codifiés. "La petite fille n'était jamais maquillée, je la plaçais devant un drap tendu face à un gâteau le plus coloré possible, acheté dans la boulangerie la plus proche de son domicile. Seule contrainte : le choix des vêtements qui devaient être en phase avec les couleurs du gâteau. Enfin, je souhaitais qu'il y ait toujours la présence d'une main adulte dans le décor. C'est une façon de dénoncer les beauty children et la pression des parents."

Un masque de Barbie
Une fois l'enfant saisi en une cinquantaine de clichés, Alain Delorme pouvait alors composer son image. "J'ai acheté de très nombreuses Barbie, de tous les styles, et j'ai créé des masques à partir de leurs visages en effaçant les yeux, le nez, la bouche et les cheveux mais pas les sourcils. J'ai donc appliqué l'un de ces masques à toutes les petites filles photographiées." Ce qui leur donne l'air maquillé et inscrit leur physique dans une norme aseptisée que cherche à dénoncer le jeune photographe.

Féminiser à outrance
"Ensuite, j'ai refait le nez de tous mes modèles, parfois modifié la structure du visage pour qu'il rentre dans le masque de Barbie et j'ai gommé leurs bonnes joues d'enfants avec pour seul objectif de les féminiser et de les rendre plus adultes", explique-t-il avant d'ajouter, "J'ai laissé parfois des défauts pour dire qu'on ne peut jamais totalement effacer le côté humain de ces enfants qu'on voudrait tellement parfaits."

Déjà liftées
Au final, Little Dolls se révèle une série photographique extrêmement dérangeante qui nous présente 21 petites filles qu'on dirait déjà liftées. 21 petits regards parfois tristes, parfois soumis, parfois artificiellement joueurs, plantés dans un regard pop en Technicolor qui renforce encore un peu plus le malaise ambiant.

                         Ce monstre Santeri Tuori va aussi le déveloper, travaillant l'image video, le portrait de l'enfant est hybride, change, se transforme comme si derrière ce petit visage se caché un être mutant perdant son innoncence et donc apparaissait comme un être démoniaque.

Les vidéos de Santeri Tuori interrogent la relation entre le portrait, la photographie et la vidéo : un portrait est-il le reflet de l’identité ou une image créant un monde nouveau?

Les images de santeri TUORI apparraissent en premier dans la vidéo de l'exposition ci dessus.

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               Pour poursuivre dans le domaine de la vidéo, je vais parler de MARIA MARSHALL qui utilise l'image de son fils pour parler de l'enfant. C'est une part d'intime qui est exposer en l'utilisant, c'est aussi sa vision de mère qui est montrer. Les vidéos de Maria Marshall ne sont pas expressément autobiographiques, bien que ses deux fils jouent souvent les rôles principaux.
L'artiste nous plonge dans le monde de l'enfance, prétexte pour évoquer des inquiétudes d'adultes. Au-delà de la séduction immédiate des images, on ne peut s'empêcher d'avoir des sensations de malaise. Malaise insidieux provoqué par l'angélisme de ces visages innocents confrontés à des situations d'adultes.
Ainsi, l'artiste aborde plutôt les thèmes fondamentaux de la maternité, de la socialisation et de l'expérience de la vie. Sa démarche rend tangible ce domaine incertain entre imaginaire et réel où les angoisses d'une mère face à son enfant sont amplifiées. Son questionnement est toujours douloureux, même si ses réalisations sont d'une extrême douceur, presque veloutées.
De références bibliques en tableaux baroques, Maria Marshall va plus loin qu'une simple projection de ses angoisses. En se penchant sur le monde de l'enfance, elle questionne notre société. Quelle est la place de la femme dans la société ? Quels sont les dangers de la vie pour un enfant aujourd'hui ? Quelles valeurs inculquer à l'enfant ?
Maria Marshall crée des métamorphoses ramenées à l'essentiel (où le bien et le mal se défient constamment), de brefs récits mettant en œuvre des moyens cinématographiques et adoptant une grande rigueur de mise en scène, au service d'un unique objectif : « séduire par la densité ». Les films ne durent que quelques minutes, mais montés en boucle, ils acquièrent un aspect hypnotique.

When I grow up I want to be a cooker
1998
Projection simple, couleur, caméra originale : 35 mm
19:00 min. (boucle)
Edition de 10
Ce film a marqué le début de la carrière internationale de Maria Marshall. Le titre est repris d'une phrase prononcée par son fils, Jake, âgé de deux ans à l'époque.
Filmé en boucle en train de fumer une cigarette - image crééé grâce à l'emploi d'effets spéciaux - le petit garçon disparaît dans la fumée pour laisser place à un espace blanc.

I should be older than all of you
2000
Projection simple, sans son, couleur, caméra originale : 35 mm
6:08 min.
Edition de 5
La vidéo présente un petit enfant aux yeux clairs allongé dans une boîte minutieusement compartimentée, dans laquelle glissent des serpents. Bien que cette image soit le résultat d'un laborieux montage, la juxtaposition de l'enfant avec les serpents mouvants est désagréablement convaincante.

marshallDon't let the T-Rex get the children
1999
Projection simple, sans son, couleur, caméra originale : super 16 mm
2:00 min.
Edition de 10
Conçue entièrement en mouvement ralenti cette vidéo montre un petit garçon à tête rasée. Il est filmé d'en haut dans une cellule capitonnée faite de velours et dont le couvercle est enlevé. À un moment la caméra effectue des zooms avant et arrière rapides, de sorte que le visage du garçon apparaît en plein écran et semble être très près des spectateurs. Le spectateur se trouve face à un visage complètement inexpressif. Un trouble s'installe devant ce visage semble de ce moquer de nous.Don't let the T-Rex get the children
1999

bill_clipton_MarshallPresident Bill Clinton, Menphis, november13, 1993
2000
Projection simple, son, couleur, caméra originale : super 16 mm
9:10 min.
Edition de 5
Le film montre deux garçons ouvrant une centaine de cadeaux, au fur à mesure la chambre se vide. Le film retravaillé, évolue et ne montre plus à la fin q'un enfant dans la pièce.
La scène a lieu dans une maison traversée par un flot de lumière, qui ressemble à la Maison Blanche.
Raphael prononce le discours de Bill Clinton, dans lequel il s'excuse auprès des dirigeants religieux, après la révélation de l'affaire avec Monica Lewinsky

                     Maïder Fortuné aussi utilise la vidéo avec une intuition liée à son expérience du corps et de la performance. Un corps ouvert, disponible, flottant, qui capte et retransmet ce qui le traverse du monde, avec poésie. Son geste vidéographique, comme son geste corporel est d'une précision qui ne trompe pas et l'inscrit déjà dans la lignée de cette génération de vidéastes que les critiques d'art français défendent avec ferveur.

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Dans la vidéo

Cette vidéo dévoile une innocence inquiétante et fantasmagorique liée à l’utilisation d’un lent travelling à la lisière d’un étang ainsi que l’apprentissage de fées en herbe.

La bande son ajoute à la dramaturgie de la pièce le souffle de la magie.

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Photo argentique couleur-édition de 5 « playing dead 2 » 100x100 cm – 2003 –

Dans ces photographies, Maïder Fortuné figure le corps tel qu'il est représenté dans la peinture classique; leurs compositions se calquent sur l'iconographie religieuse que des petites filles dessinent en filigrane. L'une à la peau blanche, marque la domination des sociétés occidentales sur les pays pauvres écrasant et asphyxiant celle à la peau noire.

En utilisant ici la photographie, qu’elle privilégie comme support, Maïder Fortuné détourne l’objectif de son propre corps vers celui des deux amies fillettes. Fortuné demande à ses jeunes modèles de feindre la mort sur le lit parental d’une des jeunes filles et ce, face à l’objectif photographique. En image figée, la scène devient une rencontre déconcertante avec la mort. Ces deux petites filles vêtues de très belles robes aux couleurs vives prennent leur rôle au sérieux. Absorbées par le jeu auquel elles se prêtent, elles semblent pénétrer un monde à part, un ailleurs.

Elles oscillent entre le monde du réel et celui du fantasme, un lieu qui échappe à nos regards. On ne sait plus si elles personnifient la mort ou si l’une prend le rôle de l’être mort et l’autre de son âme, comme le suggère si bien la photo Playing Dead N°1. La froideur de leurs regards et la sérénité de leurs visages proposent une impénétrabilité certaine.

Des regards lointains—pourtant pleins de sagesse— nous empêchent de pénétrer leur monde. Leurs gestes et poses insolites sont inconcevables dans ces lieux empreints d’autorité. Malgré le fait qu’elles soient captées en avant plan, elles s’isolent volontiers de nos regards. « Quoi qu’elle donne à voir et quelle que soit sa manière, une photo est toujours invisible : ce n’est pas elle qu’on voit ».1 Nous voilà revenus à la surface de l’image, un lieu à la fois transparent et opaque. Au-delà de cette surface, plus rien ne nous est donné à voir.

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TOTEM vidéo 10’ 2001

Un gros plan de visage de cinéma en noir et blanc effectue un mouvement de bas en haut de l’écran évoquant le sautillement d’un jeu de corde ou de marelle, plus ou moins ralenti. Le motif subit des variations tout au long des dix minutes que dure la séquence : variation du rythme du mouvement du corps et variation des mouvements internes à l‘image. Le ralenti évolue peu à peu en scansions qui décomposent le défilement fluide en images presque fixes ; celles-ci « déteignent »les unes sur les autres par effet de filé, de rémanence, défigurant progressivement le visage jusqu’à laisser apparaître fugitivement le squelette qui le soutient. La jeune fille et la mort.

« C’est le génie propre à la femme et son tempérament. Elle naît Fée. »

Jules Michelet

        L'image de la femme c'est à l'adolescence que les jeunes filles vont la subir et c'est ce que JULIA FULLERTON BATTEN va dénoncer.

Une photographe allemande très talentueuse mélangeant un univers décalé, et une majorité de mises en scènes de la vie courante.
Sa série de photo “Teenage Stories” est sa vision d’Alice in Wonderland dans la vie de tous les jours.
Julia Fullerton-Batten provoque le spectateur par une narrativité esquissée mais non développée. Les couleurs sont sourdes, hormis une touche colorée ici ou là, les vêtements et lumières recherchés, et les modèles adoptent une attitude ambiguë et tendue, déterminant une atmosphère visuellement et émotionnellement bizarrement aliénée. Ses images combinent la perfection technique des photos publicitaires, leur apparente lisibilité immédiate, l'évidence de leur composition, et pourtant leur message est pour le moins ambigu. Les personnages si naturels et inoffensifs dans leur jeunesse se retrouvent face à eux-mêmes. Le monde attaque cette beauté pâle et fragile, attaque à la manière d’un jeu avec des dangers de la forêt et de la ville urbaine, avec des escargots et des fusils en plastique. Leurs attitudes figées et craintives font arrêter un instant et y réfléchir.

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Ces photos ne s’imaginent pas comme des moments uniques ou décisifs. La photographe transforme des souvenirs en images abouties et capte un instant de passage de l’enfance vers l’age adulte.ne reproduit pas les incidents ni les événements. Elle explore un état d’esprit qui est intéressant précisément parce qu’il s’ignore. Que ce soi en raison d’une certaine maladresse, des changement hormonaux ou simplement de la charge émotionnelle qui s’ajoute à la masse des nouvelles choses que les adolescentes doivent traverser, les jeunes filles de Julia Fullerton-Batten sont en instabilité perpétuelle… »

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Dans Teenage Stories, le regard de Julia Fullerton-Batten est résolument braqué sur les jeunes filles. À travers ses clichés, la photographe allemande nous convie à un voyage au cœur de l’adolescence au féminin. Les compositions sont souvent complexes, mais jamais factices. Les modèles évoluent au milieu de maquettes miniatures, tels des Gullivers féminines désenchantées, comme pour mieux exprimer leur désir d’évasion dans un monde trop conventionné. On reconnaît la patte de Julia Fullerton-Batten qui a beaucoup travaillé avec des agences de publicité et des campagnes de presse. Elle est toujours entourée de plusieurs assistants et collabore uniquement avec des modèles amateurs.« Peu de sujets sont davantage photographiés que les jeunes filles ou les jeunes femmes. Nous vivons dans une société qui semble parfois gouvernée par les photos de femme. »Direction des sujets, maîtrise technique et sens de la composition sont les ingrédients de cette œuvre singulière dans un domaine pourtant surexploité. Le monde haut en couleur de Julia illustre avec justesse la détresse des adolescentes, dont la vie n’est pas rose tous les jours.

             Les modèles d’Hellen van Meene sont presque toujours des adolescentes chez lesquelles prédomine une certaine ingénuité. Leur féminité sensuelle transparaît parfois à travers leur pose ou leur regard. Les photos révèlent surtout l’incertitude identitaire des jeunes filles.

Hellen van Meene photographie des filles. Bien que celles-ci diffèrent en âge, elles semblent toutes être au même stade de développement. Elles ont atteint le seuil à partir duquel une fille devient femme et de la prise de conscience de ces changements. On pourrait dire que la photographe Hellen van Meene est la lépidoptère de la puberté. Elle capture ces instants subtils où ces « papillons » sont libérés de leur cocons. L’analogie s’arrête toutefois ici, car un papillon n’émerge qu’une seule fois de son cocon. Il est incapable de répéter le processus, d’adopter une autre couleur ou un autre motif.

Hellen van Meene choisit des « modèles » avec lesquels elle a la possibilité de retourner à ces instants fragiles de métamorphoses. Ensemble, elles prolongent la transition un peu plus loin. Dans un environnement étudié, ses sujets deviennent les filles qu’elles ont été où qu’elles auraient pu être. Les filles peuvent également refléter la personnalité projetée de la photographe.

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Lorsqu’on y regarde de plus près, les portraits photographiques apparemment pris instantanément sur le vif, sont en fait le résultat d’un positionnement étudié, d’un arrangement minutieux et surtout d’une sensibilité indéniable du moment juste. Les vêtements, l’expression, la pose, tout concourt à produire cette image « parfaite ».

La performance est aussi belle que dérangeante. Belle, car on peut se délecter de la qualité photographique, comme la lumière délicatement posée, la texture des vêtements ou la pose du modèle. Les photographies s’approchent d’une qualité de peinture. C’est comme si des modèles d’Ingres, Delacroix, Tintoret ou Bellini resurgissaient à travers elles.

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Néanmoins, un sentiment de malaise s’insinue lorsqu’on observe le bras d’une jeune fille couvert de bleus, l’obésité d’une autre, les boutons, les regards fixes et vides, l’agressivité refoulée. Tout bout sous la surface. L’apparence immaculée ne préserve pas l’œil d’être attiré par les griffes et les bleus. La qualité pénétrante de ces tensions sous-jacentes donnent aux photographies leur ambivalence tendue. Le papillon émergent laisse une traînée derrière lui… Comme disait le poète Leo Vroman : « La création blesse » (Christel Vesters)

   ANGELA STRASSHEIM 

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"Mes six ans de photographie médico-légale ont influencé de façon indéniable ma manière de photographier ma famille catholique évangéliste. En tant que sujet, ma famille est traitée avec la froideur qui caractérise l'observation clinique. Les intérieurs pastel impeccables et édulcorés des maisons des classes moyennes et aristocrates m'attirent. Je travaille avec des appareils grand format et un éclairage professionnel pour capter le maximum de détails dans le cadre et sur les visages. Dans la série Left Behind (Laissé derrière), je me suis intéressée à la manière dont les valeurs religieuses s'immiscent dans les gestes du quotidien. Le titre fait référence à ces vies « damnées » selon les croyances de ma famille et aux traces persistantes de la vie après le décès.

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Mon travail décrit l'influence des contextes culturels sur les vies. Grandir dans une famille très pieuse en étant une femme du Middle West américain m'a donné un certain point de vue.

Dans la série Pause, mon approche conceptuelle et stylistique est similaire, mais je me suis concentrée sur les relations père/fille. On y trouve la même fascination pour les tons acidulés et la perfection. Dans ce projet, j'invite encore davantage le spectateur à participer aux moments dits ordinaires mais fondateurs de nos vies. Certaines des images les plus récentes ont été prises au terme de cinq mois passés à photographier la vie d'un petit campus du Minnesota. Je voulais saisir l'influence extérieure des amis et de l'exacerbation du contact.

JULIA PEIRON

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Les portraits de Julia débordent des émotions d’une jeune femme en pleine puberté. „Comment puis-je trouver une réponse à la question de l’individualité dans ce vertige d’images, de rôles sociaux à jouer, de perceptions de soi et du monde intérieur?“ Voilà ce sur quoi ses images semblent constamment s’interroger.

Mais Julia cherche surtout à guider le spectateur à travers des sentiments corporels essentiels qui ne se laissent pas forcément traduire par des mots. Le titre Violet Vertigo, déjà ambivalent en soi, devient tout un programme. On peut faire l’expérience de l’essence d’un état d’esprit ou du corps grâce à la musique ou la peinture, mais rarement au moyen d’un document photographique proche de la réalité. L’artiste y aboutit cependant en s’aidant du traitement d’image adapté.

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Elle fait subir à ses clichés argentiques des traitements d’images numériques et assemble ainsi de manière fascinante la photographie documentaire et la mise en scène. Les fonds se perdent dans le monochrome et la perspective centrale traditionnelle du média disparaît grâce â des techniques de collage informatique. C’est alors une image absolument unique qui est créée, complètement libérée du facteur temps photographique.

LAURA HENNO

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           Ceux qui ont déjà assisté à une éclipse totale de soleil se souviennent de ce moment à la fois inquiétant et fascinant qui précède l'arrivée de l'obscurité : les animaux se taisent et s'immobilisent, tout semble s'arrêter et attendre. On éprouve un sentiment similaire devant les photographies de Laura Henno, l'impression que le temps est suspendu, figé, et que, dans cet entre-deux, les êtres sont livrés à une force invisible et mystérieuse.

Ce sont des adolescents ou de très jeunes gens, isolés dans leur rêverie ou soudainement immobilisés par quelque chose qui nous échappe. Ils nous apparaissent clairement comme des personnages sortis d'une narration. Mais nous ne saurons rien de leur histoire, de ce qu'ils regardent, de ce à quoi ils pensent. Et, parfois, nous ne connaîtrons même pas leur visage car ils nous tournent le dos ou sont happés par l'obscurité. Les photographies de Laura Henno sont en effet souvent construites sur des contrastes très marqués de clair-obscur, le personnage étant seul dans la lumière, et ce qui l'environne délibérément laissé dans l'ombre. Lorsque toute la scène est éclairée, comme dans Freezing où la lumière blafarde recouvre le paysage d'une blancheur glaciale, demeure ce qu'on pourrait appeler « le mystère du hors champ », la conviction que quelque chose est là, dont nous ne savons rien, qui exerce sur le personnage une invincible attraction.

Ces photographies ne sont pas des portraits, elles ne se préoccupent pas de psychologie. Laura Henno met en scène des personnages dans des environnements attentivement choisis dont ils semblent indissociables : ils s'y abandonnent, se laissant aspirer et peut-être engloutir par l'obscurité ou par l'eau épaisse et trouble.

On devine dans ces images le lent travail effectué par la photographe avec chaque modèle pour trouver la position juste du corps, préciser le mouvement d'une main ou celui de la nuque et choisir l'expression d'un regard. Car c'est la tension du personnage vers une présence invisible pour nous, qui, à son tour, captive notre regard.

La qualité des photographies de Laura Henno est sans doute due à ce qui est à la fois son immense modestie et sa fabuleuse ambition : ne pas prétendre saisir, dans un « instant décisif », ce qui serait le caractère, « l'âme » d'un personnage, mais, en sachant dépasser l'anecdote et laisser dans l'ombre ou le non-dit, parvenir à conserver intact le mystère des lieux et des êtres.(Marie-Thérèse Champesme)

                Katinka Lampe

Depuis quelques années, Katinka Lampe peint et dessine essentiellement des portraits. Ceux-ci ne sont pas seulement des images de personnes spécifiques, bien que l’artiste se base sur des photographies, mais ces portraits sont bien des reconstructions d’une image bien particulière. Les caractéristiques personnelles des modèles sont abandonnées, et elle peint surtout des enfants, dont les traits du visage ne sont pas encore marqués. Chaque peinture a sa propre réalité.

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Katinka Lampe se base sur des photographies, elle en abandonne certains éléments ou au contraire se focalise dessus ou encore elle les combine entre eux, issus de différentes photographies, créant une toute nouvelle image. De cette façon, Katinka Lampe cherche la limite entre l'abstraction et la figuration et amène une distance, créant l'illusion. Ses portraits semblent non conventionnels et artificiels, avec un trop gros nez, trop de maquillage ou des cheveux telle une perruque ; ils sont volontairement imparfaits. Le message est que nous regardons la peinture sur la toile et que toutes nos émotions et nos sensations concernant les modèles représentés n’ont pas lieu d’être. Les couleurs, la forme et la composition sont dès lors très importantes dans son travail. La perception est de l’interprétation et est influencée par notre manière de penser.

Ce qui marque l'enfant c'est le souvenir, c'est ce que la photographe  Marion Poussier travaille en reprenant des lieux uniques à l'adolescence ainsi que des portraits.

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"Cette série est née du souvenir des quelques étés que j'ai passés en colonie de vacances étant adolescente. J'ai toujours eu pendant ces vacances le sentiment de vivre des moments forts, rares et précieux. La colonie était une sorte de parathèse dans le reste de ma vie. Personne ne me connaissait, je pouvais alors &quot;jouer le rôle&quot; que je voulais. J'avais le sentiment d'être coupé du reste du monde pendant deux ou trois semaines. La temps, suspendu, et l'espace, clos, prenaient une autre dimension. Chaque jour comptait. Les premiers surtout. Ceux où l'on cherche celles et ceux qui nous ressemblent où à qui on aimerait ressembler. Ceux où l'on l'on se fie à l'apparence pour nouer des amitiés nouvelles. La question du &quot;paraitre&quot; et de la &quot;représentation&quot;, inhérente à l'adolescence est au coeur de ce travail. Mais si ces images nous montrent le côté théatral des attitudes des adolescents c'est aussi leur propre personnalité qui transparait, fragile et vulnérable. "

Allessandra sanguinetti utilise des lieux spécifiques également. Dans la série ci dessous c'est l'Argentine qui l'intéresse.

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La pensée des jeunes filles est alors de vouloir plaire, on porte les habits de maman, on se maquille, se fait belle. Les défauts du corps, l'imperction ajoute du réalisme et la beauté de l'etat adolescent.

“J’ai finalement préféré m’intéresser aux fruits de leur imagination, particulièrement féconde. Elles étaient à l’âge où l’on sort de l’enfance et où les rêveries, les peurs et les affabulations s’entremêlent pour nourrir l’espace personnel. J’ai voulu faire avec elles des images qui cristallisent ces pensées et ces désirs qui les occupaient en permanence.”

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Les photographies de la série «Les aventures de Guille et Belinda et l'énigmatique sens de leurs rêves» sont étonnantes.
Des corps. Des corps dans des lieux. Des corps dans des paysages. Cette notion du corps et de ses exubérances, ses imperfections, ses approximations et ses déambulations est très présente dans cette jeune génération d'artistes sur la terre d'Argentine. Je trouve cette série très proche du travail cinématographique d'une autre Argentine, quasiment du même âge (née en 1966) : Lucrecia Martel. C'est elle à qui l'on doit ces deux très beaux films que sont La ciénaga (2000) et La niña santa (2004).

7 janvier 2007

Les premières installations

      Les divers installations commencèrent vers les années 70. Déjà  Duchamp avec son ready made commencait à déplacer un objet du quotidien dans un lieu artistique remettant en question le statut de cet objet comme oeuvre d'art. Kosuth par exemple lui continuait dans l'idée de différencier un objetreel à  sa représentation comme quand Magritte disait "ceci n'est pas une pipe" pour dire que ce n'est qu'une représentation! Ces objets deviennent ainsi par la suite une mise en espace où la scénographie devient alors importante, mettant en situation le spectateur directement. On remarque alors beaucoup d'installations allant de la vidéo, à  la lumière, à  la recherche de sensations par le brouillard ou l'eau, par une accumulation d'objets divers qui au delàs de la simple image évoquera une vision de l'art face aux sens du regardeur.

Les mots, la signifaction va intervenir comme une installation. Le simple fait d'écrire sur la taille d'un mur devient déjà une intervention dans l'espace. C'est le cas de Kosuth justement qui envahit l'espace comme un livre et cherche à  redonner la vrai signification des choses.
Parce qu'il voit dans l'œuvre d'art le but esthétique comme exercice esthétique, non comme art à proprement parler, Kosuth va vouloir séparer l'esthétique (=jugement de la perception du monde en général) de l'Art.

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« Art as art » devient plus ou moins la devise de cet artiste qui utilisera la littéralité de ses œuvres pour tenter de penser les choses de manière objective, les pièces souvent tautologiques nous disent qu'elles ne pourraient être autrement que comment elles sont : Five Words In Orange Neon se compose de cinq néons orange et nous indique de ne pas regarder autre chose que ce que l'on voit, en évitant toute interprétation pourtant tentée ici.

Le but de son travail est de « produire du sens », même s’il faut pour cela bannir l’aspect esthétique de l’œuvre. Se basant sur une tautologie : « L’art est la définition de l’art », il affirme que l’art est langage, que l’art relève du domaine des idées, qu’il n’a rien à voir avec l’esthétique ou le goût. Il parle de « propositions artistiques » plutôt que d’« œuvres ». Pour lui, « Une œuvre d’art est une présentation de l’intention de l’artiste : si celui-ci déclare que cette œuvre d’art-ci est de l’art, cela signifie que c’est une définition de l’art ».

Parmi ses œuvres les plus célèbres, la série One and three 1965 qui apparaît comme une première investigation. Cette œuvre se compose d'un objet, de sa reproduction photographique à l'échelle 1 et de sa définition du dictionnaire, et consiste à ce que l'acheteur peut faire la photographie lui-même de la chaise du centre d'art dans lequel l'œuvre serait exposée. Ce n'est donc pas, par exemple pour One and three chairs, pas la chaise, la photo ou la définition en tant que tel qui importe, mais comment tout cela joue ensemble. En quoi l'objet concret n'est qu'une occurrence d'un concept, tout comme un objet d'art n'est qu'une occurrence du concept d'art. C'est également une pièce qui ne dépend pas de sa matérialisation puisqu'elle se décline avec un chapeau, un extincteur,une vitre… Quel que soit l'objet c'est l'idée qui persiste. Pour la seconde investigation, Kosuth se passe de l'objet et n'utilisera que la définition pure, tirée en blanc sur fond noir en utilisant un dictionnaire des idées et des notions. Il réduit l'œuvre à une enquête sur sa propre nature et nous interroge sur nos attentes d'une œuvre d'art : est ce qu'une œuvre à besoin de la biographie (heureuse ou malheureuse) de l'artiste pour exister ?

Joseph Kosuth ne discute pas sur la beauté de l'art : il veut enlever la conception de beauté et d'esthétique dans l'art.

Avec ses œuvre-définitions, il cherche à se rapprocher au plus près de la réalité, car pour lui, on use l'art pour dissimuler l'art, d'où le retour à la définition, à l'idée, au concept.

Tout art (après Duchamp) est (par nature) conceptuel car l'art n'existe que conceptuellement. »
« Ce que l'art a de commun avec la logique et les mathématiques, c'est qu'il est une tautologie ; c'est-à-dire que l’idée d'art (ou l’œuvre d'art) et l'art sont la même chose et peuvent être évaluées comme art sans qu'il soit nécessaire de sortir du contexte de l'art à titre de vérification. »
« La seule exigence de l'art s'adresse à l'art. L'art est la définition de l'art. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Kosuth

D'autre artistes travaillant avec le néont ou la lumière, pour des raisons qui se rapprochent plus ou moins de celle de Kosuth existent également. Si l'on prend le cas de Nauman, il fait à la fois de son oeuvre une installation et une performance.

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Bruce Nauman avait réalisée quelques années auparavant en 1965 une video, dans laquelle il manipulait (et jouait avec) un tube de néon de 8 pieds de long 1 afin de créer différentes formes avec son propre corps. Quand Bruce Nauman a réalisé cette performance, il s'est aperçu que certaines de ses poses n'étaient que de simples modifications de postures du corps, tandis que d'autres lui procuraient des sensations très fortes. Quand il répéta la performance pour réaliser la vidéo de 1969, il retint surtout ces postures à résonance émotionnelle. En 1965-66, il exécuta une action similaire, mais cette fois avec une barre de fer en forme de T.
Dans l'espace clos et sombre de son studio, Bruce Nauman est assis par terre, les jambes ouvertes comme dans un exercice de danse, le tube de lumière fluorescente placé entre ses jambes comme pour évoquer son sexe. Au bout d'un certain temps, il enferme le tube entre ses jambes, se penche vers le sol en tenant ses pieds et reste immobile dans cette position pendant quelques minutes. Le tube de néon devient une extension de son corps, un membre qu'il va ensuite prendre dans ses mains pour toucher ses pieds, ou soulever devant lui, placer sur son corps, glisser entre ses jambes, déplacer dans l'espace. Il expérimente ainsi pendant une heure une multiplicité de positions et de formes. Chaque fois qu'il exploite une nouvelle situation avec le tube de néon, il se fige dans cette position pendant plusieurs minutes. Objet et corps sont traités comme des éléments formels du même ordre ; retournés, déplacés et soulevés en harmonie et en concertation. Bruce Nauman opère ainsi des glissements, des déplacements entre l'objet et l'idée. Objet et corps deviennent presque comme une seule et même entité. De fait, en appréhendant son corps comme une matière sculpturale, il se donne comme matière première de son travail : à la fois artiste et matériau, celui qui perçoit et celui qui est perçu.

Par ailleurs, il réalisa d'autres oeuvre avec des néons dont ( changing light corridor)l'une est celle où dans un couloir des néons sont placés afin d'y rendre une perception plus ou moins étrange de ce couloir, amenant à la fois profondeur et mystère. Il a également travaillé sur des installations vidéos essentiels dans l'évolution de ce champs mais j'en parlerai dans le chapitre convenu.

Puis Jenny Holzer travaille aussi sur le sens du mot.

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"under a rock" est une oeuvre installéeà l'ICA de Londresoù se composent des diodes émettant des messages vers le spectateur, et de bancs de granit noir éclairés par des spots, sur lesquels les mêmes messages étaient gravés. Leur thème était apocalyptique avec des textes comme: Vous leur cracherez dessus parce que le gout restant sur vos dents excite. Pendant des années votre visage a rayonné d'espoir puis vous les avez tués dans l'intérêt du temps.

En 1977, elle abandonne la peinture pour l'écriture et insiste sur l'importance du langage et sur la mise en cause de la représentation. Elle est l'héritière de l'art minimal et de l'art conceptuel, influencée par les découvertes de l'écriture féminine, libéré de l'idéologie patriarcale. Elle participe de cette génération d'artistes qui remettent en cause tant l'espace des galeries et des musées, que le rôle de l'artiste subjectif et individualiste. Elle fit partie dans les années 1970 du groupe Colab et tout au long de son évolution elle a souvent privilégié la collaboration avec d'autres personnes. Sa première exposition personnelle a lieu en 1980. Elle vit et travaille à New York.

        D'autres artistes utilisent la lumière et le néont mais plus vers une recherche de la sensation visuelle, de la modification de l'espace et de sa perception. C'est le cas de Turell, qui dans la recherche de la scénographie aura créait des ambiances oniriques rendu perceptible voir réel par le spectateur.

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Ses monochromes lumineux ne sont pas des tableaux de l'ère technologique. Pour Turrell ce ne sont ni des images, ni des objets. L'art de Turrell nous met en présence de la lumière, il s'agit d'une démarche initiatique et non pas un art de la représentation ou du discours.

" La lumière m'intéresse en fait comme la révélation même " . " Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu'un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler le médium de la perception " . Guy Tortosa propose le terme d'architecture pour la perception.

Cette nouvelle perception de la lumière, s'inscrit dans la continuité d'Yves Klein, de ses monochromes qui ne sont pas des peintures, mais des surfaces de pure sensibilité. Yves Klein ne parle-t-il pas d'architecture de l'air?

Pour Turrell " le médium c'est la perception ". Ce que donne à percevoir les oeuvres de Turrell, c'est le phénomène de notre propre perception. Le sujet est la perception elle-même.

Les oeuvres de Turrell matérialisent, rendent perceptibles la lumière et l'espace pour construire une rencontre entre le corps et l'esprit. " Je m'intéresse beaucoup à l'impression de sentir ce que nous sentons. Voir comment on voit. Et nous découvrons comment le corps, dans sa totalité, sent et ressent intensément. Si nous n'avons pas donné de nom à un sens, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas.

(http://stephan.barron.free.fr/technoromantisme/turrel.html)

Pour Dan Flavin, c'est la couleur également qui va jouer à une structuration d'une oeuvre- néont où il n'y a plus de peinture mais seulement de la lumière et de la couleur.

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Entre sculpture et installations, l'artiste assemble la lumière pour créait une ambiance, une perception plus ou moins abstraite où l'objet du néont devient même un jeu pui un simple objet.

      Mais au delàs, des artistes utilisent la lumière comme un rayon permettant de mettre en valeur un objet, d'y donner un autre sens, de donner des effets ou des contrastes et les ombres. C'est les cas de Bill Culbert qui reprend des objets du quotidiens, des objets sans valeur, des déchets ou des bouteilles en plastiques,d es caisses où un néont est enfermé. Il donne de la profondeur à l'objet, une âme, une lueur enlevant son sens premier et sans valeur. Il existe. c'est une façon de dénaturer.

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Chez Adams il y a plus une relation entre une image et une installation lumineuse comme le cas ci dessous où 2dimension parasite avec le reel. Les deux objets se confrontent et chacun apporte du sens à l'autre. Adams traite du théme de l'abus de pouvoir dans son travail, il choisit de mettre en scéne ses photographies de divers façon.

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Puis pour finir avec ces exemples d'artistes travaillant sur l'installation lumineuse, je me dois de citer Christian Boltanski, "Les ombres" qui sont une référence indispensable de l'art contemporain où ici l'objet prend dimension dans l'espace où le spectateur peut se déplacer autour.

Christian Boltanski, a progressivement développé un univers très personnel mêlant photographies, films, mais aussi différents objets et reliques qui serviront de décor à ses installations. Basé dans son atelier de Malakoff (92), cet artiste autodidacte, aujourd'hui reconnu au plan international, a développé depuis quelques années le concept de « théâtre d'ombres » mettant en scène de frêles silhouettes qui « dansent » sous l'éclairage de spots.
A Vitteaux, l'installation a été réalisée, et cela pour la première fois, dans un décor naturel et un enchaînement de ruelles bordant la Brenne, un cadre idéal pour une rêverie nocturne. Il y a une dizaine de jours, Christian Boltanski procédait sur place aux derniers préparatifs : réglage soigneux des éclairages, installation des minces figurines métalliques, suspendues à un fil microscopique. « Je me suis inspiré de la tradition moyenâgeuse des danses macabres, expliquait-il, des phantasmagories autour du chat noir ». Dans son épaisse veste de cuir fauve, son inséparable pipe à la main, l'artiste souriait à l'évocation des « prêtres du 18e siècle, qui, par un artifice lumineux, faisaient apparaître le diable durant leurs offices ! ». Ainsi projetés sur les murailles du parcours, ou au détour d'une petite niche à découvrir, des visages, des animaux, ou une inquiétante sorcière, seront destinés à stimuler l'imaginaire du visiteur.

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PAr ailleurs les installations existent dans des lieux soit extérieur au musée soit des lieux spécifiques nécessaire aus ens de l'oeuvre. On peut citer Kabakov qui travaille sur des mises en scène et sur des lieux qui lui parlent.

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two falls of fearfut installée sur un ancien emplacement du Mur de Berlin. Deux structures de bois parrallèles représentaient les murs oeust et est. Des ordures rammassées par l'artiste dans Postdamerplatz (coeur du Berlin d'avant guerre) pendaient à des fils. Un commentaire en allemand, anglais et russe était imprimé a propos de ces déchets sur des petites plaque blanches.

Mario merz a lui mis une inscription au néon dans une gare de Berlin est. Cette oeuvre datant de 1990, mettait en évidence l'ampleur des possibilités après l'iminente réunification des deux allemagnes. On pouvait interpréter cette question " Que faire?" à la fois comme une interrogation et l'expression d'une indécision.

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    Pour continuer sur le thème du mur, Charles Simonds a fait une installations dans des ruines du mur du sous-sol du musée d'art contemporain de Chicago où à travers les briques, il a fabriqué des vestiges archéologiques d'une civilisation imaginaire, qu'il appelle "little people". Il installe des structures structures architecturales miniatures sur des rebords de fenêtres ou dans des fentes de murs. La plupart de ces oeuvres en argiles se sont désintégrées et partie en souvenir.

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    La déconstruction,le vide, le chaos, la fissure dans un lieu sont des éléments qui m'intérresent et qui vont également intréssait Matta Clarck qui va carrément amener le lieu dans le musée, amener l'architecture, travaillant sur le lieu lui même aussi il propose un jeu avec le trou et le vide ainsi qu'une défragmentation d'un corps architecturale qui font penser aux façades détruites pendant la guerre mais aussi à un lieu qui devient indépendant par le fait qu'il n'est plus accessible, que la façade dévoile l'intérieur et que l'intérieur dévoile l'extérieur.

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Il est célèbre pour ses « coupes de bâtiment» une série de travaux dans des bâtiments abandonnés dans lesquels il a enlevé des morceaux de planchers, de plafonds, et de murs et notamment "Conical Intersection"

C'est à Paris qu'il a pris connaissance des philosophes français déconstructivistes et des Situationnistes, comme Guy Debord. Ces radicaux culturels et politiques ont développé le concept du détournement, ou « la réutilisation d'éléments artistiques préexistants dans un nouvel arrangement». De tels concepts alimenteront son travail plus tard. Il est célèbre pour ses travaux qui ont radicalement altéré les structures existantes. Ses building cuts (par exemple, une maison est coupée sur la moitié verticalement) changent la perception du bâtiment et de son environnement proche.

Matta-Clark utilisait un grand nombre de médias pour garder trace de son travail, entre autres le film, la vidéo, et la photographie. Son travail comprend des performances et du recyclage, des travaux sur l'espace et la texture, et ses « coupes de bâtiment».

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Les « coupes » de Matta-Clark ont inspiré, entre d'autres artistes contemporains, Brian Jungen, de Colombie-Britannique, Canada. Jungen réutilise les marchandises provenant du marché de consommation mondialisé et les transforme en objets qui évoquent la tradition culturelle des indiens Dunne-za, comme dans sa série Prototypes of New Understanding.

La fascination de Matta-Clark pour les sous-sols et ses percements ont également inspiré les performances de l'artiste belge Danny Devos dans sa pièce Diggin' for Gordon : Devos creuse un trou à un endroit secret. L'œuvre n'est visible que par l'intermédiaire d'une webcam.

Les interventions publiques de Matta-Clark telles que ses « coupes » peuvent être vues comme annonciatrices des Street installation. L'artiste américain Cristopher Cichocki [1] qui produit des œuvres publiques sans autorisation dans des sites d'abandon urbain, reconnaît que Matta-Clark est l'une de ses influences principales.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gordon_Matta-Clark

Dan Graham est l'un des artiste de l'époque qui s'intéresse également à l'architecture pour sa capacité à révéler le “sujet social”.Triangle Pavilion a été produit pour l’exposition de Dan Graham au Consortium en 1987.À la fois sculpture et architecture, conçu pour l’espace de la galerie ou l’extérieur, chaque pavillon est construit avec les mêmes matériaux : le verre dans ses différents traitements (miroir, vitre, miroir sans tain) et l’acier. Triangle Pavilion se compose de trois parois de verre formant un triangle à angle droit. À la fois vitre et miroir, e matériau permet la transmission et la réflexion de la lumière. Une porte coulissante, située sur le plus grand côté, laisse entrer le spectateur. L’œuvre propose une expérience esthétique qui se joue des reflets ou de la démultiplication de l’espace. « L’œuvre est une structure vide, animée par la participation d’un public, elle n’acquiert vraiment sa raison d’être (et il ne peut en être autrement) qu’avec un public. »poursuit en cela les précédentes recherches de Dan Graham sur l’expérience perceptive, menées lors des performances et avec la vidéo. Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’une expérience contemplative dans laquelle le sujet perdrait la notion de sa propre identité, de son inscription dans un temps et un contexte social donnés.

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La matérialité de l’œuvre de Dan Graham renvoie le sujet à son acte de vision et à ce qu’il engage, dans une perception à la fois sociale et psychologique de lui-même et des autres. Il est tour à tour et simultanément, sujet perçu et sujet percevant, celui qui voit et celui qui est vu. L’artiste procède à une analyse des constructions idéologiques depuis les stéréotypes des médias (ses insertions dans les magazines) et de la culture (ses travaux sur l’art et la ville). Si Triangle Pavilion agit, c’est en forçant le spectateur à prendre conscience de sa propre place, à formuler une interprétation personnelle de l’œuvre, qui se livre dans une ambiguïté entre art et architecture, entre objet esthétique et espace critique.

    

Adams comme on l'a vu utilise l'espace par rapport aux photographies qu'ils fait. C'est en les mettant dans la rue et dans des abris bus que son oeuvre devient plus intéressante et rend son sujet plus fort et plus présent. La photographie est ainsi déplacé du contexte dans lequel à était faite et se place dans une réalité qui touche un public bien plus large que celui des amateurs d'art cherchant à dénoncer plus qu'à simplement dire ce sont aux passants qu'ils parlent.

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Daniel Buren est l'un des pionier de l'installation in situ. Il créait l'oeuvre en fonction du lieu.

Buren s'associe avec les peintres Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni, avec lesquels ils organisent des manifestations très controversées, créant le groupe BMPT qui sera exposé par la Biennale de Paris. Ce qui lie « BMPT » est la pratique commune de la répétition systématique d'un même motif, ainsi que la volonté de s'opposer radicalement à la scène artistique parisienne

Ce travail en commun est pour Buren l'occasion d'examiner non plus seulement les limites physiques de la peinture, mais également les frontières politiques et sociales du monde de l'art. Il décline une infinité de possibilités à partir de ces bandes, puisque chaque travail s'exprime in situ, suivant le lieu où il est programmé et réalisé. La précision, la rigueur et la radicalité sont, chez l'artiste, poussées à l'extrême.

Il commence à utiliser les bandes alternées comme « outil visuel », explorant les potentialités de ce motif en tant que signe. Le choix de différents supports (tissu pré rayé, papier spécialement imprimé, verre peint, verre gravé, miroir, bois, pierre, plastique transparent, métal, peinture) et le passage de la surface plane à la troisième dimension. Buren s'affranchit du cadre imposé au tableau et aux cimaises. Ce glissement de la peinture au papier peint et à l'affiche lui permet d'intervenir n'importe où.

Buren parle lui-même « d'instrument pour voir », car paradoxalement, en se limitant à un motif unique, il parvient à un élargissement du champ visuel du spectateur. L'œuvre révèle le lieu et ce lieu même la rend intransportable et donc éphémère.

Pour lui, « toute œuvre exposée est mise en scène », il considère donc l'exposition comme un décor, dénonçant ainsi le rôle de l'institution qui préside habituellement à cette mise en scène.

il s'intéresse de plus en plus aux liens entre architecture et art. Il développe un travail plus tridimensionnel et une conception de l'œuvre qui n'est plus objet, mais modulation dans l'espace. Constructions et déconstructions se mêlent.

il continue de travailler sur ces dispositifs architecturaux de plus en plus complexes, multipliant les jeux sur les matériaux et sur les couleurs. Ce dernier élément n'est plus seulement appliqué au mur, mais « installé dans l'espace » sous forme de filtres, de plaques de verre ou de plexiglas colorés. L'impression d'éclatement de l'œuvre est parfois accentuée par l'utilisation de miroirs.

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                    Mais les installations peuvent prendre encore d'autres formes plus ou moins divers. De Maria travaille sur le lieu lui aussi cherchant à provoquer un instants. En effet, il place dans un champ des paratonerres en masse afin d'attirer les éclairs et d'en faire au final des clichés photographique car si l'éclair est éphémère, la photo elle en laisse une trace.

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    En gardant des éléments naturel mais en dehors du contexte d'un lieu précis; Rose Finn Helcey a travaillé sur une installation entre chauffage et eau. Son oeuvre datant de 1992 faisait partie de l'exposition "edge". un socle metallique contenait des éléments de chauffages et de l'eau, et émettait un sifflement; au dessus on y trouvait une hotte aspirante. Un nuage de vapeur planait entre les deux, contenu dans un espace délimité.

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      D'autre part, l'art de l'installation a pris forme avec la video, dont l'utilisation du téléviseur comme objet devient évident. L'exemple de Nam June Paik ne peut pas être éviter car il  l'est l'un des fondateur de l'art video etd e son installation.

Name June Paik travaille donc énormément avec des postes de télévision, il considère d'ailleurs que celle-ci ayant remplacé la cheminée dans les foyers, il est était logique de l'utiliser comme d'autres le feraient avec du marbre [2]. Il a commencé par explorer les limites de ces téléviseurs : il fut le premier à oser manipuler et jouer avec les électrons du tube cathodique (à l'aide d'un aimant, comme pour Magnet TV), à dérégler complètement et en profondeur le poste de télévision : il en tira les 13 Disotorded TV présentées à partir de 1963.[3]. L'artiste détourne l'utilisation de la télévision, en l'utilisant comme Tinguely ses machines, il lui fait « faire des tours pour laquelle elle n'était pas prévue ». On retrouve ainsi une télévision face contre terre, en forme de lune, de ciel, de croix, ou plus connu, le célèbre TV Bra for Living sculptures (1969) : un soutien-gorge en mini téléviseurs montrant les images des premiers pas de l'homme sur la Lune. Le tout était porté par Charlotte Moorman, violoncelliste avec laquelle il a notamment réalisé L'opéra sextronique (1967) et TV Cello (1971), où elle jouait sur un violoncelle fait de télés.

Suit la réflexion sur la télévision, qui était déjà à l'époque un objet presque culte dans les sociétés occidentales, dont une œuvre représentative est TV Buddha (1974) : une statue de Bouddha est installé devant une télé qui lui montre sa propre image, filmée par une caméra placée juste derrière, où l'on ne sait s'il se regarde ou s'il médite.

Vient ensuite la "Family of Robot", où les robots sont en fait des humains faits en téléviseurs, des vieilles télés pour les grand-parents, du materiel high-tech pour les enfants ; et constituent des familles : la famille-robot, la famille-Paik, la famille-Antiquité et la Famille-Révolution (à laquelle appartient la célèbre Olympe de Gouges).

Name June Paik travaille donc énormément avec des postes de télévision, il considère d'ailleurs que celle-ci ayant remplacé la cheminée dans les foyers, il est était logique de l'utiliser comme d'autres le feraient avec du marbre [2]. Il a commencé par explorer les limites de ces téléviseurs : il fut le premier à oser manipuler et jouer avec les électrons du tube cathodique (à l'aide d'un aimant, comme pour Magnet TV), à dérégler complètement et en profondeur le poste de télévision : il en tira les 13 Disotorded TV présentées à partir de 1963.[3]. L'artiste détourne l'utilisation de la télévision, en l'utilisant comme Tinguely ses machines, il lui fait « faire des tours pour laquelle elle n'était pas prévue ». On retrouve ainsi une télévision face contre terre, en forme de lune, de ciel, de croix, ou plus connu, le célèbre TV Bra for Living sculptures (1969) : un soutien-gorge en mini téléviseurs montrant les images des premiers pas de l'homme sur la Lune. Le tout était porté par Charlotte Moorman, violoncelliste avec laquelle il a notamment réalisé L'opéra sextronique (1967) et TV Cello (1971), où elle jouait sur un violoncelle fait de télés. Suit la réflexion sur la télévision, qui était déjà à l'époque un objet presque culte dans les sociétés occidentales, dont une œuvre représentative est TV Buddha (1974) : une statue de Bouddha est installé devant une télé qui lui montre sa propre image, filmée par une caméra placée juste derrière, où l'on ne sait s'il se regarde ou s'il médite. Vient ensuite la "Family of Robot", où les robots sont en fait des humains faits en téléviseurs, des vieilles télés pour les grand-parents, du materiel high-tech pour les enfants ; et constituent des familles : la famille-robot, la famille-Paik, la famille-Antiquité et la Famille-Révolution (à laquelle appartient la célèbre Olympe de Gouges). Name June Paik travaille donc énormément avec des postes de télévision, il considère d'ailleurs que celle-ci ayant remplacé la cheminée dans les foyers, il est était logique de l'utiliser comme d'autres le feraient avec du marbre [2]. Il a commencé par explorer les limites de ces téléviseurs : il fut le premier à oser manipuler et jouer avec les électrons du tube cathodique (à l'aide d'un aimant, comme pour Magnet TV), à dérégler complètement et en profondeur le poste de télévision : il en tira les 13 Disotorded TV présentées à partir de 1963.[3]. L'artiste détourne l'utilisation de la télévision, en l'utilisant comme Tinguely ses machines, il lui fait « faire des tours pour laquelle elle n'était pas prévue ». On retrouve ainsi une télévision face contre terre, en forme de lune, de ciel, de croix, ou plus connu, le célèbre TV Bra for Living sculptures (1969) : un soutien-gorge en mini téléviseurs montrant les images des premiers pas de l'homme sur la Lune. Le tout était porté par Charlotte Moorman, violoncelliste avec laquelle il a notamment réalisé L'opéra sextronique (1967) et TV Cello (1971), où elle jouait sur un violoncelle fait de télés. Suit la réflexion sur la télévision, qui était déjà à l'époque un objet presque culte dans les sociétés occidentales, dont une œuvre représentative est TV Buddha (1974) : une statue de Bouddha est installé devant une télé qui lui montre sa propre image, filmée par une caméra placée juste derrière, où l'on ne sait s'il se regarde ou s'il médite. Vient ensuite la "Family of Robot", où les robots sont en fait des humains faits en téléviseurs, des vieilles télés pour les grand-parents, du materiel high-tech pour les enfants ; et constituent des familles : la famille-robot, la famille-Paik, la famille-Antiquité et la Famille-Révolution (à laquelle appartient la célèbre Olympe de Gouges).

     Puis l'intervention de l'art video avec le spectateur va devenir aussi existentiel pour certains artistes. On retrouve Dan graham qui par l'interface joue avec la camera et l'image de celui qui regarde.« L’œuvre est une structure vide, animée par la participation d’un public, elle n’acquiert vraiment sa raison d’être (et il ne peut en être autrement) qu’avec un public. »(2) Elle poursuit en cela les précédentes recherches de Dan Graham sur l’expérience perceptive, menées lors des performances et avec la vidéo. Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’une expérience contemplative dans laquelle le sujet perdrait la notion de sa propre identité, de son inscription dans un temps et un contexte social donnés. La matérialité de l’œuvre de Dan Graham renvoie le sujet à son acte de vision et à ce qu’il engage, dans une perception à la fois sociale et psychologique de lui-même et des autres. Il est tour à tour et simultanément, sujet perçu et sujet percevant, celui qui voit et celui qui est vu. L’artiste procède à une analyse des constructions idéologiques depuis les stéréotypes des médias (ses insertions dans les magazines) et de la culture (ses travaux sur l’art et la ville).

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Opposing Mirrors and Video Monitors on Time Delay

L’espace de cette installation est vraiment un élément fondamental au sens ou il ne suffit pas d’avoir un lieu d’exposition, ouvert et ample. Lorsque l’on rentre dans l’espace de l’installation, on semble intrigué et en même temps on obtient, quelque 8 secondes plus tard, la réponse.

Le spectateur participe de différentes manières dans cette œuvre. D’une part il agit dans l’espace et dans le temps et d’autre part il interroge le concept d’art, c'est-à-dire ce qui fait de l’installation une œuvre d’art. Ici, l’importance du lieu, de l’espace occupé par l’installation doit être pris en compte. En effet l’œuvre ne se présente pas à nous de la même manière qu’un tableau ou qu’une sculpture. Ceux-ci pourraient être exposés dans n’importe quel lieu, ils garderaient toujours plus ou moins d’autonomie dans l’espace, qui est séparé d'eux. La peinture par exemple, présente un espace artificiel et elle-même s’expose dans un espace réel qui n’est pas en continu avec l’espace qu’elle représente. Au contraire, chez Dan Graham, l’espace fait partie intégrante de l’installation. Le spectateur entre dans l’œuvre et a désormais un rôle participatif puisque ici il est filmé. Il est donc acteur de la vidéo et devient ensuite spectateur de lui-même, de son propre environnement espace/ temps, à savoir de son passé immédiat. En ce qui concerne les miroirs, ils semblent être ici plus une métaphore qu’un simple jeu de reflets. Je m’explique : lorsque l’on se reflète dans un miroir on établit une certaine distance avec lui. Ici on retrouve le même système : je me recule pour me voir, car collé au miroir il est impossible de saisir mon reflet et cette distance renvoie a la distance critique du moi, distance que j'établis entre ce que je pense de moi et le reflet que me renvoie la réalité. Quant à la vidéo, Dan Graham la différencie du film en ce qu’elle est un médium du temps présent. En effet, il explique que la vidéo est l’enregistrement directe du temps et de l’espace réel en continu, c'est-à-dire sans le découpage de scène dont a recours le film. Le film nous détache de la réalité présente et que la vidéo, qu’il compare à un miroir, peut procéder par une auto réflexion sur nos actes. Cependant il distingue quand même la vidéo et le miroir puisque le miroir est lié au temps et a l’axe spatial de celui qui perçoit alors que la vidéo peut être retransmise dans un autre espace temps et de ce fait établir une plus grande distance critique avec le sujet.

Lorsque l’on entre dans l’installation on se pose tout de suite des questions sur notre situation, sur l’espace et la disposition des éléments qui nous entourent etc. Ce n’est donc pas un rapport esthétique (le beau dans l'œuvre) que le spectateur est invité à entretenir avec l’œuvre mais un rapport essentiellement intellectuel. Elle pose des problématiques concernant le processus de notre approche de l’art. On peut donc considérer cette installation comme œuvre conceptuelle au sens large du terme puisqu’elle ne nie pas totalement l’aspect matériel de l’œuvre comme l’a pu faire Joseph Kossuth pour qui ce n’est pas la réalisation qui compte ni même les matériaux employé, mais simplement le concept, l’idée : c’est le discours sur l’art qui prime. Dan Graham, lui, a réfléchi sur le concept et l’a ensuite pensé en tant que réalisation en pensant les matériaux qu’il devait employer pour exprimer l’idée de départ et leur disposition. Avec l’art conceptuel, ce n’est donc plus la contemplation qui est mis en cause mais l’idée qu'on se fait de l’art. Le plaisir ne provient plus d’une chose belle qui se présente a notre vue mais de la découverte d’une idée de l’art a laquelle ont n’avait pas forcément pensé. L’installation est alors comparable à une expérience de mise en situation de nous même dans l’environnement de l’art. Elle nous interroge, nous spectateurs, sur notre position dans le monde de l’art et face à l’œuvre.

      De la même manière Bruce nauman fait des installations où il fait des sortes de vidéos suveillances, une caméra au plafond le spectateur ne se rend pas tout de suite compte qu'il est observer.

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« Live-taped Video Corridor »

il utilise l’esthétique de la caméra de surveillance (qui filme Bruce Nauman) pour déstabiliser le spectateur qui est face à son image réelle.

Le visiteur fait l'expérience perceptive d'une disharmonie entre sa progression et l'image contradictoire que lui en donne en temps réel un moniteur relié à une caméra de surveillance placée en hauteur à l'entrée du corridor.

         Pour finir voici un dernier exemple: celui de Peter Campus qui pareil en jouant avec vitre miroir et camera cherche à jouer de l'image du spectateur.

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A l'heure de la Télé Réalité et de l'engouement pour les webcams, l'installation Interface imaginée par Peter Campus en 1972 apparaît comme une pièce prototype et prémonitoire explorant la pulsion scopique d'un spectateur, pris dans le champ de caméra, soucieux de sa propre image.

L'élément principal d'Interface est une vitre, en forme d'écran, disposée au fond d'une pièce faiblement éclairée. Elle reflète d'une part l'image du spectateur à la manière d'un miroir, et fonctionne d'autre part comme un écran, permettant au visiteur de visualiser son image diffusée par une caméra.

Le visiteur est confronté simultanément à deux images de lui-même, l'une en positif - l'image vidéo - et l'autre en négatif - l'image reflétée par la vitre.
Tandis que la vitre renvoie une image en couleur aux contours bien définis, l'image enregistrée, projetée en noir et blanc, semble plus fragile, comme flottant dans l'espace. C'est en circulant devant la vitre que le visiteur est amené à déterminer l'emplacement exact à partir duquel ses deux images se chevauchent.

Voici quelques liens sur le debut de l'art video

http://stephan.barron.free.fr/art_video/60_passage_usa.html

http://www2.cfwb.be/lartmeme/no029/pages/page2.htm

2 décembre 2006

Matthiew Barney

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Ses premières œuvres s'inscrivent dans le droit-fil du body art et à partir de 1994, il fait appel à l'installation, au dessin, à la photographie, à la performance et à la vidéo.

Connu pour son cycle de cinq films, Cremaster réalisés de 1994 à 2002, dans lesquels il met en scène de manière surréaliste des danseuses, le Chrysler Building, des pilotes automobiles, etc et s'interroge sur la non-différenciation des sexes, les cyborgs une humanité mutante. Ces cinq films sont prédominés par l'utilisation de matières malléables comme le plastique, la résine, la cire. Cremaster est le nom du muscle qui, contractant les testicules sous l’effet du froid ou de la peur, protège les spermatozoïdes des variations de température.

Sa dernière œuvre, intitulée Drawing Restraint 9, est sortie au printemps 2006. Matthew Barney et sa compagne, la chanteuse islandaise Björk, sont les deux acteurs principaux du film, se déroulant sur un baleinier au Japon. Björk en a également composé la bande originale.

http://www.cremaster.net/

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